Le goût de nos rêves d’Emma Green

by Gwen

Titre Le goût de nos rêves

Auteur Emma Green

Éditeur Éditions Addictives

Date de sortie 27 avril 2023

Un titre à commander ici Le goût de nos rêves

Il y a quelque chose de confortable et parfois de troublant lorsqu’on aborde, une nouvelle fois (la trentaine, à peu de choses près) un nouveau roman d’Emma Green. Confortable parce que l’on se retrouve en terrain de connaissances avec même, qui sait, un petit rappel d’autres personnages de l’univers greenesque; troublant parce que, chaque fois, on se demande si la magie agira encore une fois ou si, qui sait? on va se retrouver dans la lecture de trop? ou du moins celle qui ne nous séduira pas autant que les autres.

Rassurons-nous, ce n’est pas encore pour cette fois!

Les fidèles de ce blog le savent, je n’ai jamais, je crois, raté une seule des sorties du duo phare des Editions Addictives. Autant vous dire que j’attendais avec impatience la sortie de ce nouveau roman -un one shot mais qui donnera lieu, qui sait, à un spin-off (un appel du pied, moi? absolument) -Le goût de nos rêves.

Ce roman nous entraîne à Paris, dans une sorte de visite guidée menée tambour battant par Olympe et Salomé, régulièrement rebaptisées Ouef de Lump et Salami. Oui, d’emblée, le ton est donné, cette romance a des accents de comédie romantique qui ferait les délices de nos téléfilms de l’après-midi. Premier point positif, ne vous attendez pas à retrouver les seuls clichés parisiens, mais à vous perdre dans le dédale des petites rues et des quartiers cachés qui donnent leur charme à la capitale, au milieu des touristes et des habitués. Ne soyez même pas surpris de croiser une Juliette chantante entre deux petits clins d’œil pour Greenies initiées.

Les deux jeunes femmes sont comme ces sœurs de cœur qu’on se choisit en marge de sa famille officielle ou pour oublier que celle qu’on a ne nous convient pas ou qu’on n’en a plus vraiment.

Olympe est la seule fille, imparfaite, d’une fratrie parfaite issue du métissage d’un père martiniquais et d’une mère blonde comme les blés. Si ses trois frères aux prénoms mythologiques ont tous réussi selon les critères de leurs parents -l’excellence, encore et toujours et surtout pas de vagues! Olympe fait figure de vilain petit canard. Diplômée d’une prestigieuse école de cuisine, elle n’a jamais pu percer. Sa « faute » être une femme, de couleur et avoir cru au mauvais conte de fées.

Depuis, la prodige de la cuisine, qui mêle créativité et rigueur, vivote de petits boulots mal payés en tâches esclavagistes où elle reste trop femme, trop colorée.

Son alter ego, Salomé, a également traversé son lot de misères. Une maman partie trop tôt, un père trop absent, un frère qui est parti à l’autre bout du monde dès ses dix-huit ans arrivés.

Pas grave, la famille c’est celle qu’on se crée -comme souvent chez les Emma Green- dans une coloc aux règles simples, sans hommes, sans animaux mais avec une belle dose de bonne humeur, des raclettes au milieu de la nuit et une orgie de chaussures en 38.5.

Autant dire que lorsque l’enfant prodigue, Simon, revient au pays sans trompettes ni tambours mais avec insolence et une bonne dose de mépris pour les règles de la -très légèrement- psychorigide Olympe, ça risque de faire des étincelles.

Les deux antagonistes de ce roman sont passionnés, entiers, manient l’humour acide, la vanne sucrée et les rapprochements salés avec la même maestria qu’ils utilisent leurs ustensiles de cuisine. À eux deux, ils préparent un menu au goût de nos rêves. En entrée, un slow burn mijoté façon agneau de 7 heures, avec saisie à feu vif et rafraîchissement dans un grand bac glacé de volte-face et de retours en arrière. En plat, un one-pot-pasta de folie et de sentiments sincères. Vous connaissez le principe? On met tous les ingrédients ensemble, on laisse cuire et hop on se régale. En dessert? Un mystère yuzu-agrumes, comme celui qui entoure le passé de nos deux terribles.

Il faut dire que Simon est nimbé d’un voile de secrets qu’il préserve jalousement pour ne blesser personne et dont il ressort comme le grand perdant.

J’ai dévoré ce nouvel Emma Green qui réunit tous les ingrédients que j’aime.

On y retrouve un ton léger avec une pointe de délire. Si la Vie en vrai, le dernier Emma Green en date, m’avait séduite par son ton lourd, (chronique ici https://melimelodegwen.fr/la-vie-en-vrai-d-emma-green/ ), ici on renoue avec les ambiances plus claires, mais pas sans fond qui permettent d’ouvrir et de refermer ce livre sur un sourire, même si les yeux ont picoté par moments.

L’histoire fait intervenir un de mes décors de prédilection, une colocation déjantée où on dégaine du Céline Dion aussi vite que des petits plats et une paire de Converse à semelles compensées. Autour de Salomé et Olympe, ça va, ça vient, entre une Djette péroxydée et des passagers clandestins qu’on a bien du mal à repousser.

On se construit dans une famille de cœur, fiable et solide, mais aussi, parfois, on trouve une très belle surprise qui jaillit de ceux que l’on n’attendait pas. La solidité de cette affection est le plus précieux des biens, plus importante qu’aucun mec, qu’aucun frère. Elle est un fondement essentiel de la vie de nos personnages ce qui la rend d’autant plus précieuse.

Cette légèreté toute printanière ne doit pas faire oublier que des thèmes lourds abordés, l’air de rien. S’ils ne sont pas vus par le même prisme que chez Louve, ils n’en demeurent pas moins une fenêtre ouverte sur les injustices du moment. Les auteures font le choix de ne pas explorer tous ces thèmes en profondeur, sans doute pour ne pas alourdir excessivement la tonalité de ce roman. C’est peut-être pour cette raison que le personnage d’Azad m’a un peu laissée sur ma faim. À moins qu’il n’y ait une idée pour plus tard -je dis ça, je dis rien bien sûr!

Bien entendu, impossible de finir cette chronique sans évoquer la romance, romance sexy, piquante et frustrante qui donne sacrément chaud! Spicy, vous avez dit spicy ? Une fois de plus, Emma Green excelle dans le registre des ennemies to lovers qu’on a bien envie d’enfermer dans une chambre froide jusqu’à ce qu’ils résolvent leurs différends. Quoique, la cuisine d’un restau bistronomique, c’est pas mal non plus!

Vous l’aurez compris, ce « goût de nos rêves » a le parfum de la comédie romantique réussie, le piquant d’une romance semée d’embûches et l’ingrédient secret des secrets à dévoiler. La parfaite harmonie des saveurs!

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