Section Némésis tome 2 de Charlie Genet

by Gwen

Titre Section Nemesis tome 2 Les ténèbres du Déchu

Auteur Charlie Genet

Éditeur Éditions Elixyria

Collection Elixyr of Moonlight

Date de sortie 5 juin 2020

Un titre à commander ici Section Nemesis 2 ou sur le site de l’éditeur en profitant des offres du moment

Après quelques mois loin de l’Alaska et de la Section Nemesis, me revoici en plein cœur du parc national de Kenai.

Les héros, je les connais pour avoir déjà lu le premier volet (en cas de besoin d’une petite piqure de rappel, la chronique est ici https://melimelodegwen.fr/section-nemesis-tome-1-le-choix-du-succube-de-charlie-genet/).

Dans ce volume, il est question de Sean Timber, le chef de la section, partagé entre sa volonté absolue de protéger sa tribu et son besoin vital de retrouver et d’anéantir Jake Woodstorm et ceux qui l’ont aidé à « former » à grand renfort de tortures morales et physiques tous ceux qui forment la Section Nemesis.

Le tout en gardant intacte sa couverture de ranger et en escortant des touristes plus ou moins téméraires dans son refuge.

Déjà un programme à temps plein me direz-vous? Sans doute. Pourtant, ce n’est pas tout. En effet, Sean lutte au quotidien pour maintenir l’équilibre. Entre les membres de son groupe, assurément. Entre la part démoniaque et la part d’humanité de son âme de déchu. Mais surtout entre sa raison et sa passion.

En effet, Sean a identifié son âme sœur. À vrai dire, le monde étant petit, même chez les êtres surnaturels, il n’a pas eu à la chercher très loin. De l’autre côté de l’Atlantique tout de même, mais très près de son propre cercle. En effet, c’est Chann Le Martèle, la meilleure amie d’Eve, la nouvelle recrue du tome 1, Ondine de son état.

À la différence de son amie, Chann a toujours eu conscience de qui elle était. Elle est également bien plus libérée sur le plan sentimental ou sensuel. N’a-t-elle pas été, pendant un long moment, l’amie avec avantages de Damian Taner, le frère jumeau de Luc, métamorphe comme lui?

Mais ça, c’était avant de rencontrer Sean et de se rendre à l’évidence. Son âme sœur, c’est lui. Celui vers lequel tout la pousse alors même que, au contraire, le déchu tente par tous les moyens de garder des distances nécessaires à son contrôle.

Mais peut-on lutter contre la destinée? Est-ce une raison pour céder à une passion dévorante qui risque bien de dévorer tout le contrôle que Sean s’efforce de garder, de nuire à ce qui fait son efficacité de leader et d’offrir à Woodstone ce qu’il attend, un levier de pression pour reprendre le contrôle.

À l’instar du premier volet, celui-ci mêle avec beaucoup de talent une enquête pleine de suspense, celle qui va mener la Section Nemesis sur les traces de ceux qui ont utilisé leur inhumanité pour en faire des monstres et une quête plus personnelle, celle du chemin très personnel entre passion et raison, entre le choix et l’inévitable.

Le tout est servi par une écriture impeccable, un sens du rebondissement et un dosage parfait entre tous les aspects de l’histoire.

Et je ne vous parle même pas de la bouillantissime sensualité qui est à l’œuvre entre les différents protagonistes.

Sans vous en dévoiler plus que nécessaire, je vous dirais pourquoi j’ai aimé ce roman.

D’abord, il est la suite du réveil du succube et donne de fait un certain nombre de réponses qui nous manquait. À l’opposé, il pose aussi de nouvelles questions, de celles qui donnent une envie furieuse de poursuivre sa lecture sur les deux volets restants.

Ensuite, il permet de retrouver les protagonistes déjà rencontrés comme si on les avait quittés la veille.

Le ton et l’atmosphère suivent une très belle continuité, celle du temps qui passe, renforce et construit.

Il confirme à quel point on s’est attaché à Clovis, Ethan, Eve, Luc, Amy et Arthur, mais aussi Damian. Certains rebondissements n’en sont que plus puissants. J’ai surtout aimé cette impression, moi aussi, de me retrouver dans une des chambres de la « Mine » avec ces drôles de Sept nains. Quand on se souvient qu’un géant fait partie de la section, pas sûre que l’image soit la plus pertinente, mais qu’importe!

