Parti en fumée de John Marrs

by Gwen

Titre Parti en fumée

Auteur John Marrs

Éditeur Thomas & Mercer

Date de sortie 21 juillet 2020

À commander ici Parti en fumée

Un titre découvert grâce à Netgalley et à l’éditeur.

Qui n’a jamais rêvé, même un instant, de pouvoir du jour au lendemain disparaître, fuir son quotidien, les obstacles de sa vie, professionnelle ou personnelle?

C’est de ce point de vue que démarre l’histoire contée par John Marrs.

Simon Nicholson est un père de famille britannique dont la vie semble a priori sans histoire, malgré le drame qu’on devine dans sa vie.

Un travail enrichissant, une maison aménagée avec soin comme un projet de vie avec sa femme Catherine, trois enfants aimants… et tout un tas de raisons qui font qu’un jour, il décide de disparaître.

Le suicide? Il y a pensé, avant de reculer, chaque fois, au dernier moment. Reste la disparition.

Elle est nette, brutale, sans indication pour ses proches qui passent par toutes les hypothèses.

Et si, pour Catherine, le premier réflexe est de sombrer, il faut tenir la tête hors de l’eau, pour ses enfants qui n’ont plus qu’elle et méritent de garder le peu qu’ils ont et même d’avoir une belle vie comme une revanche sur cette absence.

Mais vingt-cinq ans plus tard, alors que Catherine a avancé, un homme frappe à sa porte.

–BonjourKitty, ça fait longtemps.

Elle était déroutée. Personne ne m’a jamais appelée Kitty, à part mon père et …

Partant de ces étranges retrouvailles hors du temps, dont il faut un temps certain pour comprendre la motivation, l’auteur divise le récit en trois axes: le compte à rebours depuis ce fameux jour, vu par l’oeil de Simon et par celui de Catherine, et le retour au présent.

Ça pourrait être complexe à suivre. C’est au contraire extrêmement bien mené. J’ai parfois eu l’impression de retrouver, au moins dans l’ambiance, une enquête policière.

Chacun, dans une longue confession sous forme de monologue, prend à rebours le fil de l’enquête que l’autre a, ou aurait pu, mener sur lui.

Et le choc est violent.

On assiste, sans fard, à la descente aux enfers de Catherine, à tous ses doutes, aux interrogations qui ont miné sa vie avant que, finalement, les circonstances ne l’obligent à aller de l’avant.

J’ai ressenti beaucoup d’empathie pour sa force et les chances qu’elle va savoir saisir, peut-être mieux que si elle était restée engoncée dans son quotidien sans question.

De son côté, Simon raconte, sans émotion particulière et même avec un certain cynisme -en tous cas, c’est ainsi que je l’ai ressenti- sa perpétuelle fuite en avant, ses rencontres, ses projets, ses coups de bol et aussi tout ce qu’il a fallu accomplir de sombre et de peu moral pou accomplir son destin.

Autant j’ai ressenti une certaine affection pour Catherine, autant j’ai eu beaucoup de mal à comprendre les justifications de Simon, malgré les révélations des derniers moments que, bien sûr, je ne partagerai pas !

J’ai surtout été gênée de la façon froide et méthodique dont il a purement et simplement rayé sa vie d' »avant » pour vivre selon ses envies. Cette sensation est d’autant plus forte lorsque, à certains moments de leurs récits croisés, on vit en parallèle le désespoir d’un premier Noël et le réveillon paisible qui s’y oppose.

Cette sensation a été accrue lors du premier anniversaire de la disparition de Simon.

Au total, j’ai lu le témoignage croisé des deux protagonistes avec un vrai parti pris en faveur de Catherine. J’ai visualisé son incompréhension, sa colère aussi et j’ai eu souvent envie, moi aussi, de prendre la défense de la famille abandonnée, notamment de Robbie, le fils cadet, lourdement impacté.

Mais la vie suit son cours, la roue tourne, avec son lot de hasards tantôt dramatiques, parfois savoureux, pour amener Simon et Catherine exactement là où ils sont, ving-cinq ans plus tard, dans cette maison qu’ils ont rêvée, construite et qui a finalement été le théâtre de leur destruction.

En conclusion, je dirais que j’ai beaucoup aimé ce livre. J’ai adoré me retrouver dans la tête des deux protagonistes, de suivre leur parcours. Le rythme de la narration, que je craignais trop embrouillé, s’est révélé être un vrai plus.

L’histoire est complexe, prenante. Les récits des voyages de Simon s’opposent au morne quotidien de Catherine, dont elle a su tirer le meilleur et même plus.

Et si la personnalité de Simon reste encore énigmatique, après la lecture de la dernière page, j’ai aimé la façon dont l’auteur s’est attaché à dépeindre la psychologie des personnages, faisant de leur vie ordinaire quelque chose de bien plus grand.

Je ne connaissais pas la plume de John Marrs, mais après cette première lecture, il va rejoindre sans conteste la liste de mes auteurs à suivre!

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