Mon boss est un léopard. En tout cas j’en suis (presque) sûr de Maje Adams

by Gwen

Titre Mon boss est un léopard. En tous cas j’en suis (presque) sûr

Auteur Maje Adams

Date de sortie 8 avril 2021

Un titre à commander ici Mon boss est un léopard. En tout cas j’en suis (presque) sûr

Il y a des auteurs dont j’admire la plume polymorphe (remarquez pour le titre dont on va parler, c’est plutôt un atout!).

Côté pile, Erin Graham, aux romances contemporaines puissantes et bouleversantes. Côté face Marie HJ qui accomplit la gageure de me convertir aux homoromances. Voici une autre facette avec Maje Adams qui s’attaque à la romance fantastique et au genre particulier des métamorphes.

Vous n’en êtes pas très familiers? Pas grave, ma dernière lecture du genre remonte à un peu plus de deux ans, c’est dire!

Mais la curiosité et une vraie confiance dans la plume de Marie/Erin/Maje m’ont incitée à foncer.

Le titre aussi? Assurément!

Et encore, vous n’avez rien vu! Attendez de lire le titre des chapitres, vous m’en direz des nouvelles. Autant annoncer certaines des couleurs de ce roman. Vous allez sourire, et rire, beaucoup! Je ne me remets toujours pas d’une discussion matinale sur les organes masculins! Vous allez ronronner de plaisir, feuler de désir, et gronder de frustration.

Mais parce qu’il est des points forts qui ne changent pas, vous allez, presque malgré vous, entrer dans le cœur de nos personnages, avec leurs doutes et leurs failles et vous confronter, sans doute, à des interrogations qui dépassent le simple cadre de la romance ou de la littérature à métamorphe. Mais commençons par le commencement!

Victor Legrand est ce que l’on appelle communément un original. Au lieu de se conformer à la tradition familiale de professions respectables, ce grand adulescent cumule les froncements de sourcils paternels. Il cohabite avec trois garçons hauts en couleur, Bobby, Marius et Alexandre avec lesquels il partage un humour potache, des problèmes de partage de salle de bains, mais aussi deux passions, celle pour les Marvels et surtout leur association non officielle, celle des amis des métamorphes et mutants en tous genres.

Ça vous fait sourire? Tsss esprits étriqués que vous êtes. Ne vous êtes vous jamais demandé si votre boulangère n’avait pas de dons de télékinésie? Vraiment? Et vous allez me dire aussi que vous n’avez supposé que votre boss soit un léopard!

Sérieusement? Pas un seul tout petit instant?

C’est bien dommage pour vous. Pas pour Victor qui, lui, est persuadé que Leo Clawer, son patron depuis trois ans et directeur d’À toutes griffes, une entreprise spécialisée dans les produits à destination des félidés, en est un, de félidé. Et pas n’importe lequel. Un léopard qui hante ses rêves et auquel il cherche constamment à tendre des pièges pour mettre en lumière sa vraie nature.

C’est ainsi que des boules de laine et deux mainates encombrent le bureau du dirigeant, à la plus grande incompréhension d’Amandine Lampion, sa soeur et assistante, mais aussi de ses amis et associés, Sylvester Standalone, Rick Jagger ou Steeven Reagal. Ces noms ont un goût de déjà vu? Attendez de rencontrer Sylvetté Rinaire et vous comprendrez que Maje s’est beaucoup amusée à écrire ce roman.

Mais Victor et sa curiosité ne sont pas les seuls soucis de Léo qui se retrouve aussi confronté à une mystérieuse Agence Gouvernementale des Affaires Vétérinaires qui traine sa curiosité avec un peu trop de régularité.

La fine équipe d’à toutes griffes est-elle composée de Therians comme semble le supposer Clara Rasdec, chef de file de l’AGAV?

Et comme si ça ne suffisait pas, Léo doit aussi gérer l’effet un peu trop animal que lui fait Victor. Car le patron et l’assistant sont irrépressiblement attirés l’un par l’autre.

