Dusk Till Dawn de Karyn Adler

by Gwen

Titre Dusk till dawn

Auteur Karyn Adler

Éditeur Kyrro Editions

Date de sortie 23 septembre 2022

Un titre à commander ici Dusk till dawn ou sur le site de Kyrro https://kyrroeditions.com/index.php/produit/dusk-till-dawn/

Quand on a planifié toute sa vie, tout mis en œuvre pour plaire à tout le monde, à commencer par celui qu’on doit épouser dans quelques jours, quand tout s’effondre en une minute, pire que ça quand le mufle, malotru, goujat, connard, allons-y carrément, vous retourne la faute en vous accusant de ne pas être « satisfaisante » il y a de quoi être déstabilisée, non?

C’est exactement ce qui arrive à June, l’héroïne de ce « nouveau » roman de Karyn Adler. Pas totalement nouveau parce qu’il était déjà sorti en 2020 mais totalement nouveau pour moi qui n’avais pas eu l’occasion de le lire. Lacune réparée. Et quelle réparation!

Passons rapidement sur les deux écrins de cette histoire, le titre et la couverture. Le premier renvoie à un morceau que j’ai fredonné pendant des heures entières, quant à la seconde!! une pure merveille qui attire l’œil par sa palette de couleurs et l’image sensuelle qui honore le titre. Un petit bijou.

Mais revenons à l’essentiel et l’histoire que nous a concocté Karyn.

June travaille dans le monde de l’édition, de la romance même. Tiens, nous sommes en territoire connu!

Elle a toujours rêvé sa vie parfaite. Un amour unique, un mariage en blanc avec un superbe buffet et un gâteau  à étages, une petite maison, deux enfants, pourquoi pas un chien? Alors certes, pour les beaux yeux de Denis, elle a peu à peu gommé sa personnalité jeans et converse pour des tenues plus féminines. Certes, elle fait passer ses envies après celles de l’Homme. Certes, elle est prête à tous les sacrifices pour accomplir son rêve parfait.

Mais découvrir, à trois semaines du jour J, que le prince charmant est un crapaud baveux! Apprendre que son rêve parfait n’est qu’une chimère? Pire, s’entendre dire que si Monsieur trempe son biscuit ailleurs, c’est parce qu’elle n’est pas « satisfaisante »? Je vous avoue que j’en suis venue à exécrer ce mot.

La pauvre June, elle, n’en est pas encore là quand elle échoue avec ses larmes et ses Converse chez sa meilleure amie Zia.

Une amie, une confidente, celle qui est toujours prête à prêter une chambre, une oreille et un bout de cœur à son amie affligée. Pourtant, selon la pétillante Zia, la trahison de Denis, c’est un mal pour un bien. Certes, June souffre (ça c’est le mal) mais elle va pouvoir apprendre à vivre pour elle-même, rencontrer des gens, s’affirmer, devenir enfin la femme qu’elle mérite d’être.

Sur le papier, c’est un plan en or. Oui mais … le « insatisfaisante » de l’autre malotru mufle goujat -tu te répètes Gwen- flotte comme le sale relent d’un échec annoncé. Avant de séduire les autres, June doit se satisfaire elle-même, se prouver que le problème ne venait pas forcément d’elle mais qu’elle est capable de vibrer, ressentir, exiger et se donner sans entraves.

Plus facile à dire qu’à faire, n’est-ce pas?

Heureusement, Zia a, une nouvelle fois, une idée en or. L’Aphrodite.

Lieu de plaisir et de rencontres éphémères, temple des désirs et funérarium des tabous. Exactement le type d’endroits où June n’aurait jamais imaginé mettre un orteil. Exactement le lieu qui lui faut.

D’autant que, loin d’être le lieu glauque et décadent de ses pires craintes, l’Aphrodite est un établissement safe et secure, géré de main de maître par Madame M.

Moïra est une femme surprenante, pleine de contrôle mais également à l’écoute qui veille au bien-être de chacun et à la satisfaction de tous. Elle garde un œil sur tous ses habitués, mais aussi sur les nouveaux. Et les nouvelles.

Surtout, elle se prend d’affection pour cette jeune femme à qui tout devrait sourire sauf les blocages qu’elle s’impose.