S’il est fortement recommandé de lire le premier volet avant d’attaquer celui-ci, l’autrice prend tout de même le soin de replacer avec délicatesse chacun dans ses qualités propres. Et parce que la dame n’est pas radine, elle nous ajoute même des soigneuses et des prophétesses, les puissantes et craintes sybilles. Vous l’aurez compris, ce sont autant de personnages nouveaux à découvrir. Ne sont-ils que des passages dans l’histoire, des futurs personnages récurrents? Rendez-vous au prochain épisode.

D’autant que Charlie Genet dessine les prémices d’une nouvelle génération en cours de formation; pour le meilleur? Pour le pire? Je ne doute pas que les prochains volets renforceront les pistes déjà lancées.

De plus, j’ai aimé ce roman pour sa part mystérieuse.  Le premier volume nous avait fait connaître Woodstorm et sa folie destructrice. On avait eu également l’occasion de croiser sa femme et son bras droit. Ils sont de retour dans ce nouvel opus, à la fois fantômes insaisissables et êtres furtifs capables de sortir de leur tanière pour frapper vite, fort, et placer des pions dont on n’a pas toujours conscience dans l’instant. Bravo pour le beau travail de montage dans le scénario du roman.

Ici, la traque occupe une partie du récit. Elle implique la nécessité de comprendre les buts de chacun, pour essayer de prévoir leur prochain coup. Pas simple, surtout quand l’autre camp peut prévoir l’avenir. Mais on fonctionne avec les atouts du bord: la solidarité, la patience, la parfaite connaissance de chacun de ses compagnons, de ses forces, de ses faiblesses, de ce qui peut le faire disjoncter. Il faut dire que les raisons sont nombreuses de perdre pied et que nos héros ne sont guère épargnés dans leur selfcontrol.

Les lecteurs non plus, de fait. À plusieurs reprises, les thèmes abordés m’ont touchée dans mes propres faiblesses et ont fait bouillonner mon sang. Alors imaginez ce que ça donnerait pour des personnages disposant de pouvoirs particuliers et d’un entraînement qui en a fait des machines à tuer avant d’en faire des êtres dotés de sentiments positifs.

C’est l’un des ressorts de ce roman, au-delà de l’urban fantasy parfaitement maîtrisé. Comment aimer un autre lorsqu’on ne s’aime pas et que l’on ne se sent pas digne d’être aimé. Pire, quand on est persuadé de n’être qu’un vecteur de malheur et de destruction.

Peut-on croire que l’amour de l’autre, sa lumière, sa compassion pourront agir comme autant de contresorts ?

Car tu es mon âme sœur et que je dois te protéger ou j’en crèverai!

Si dans le contexte du roman, ce questionnement s’adresse à la part démoniaque de Sean, je n’ai pu m’empêcher de le transposer à tous ceux qui, pour de multiples raisons, se sentent indignes de toute pat au bonheur. Et ce petit écart dans ma lecture m’a rendu le déchu plus cher encore -ce qui n’était pas nécessaire.

J’étais déjà fan de son apparente maîtrise et de ses qualités de chef. J’ai été touchée de le découvrir pétri de doutes, capable de perdre les pédales à force de lutter contre lui-même. J’ai été émue, justement, par cette lutte entre l’envie, le désir, la passion et tous les impératifs -justifiés- que sa raison lui impose.

Ce combat moral est l’un des éléments marquants du roman. Charlie Genet l’exploite avec subtilité et force pour en faire un axe très fort de la lecture.

Mais une belle romance implique forcément deux personnages de grande ampleur. Là aussi, carton plein! J’avais gardé une image un peu superficielle -du moins en apparence- de Chann, plus préoccupée de sa prochaine conquête que du reste de sa vie. Ça, c’était avant de savoir l’un des grands impératifs de son existence et d’avoir une idée de ses propres qualités. Ce tome m’a donné plus d’affection encore pour l’Ondine, dont j’ai admiré le franc parler, l’ingéniosité, la bonne dose d’impulsivité parfois inconsciente et la force de caractère.

Certains passages lui permettent de sublimer ses qualités, surtout lorsqu’elles se développent dans un contexte où notre héroïne admet ses angoisses, ses doutes, sa terreur.

Toute la force de ces portraits nous offre une histoire palpitante, pleine d’humanité même dans les heures les plus sombres, un roman sensuel et haletant.

Bref un deuxième volet qui n’a rien à envier au premier et me donne déjà une furieuse envie de découvrir la suite, d’autant que les pistes qui ont été amorcées sont des plus intrigantes.

Encore une fois, un très bon signe dans l’optique de la suite!

 

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