Tsahan d’Alex Parker

by Gwen

Titre Tsahan

Auteur Alex Parker

Date de sortie 27 mai 2020

Un titre à retrouver en cliquant ici https://amzn.to/2MDDQ5j

Il y a bientôt deux ans que j’ai découvert l’écriture riche et prenante d’Alex Parker, lors de la sortie des deux tomes de l’excellente Liturgie des anges (voir les chroniques ici https://melimelodegwen.fr/2018/09/02/la-liturgie-des-anges-tome-1-lidiosyncrasie-dalex-parker/ et là https://melimelodegwen.fr/2019/04/22/la-liturgie-des-anges-tome-ii-le-tombeau-de-lhumanite-dalex-parker/)

Par-delà la qualité du scénario et le talent de narrateur de l’auteur, j’ai alors été séduite par l’écriture riche au service de l’histoire.

Aussi lorsque j’ai appris la sortie de Tsahan, que j’en ai vu la couverture, lu le résumé, j’ai craqué.

Et si ça n’avait pas été le cas, le teaser proposé par l’auteur aurait fini d’emporter la décision https://www.youtube.com/watch?v=HCwQU10u9_E

Tsahan nous emporte dans une histoire fantastique. Tsahan, c’est une planète recouverte de forêts denses et de plans d’eau miroitante aux vertus multiples. C’est une nature luxuriante qui, grâce à sa richesse se charge de luminescence la nuit. Les animaux y sont impressionnants, pour leur liaison avec certains habitants tout autant que pour la force de défense brute qu’ils représentent. La nature produit le Féei, des microparticules qui protègent Tsahan de tout et de tous. Nul autre que le peuple primitif de Tsahan ne peut y survivre, mis à part dans les hautes plaines de Tarega, hors d’atteinte des particules.

Ce décor qui pourrait faire penser à Pandora, la planète rêvée d’Avatar, a tout pour faire rêver.

Ça pourrait. Sauf que, ….

Sauf que la planète se divise en deux mondes. Le monde du dessus, Elest, est celui de la civilisation moderne. Installé dans la haute plaine de Tarega, il est formé par un peuple arrivé des cieux depuis des siècles, dirigé par six Sages, protégé par des Révocateurs, troupes d’élite commandées par un Primo, Réan et son binôme et ami Elun.

Le monde du dessous, Egys, est celui de la nature. Les habitants, le peuple primaire de Tsahan, y vivent dans des conditions assez misérables, depuis que la nature autour d’eux, loin de les nourrir, les empoisonne. À bonne distance de la ville, dans le Halo, vivent des Élus, 76 hommes et femmes que Tsahan a choisi pour maintenir un équilibre. Ils ont un compagnon animal, une liaison, qui leur sert à la fois de transporteur et de garde du corps. Epoq, le narrateur principal de l’histoire, en est le chef, secondé par Cassion, son meilleur ami.

Deux mondes opposés qui cohabitent sur la même planète, ce n’est pas la panacée, mais me direz-vous, où est le problème?

J’y viens.

Le problème, ou plutôt les problèmes sont primordiaux. Le peuple du dessous ne peut plus -à part les élus immunisés- se nourrir des produits de la Terre. Il dépend donc de ceux qui peuvent les aider.

Quel qu’en soit le prix…

Et le prix qu’impose Elest est terriblement élevé. Prélever, lors de l’échange, le Souffle. L’essence de vie des Egyssiens. Leur longévité se trouve réduite à peau de chagrin. Un cycle au maximum pour les adultes (7 ans), 5 ans à peine pour les enfants. On reconnaît ces sacrifiés car en perdant leur souffle, ils perdent aussi la teinte naturelle de leurs cheveux et deviennent des « sans-couleurs ».

Or, poussés par la misère, ils sont de plus en plus nombreux à faire ce sacrifice, pour augmenter la survie de leur famille, effacer des dettes, gagner un peu de nourriture.

Malgré toute la rage qui anime les élus, notamment Octavia, la nouvelle venue qui ferme le nombre mythique des 77, il n’existe pas de solutions pour préserver l’équilibre.

Pourtant, il existe une résistance. Celle qui, à chaque vague des Élus en Elest, permet de récupérer un peu de Souffle pour le rendre aux habitants de dessous.

C’est, malgré les outils ingénieux des Elus, une opération périlleuse. Les Révocateurs guettent. Ils ne peuvent pour le moment descendre dans le monde du dessous par l’un des passages dissimulés car ils ne survivraient pas au Féei. Mais sur leur terrain, ils sont implacables.

Jusqu’au jour où l’impensable se produit.

Jusqu’au jour où de nouvelles perspectives s’ouvrent aux personnages et à leurs civilisations.

Jusqu’au jour où il apparaît que la situation dépasse les simples Elestiens et Egyssiens.

Jusqu’au jour où les anciennes prophéties prennent tout leur sens.

Vous l’aurez compris, ce roman est un récit de lutte et on ne peut s’empêcher de dresser des parallèles entre les deux mondes qui s’opposent et une situation contemporaine. Dans ce monde qui survit, parce que privé des moyens de survie les plus simples, et doit plier à une volonté injuste et à une exploitation inique, j’ai vu quelque chose qui m’a parlé.

Et que dire de la planète Ekbah que nos héros découvrent dans des circonstances que je ne peux vous raconter pour l’heure. Planète désertique à cause d’un bouleversement climatique, elle met à profit toutes ses richesses pour créer des jardins, des villes et des installations en plein désert.

Et grâce à une débauche de moyens, rien n’y paraît impossible, tout y est à acheter.

Une nouvelle fois, à travers son récit, Alex Parker nous entraîne dans un récit à plusieurs niveaux.

Mais j’ai aussi aimé dans ce roman la variation de rythme et de tonalité.

D’une part, il y a l’alternance entre le récit vu par Epoq, à la première personne du singulier, et le point de vue à distance de Réan. On voit à travers leurs deux regards une vision opposée et inconciliable de leurs deux mondes, pourtant interdépendants, mais incapables d’une autre relation que la lutte et la domination.

Mais c’est surtout dans le récit que la variation est sensible et qu’elle m’a séduite. À travers l’initiation d’Octavia, on découvre le monde de Tsahan tel que le voient les Élus.

On fait connaissance avec les lieux sacrés, les légendes et les croyances qui les gouvernent.

On y ressent le respect de la nature et de ses bienfaits.

Puis vient le temps de l’action, habilement distillé tout au long du récit. Elle est bien décrite, donne un tempo vif à l’histoire qui alterne poésie et adrénaline.

Et enfin vient LE tournant de l’histoire. Bien évidemment, je n’en dirai rien de plus.

Il est suffisamment bien emmené pour être à la fois une surprise et qu’on se dise au bout de quelques instants « mais, … évidemment ».

En tous cas, il donne à toute l’histoire un autre sens et même une direction un peu différente.

Et j’ai beaucoup aimé ce virage qui relance l’intérêt pour un roman qui n’en manquait déjà pas.

Vous l’aurez compris, c’est sans réserve que je vous recommande ce roman.

Parce qu’il est sacrément bien écrit.

Parce que l’histoire, les personnages sont prenants et attachants.

Parce que l’imagination de l’auteur fait mouche, encore une fois.

Parce que ce livre fait écho.

Parce que décidément, je suis fan des romans d’Alex Parker, … rendez-vous au prochain!

La recherche de la perfection est un mirage, elle est mère de toutes les fausses certitudes.

Et je finirais avec les derniers mots du roman

Que le vent porte vos rêves au-delà de l’espérance.

Aaremea sagma hé qu’à jamais sommeille en vous le terrible guerrier Titan

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