Pourtant tout les oppose. Le statut social, le peut-être statut métamorphe mais aussi les tempéraments. Si Léo, en chef de famille, est toujours -ou presque- posé et réfléchi, Victor est à l’exact opposé. Il parle sans filtre, surtout sous le coup de l’émotion, ce qui engendre des seconds degrés savoureux. Il ne manifeste pas l’ambition prônée par son père mais se contente tout à fait de son poste d’assistant qui lui permet de faire des pyramides de super gobelets et de mater YouPorn sans trop de difficultés, du moment qu’il tolère les babillages de Célimène et ses tentatives pour aguicher le big boss.

Quoique. Sur ce dernier point, Victor est capable de sortir les griffes.

Une grande partie du roman est consacrée à cette attraction qui saute aux yeux mais que chacun combat à son tour pour des raisons personnelles et respectables.

Avec le talent déjà largement reconnu, Maje joue avec nos nerfs et décrit à la perfection l’étrange valse de l’attraction, une sorte de Madison un pas en avant deux pas en arrière qui m’ont fait gronder de frustration.

Mais l’histoire aborde également d’autres thèmes. Bien évidemment, parce que c’est un roman de métamorphes à part entière, il y a de nombreux éléments sur ce sujet et j’ai beaucoup aimé l’angle d’attaque de l’autrice, en particulier la cohabitation des différentes personnalités. Si l’on veut lire entre les lignes, on trouvera, évidemment, une dimension universelle à ceci. Chacun a deux faces, deux personnalités, une lisse, sous contrôle, celle qu’on donne à voir aux autres, mais aussi une autre, plus animale, moins policée, celle qui prend le dessus quand les émotions et les pulsions débordent, celle qu’on ne peut montrer qu’à ceux en qui on place la plus totale confiance.

Comme souvent, Maje/Marie/Erin met aussi à profit son récit pour apporter des thèmes plus profonds.

J’ai été touchée par ses réflexions sur la famille. Si Léo fait passer le bien être de la sienne avant tout le reste, la coloc ressemble à une famille de cœur, avec ses chamailleries et ses grands moments de solidarité. Chacun y a son rôle, mais lorsque les uns ou les autres prennent la parole loin des moments loufoques -quoi que ceux-ci ne soient jamais loin- on ne peut qu’être émus de cet amour quasi-fraternel qui soutient, secoue, raisonne et donne des clefs.

Ces deux tribus entrent bien sûr en collision avec la relation que Victor entretient avec ses parents. Je l’ai trouvée poignante, pour d’autres raisons, qui renvoient à plusieurs des titres que j’ai déjà lus sous différents noms et parlent à ma sensibilité, parce que notre plume trois-en-un sait tellement bien parler de la pression, consciente ou non, que la famille peut faire peser, par ses attentes, par ses regards qui en disent long, par son soutien ou au contraire sa condamnation.

Et Victor au milieu de tout ça? Si Léo est l’argument charme et chic de cette romance, Vic en est certainement le ticket choc.

Ses mots et ses maladresses m’ont percutée de rire. Ses doutes m’ont cueillie à froid et donné envie de lui trouver la collection la plus rare des Marvels. Sa résolution est une belle leçon de courage et d’évolution qui montre que, quel que soit la route qu’on croit tracé pour soi, il existe toujours des chemins de traverse, pour qui saisit son courage à demain.

Se laisser porter par une tyrollienne au-dessus du vide? Exposer son talent à la vue de tous? Séduire son patron et lui avouer qu’on le prend pour un léopard?

Chacun place le courage à sa mesure. Le tout, c’est de faire son choix.

Vic comme Vic Time ou Vic Toire. Ce sera ton choix.

Un choix que je vous invite à découvrir et qui confirme que, si telle est l’une des nouvelles cordes à son arc d’autrice, Maje Adams a su en décocher de très belles flèches. Et que, l’entourage de Leo et Vic est bien assez grand pour proposer d’autres terrains de jeux … une idée jetée là à tout hasard

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