Aussi décide-t-elle de lui organiser une initiation en douceur. Marlow, Denton, Riley … trois facettes de la séduction masculine. C’est au troisième, peu enthousiaste au départ, qu’elle confie cette mission périlleuse.

Ramener une jeune femme sur le chemin de l’acceptation, lui apprendre le plaisir et au-delà de simples rapports charnels, lui ouvrir les portes du reste de sa vie.

Si vous imaginez que l’histoire va se réduire aux murs épais de l’Aphrodite, vous faites fausse route, évidemment. Mais pour l’instant, il faudra se contenter de ça et de mon avis.

Mon avis? Oh là là, par où commencer?

Par le fait que j’ai aimé, adoré, hyperventilé, retenu mon souffle, vibré, tremblé et tout l’arc-en-ciel des émotions fortes.

J’ai beaucoup aimé les personnages de cette histoire. Zia est exactement le type de meilleure amie dont on rêve. Elle apporte à ce roman le piquant et la touche de légèreté, le coup de pouce et le coup de poing. Bref, elle est un équilibre, précaire peut-être vu sa propre façon de mener sa vie mais un équilibre tout de même.

Même coup de cœur pour Moira et Jodie sa barmaid. On pourrait avoir une opinion faussée de ces femmes vu leur domaine de compétences. J’ai trouvé au contraire deux personnages pétris de psychologie et d’attention, capables de rassurer une June tremblante ou de temporiser un Riley débordant. J’aurais bien aimé en savoir davantage sur elles, sur leurs motivations et leur parcours -oui, je sais, je suis gourmande.

Mais le cœur de l’intrigue, c’est bien sûr le duo June/Riley.

Honneur aux hommes. Dans les premières pages, j’ai craint de ne pouvoir m’attacher à Riley. Je l’ai trouvé cynique, tellement en phase avec sa façon de passer ses nuits que je voyais mal comment il allait évoluer. C’était oublier que Karyn Adler est aux commandes et qu’elle a une forte qualité pour créer des personnages bien plus profonds qu’il n’y paraît. Ainsi en est-il de Riley, déstabilisé par l’inattendu, surpris par l’impensable, piégé par l’imprévu. J’ai adoré le voir se débattre avec la situation sans parvenir à en tirer les conclusions qui s’imposaient.

Et que dire de June? Le premier réflexe serait de la plaindre, de la voir comme une petite chose fragile. Elle l’est, parfois, parce que le mufle, malotru -vous avez compris l’idée- a tapé au plus profond d’elle-même, dans sa confiance en elle, en sa capacité à séduire, à retenir l’attention, l’intérêt et à plus forte raison la fidélité d’un homme.

Et c’est là, à mon sens, le cœur de cette intrigue. Se découvrir, soi et ses désirs, n’est qu’une étape primordiale et pourtant presque annexe de la reconstruction de la vie de June.

Jusqu’alors, elle ne se posait pas de question, suivant sa voie toute tracée. Désormais, elle n’est plus que doutes et questions, craintes et hésitations.

Sa métamorphose à l’Aphrodite déteint sur sa vie à l’extérieur mais, comme tout apprentissage, celui-ci ne se fait ni sans accroc ni sans retour en arrière. C’est dans ces moments que j’ai trouvé June particulièrement touchante -et Zia incroyablement précieuse.

La métamorphose de June passe par la découverte de ses désirs, ce qui fait de ce roman une histoire particulièrement sensuelle et brûlante. Mais la vie se déroule aussi hors les murs et le choix que Karyn Adler a fait pour pimenter son intrigue donne un équilibre subtil.

On suit avec espoir le parcours de June, on s’émerveille de ses progrès, on l’accompagne dans ses doutes, le tout avec une appréhension des plus légitimes … et dont bien sûr je ne vous dirai rien.

Pour conclure, j’ai retrouvé ici avec plaisir la plume de Karyn Adler, sa délicatesse pour décrire les cœurs qui doutent et qui souffrent, sa puissance pour établir une atmosphère opulente de sensualité et ce subtil dosage entre sourires et cœur serré, à l’image de la vie.

Et si je vous dis en plus que le deuxième volet (totalement indépendant) de l’Aphrodite est attendu tout bientôt … on connaît l’une de mes prochaines destinations livresques.

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