Rich bastard de L.J.Shen

by Gwen

Titre Rich Bastard

Auteur L.J.Shen

Éditeur Harlequin

Date de sortie 4 mai 2022

Un titre à retrouver ici Rich Bastard

Quand une accro du mariage, qui a contraint tous ses voisins de classe de l’école primaire à l’épouser pour parfaire tout le décorum, rencontre le prototype de l’allergique à l’engagement, on peut présager une comédie romantique piquante et pleine de rebondissements.

Ça tombe bien c’est ce que nous offre L.J.Shen pour ma première rencontre avec sa plume -oui, je sais, je suis impardonnable de ne pas avoir fondu pour Vicious, Devious et Scandalous qui attendent dans ma PAL mais bon, faute avouée à demi-pardonnée, non?

C’est la question, justement, que Chase Black, le rich bastard en question, pourrait poser à Maddison Goldbloom, alias Maddie Martyre, aka Mad, celle qui ressemble le plus à une ex dans sa définition.

Une ex quoi? Ex coup d’un soir qui est devenu habitude de plusieurs semaines? Ex nana qui sort de tous ses critères mais s’est fait une place en douceur dans sa vie? Ex petite-amie qui prend la main de son galant et a fait fuir le sombre salaud qui sommeille sous les traits parfaits du jeune homme d’affaires.

Quand les choses ont commencé à prendre un tour un peu sérieux, Chase a fait ce qu’il fait le mieux: faire ressortir tout ce qu’il y a de black en lui pour faire fuir la petite amie et, idéalement, garder le plan cul phénoménal.

Mais Maddie a beau être gentille et même trop gentille, bien souvent, en ce qui concerne Chase, elle a une ligne de conduite claire: fini, terminé, oublié, rayé de la liste des hommes de la planète, jeté aux oubliettes de l’amour.

L’amour, d’ailleurs, elle n’y a pas renoncé et a même postulé sur le site prometteur trouveunemecsérieux.com.

Elle y a trouvé Ethan Goodman, un charmant pédiatre bien sous tout rapport, gentil, adorable, serviable, malgré ses cravates improbables et ses anecdotes sans fin sur son métier.

Tout va donc pour le mieux dans le meilleur des mondes. Une meilleure amie inspirante, Layla, un boulot en or, dessinatrice de robes de mariées pour l’entreprise Croquis, sous les ordres de Sven, un chien fantasque, aux manières déplorables, mais qui meuble ses moments de solitude.

Maddie est une miss soleil, pleine de vie et de couleurs, qui aime les gens et les fleurs avec la même gentillesse.

Une anti Chase-Black en somme. Ça tombe bien, on l’a déjà dit, Chase, c’est fini, terminé, oublié etc etc.

Sauf lorsque ledit Chase Black attend un beau soir sur son perron, sourire ravageur et arrogance en pavillon, pour lui demander LE service qu’elle ne peut pas refuser: jouer sa fausse fiancée à durée déterminée.

Dans quel but? Je vous laisse le découvrir. Pour quel bénéfice? Aucun, si ce n’est de faire ce qui est juste. Niveau de risque? Maximal dans la mesure où il faudra feindre l’amour pour celui qu’elle rêve de cuisiner avec des fèves et un délicieux chianti, où il faudra préserver son corps et son cœur du piège implacable que représente le ténébreux Chase.

Mais s’il y a une chose que Maddie a acquise depuis leur séparation, c’est la capacité à ne plus se plier en quatre pour lui complaire et au contraire à lui tenir la dragée haute.

Prise au piège d’une « belle-famille » où la moitié rêve de la garder à plein temps, l’autre de l’expulser comme une intruse, Maddie devra tout mener de front, la farce des faux sentiments et la tragi-comédie de ne pas céder aux vrais.

J’ai beaucoup aimé ce roman, pas forcément pour les raisons que j’attendais.

Après une période de sevrage, j’avais très envie de replonger dans un Cendrillon des temps modernes avec milliardaire ténébreux. Chase Black l’est, assurément, mais il est aussi plus que ça. C’est un fils aimant, un frère attentionné avec ceux qui veulent bien de son affection. Si certaines réactions relèvent du caprice du tycoon, il n’en abuse pas, en premier lieu parce que Maddie est indifférente à tout cet étalage.

C’est aussi un homme blessé, par les épreuves que la vie dresse devant lui et par les échecs qu’il n’a pas encore surmontés.

J’ai été touchée par sa relation avec une certaine Crotte de nez qui fait ressortir le meilleur de lui-même, tout autant que par celle avec Amber qui obtient l’effet exactement contraire. Mais c’est surtout l’ambivalence de son lien avec Julian qui démontre la notion de meilleur ennemi dans une lutte de chaque instant où aucun des protagonistes ne retient ses coups, ses coups de griffe, ses coups de sang, ni même ses coups au cœur. De manière générale, la famille tient une place prépondérante dans le récit. Pour des raisons diverses, je me suis attachée à chacun des membres qui les composent, en particulier à Katie -comment ça, j’aimerais en savoir plus sur elle? Oui, ça se pourrait bien, pas vous?

Mais ce sont les rôles principaux qui méritent les compliments.

J’ai eu un gros faible pour Chase l’arrogant, le provocateur, le désintégrateur de vertu et de nuisette, mais j’ai davantage encore vibré des moments de vulnérabilité qui contrastent tellement avec son image sous contrôle qu’ils n’en sont que plus forts. Le Chase stupéfait du répondant de Mad, le Chase perdu quand la situation lui échappe, le Chase mis KO par les aléas de la vie en est un pendant délectable.

En parlant de pendant, quel personnage que cette Maddie! Tout le monde l’imagine en Maddie Martyre parce que, pour plein de raisons, dont certaines échappent clairement à mes instincts de peste, elle a une capacité d’empathie hors norme, une faculté à faire ce qu’on attend d’elle pas banal et un besoin de rendre tout un chacun heureux qui confine au sacerdoce.

C’est un trait de caractère presque incongru dans le monde actuel, qui met souvent Maddie dans une position de proie, face à une stagiaire ambitieuse ou un pseudo-futur-beau-frère à la langue acérée. Pourtant, lorsqu’on apprend à mieux connaître la Maddie aux mille couleurs, on ressent mieux ce besoin de profiter de la vie sans se laisser assombrir par les mesquineries et les sombres penchants.

Il y a déjà bien assez de gris sombre dans la vie, inutile d’en rajouter en s’appesantissant du côté obscur de la vie. Pour autant, Maddie, une naïve petite chose fragile? Que nenni! Elle choisit ses combats. En tout cas, la trahison de Chase lui a appris à s’affirmer, dans leur faux couple d’abord, puis dans la vie de tous les jours. Si Maddie libère un peu de la douceur de Chase, celui-ci aiguise les griffes du chaton Maddie. Échange de bons procédés en somme, ou enrichissement réciproque de la vie de couple, dans un cas comme dans l’autre, la métamorphose est lente, progressive, mais elle fonctionne bien.

J’ai aussi été touchée -vous m’excuserez de ne pas en dire beaucoup pour ne pas en dire trop- par le thème lourd qui se terre tout au long du récit. Il est traité avec délicatesse et donne lieu non seulement à de très belles pages, mais aussi à une réflexion qui ne m’a pas laissée indifférente. L.J.Shen manie tout ce pan de l’histoire avec délicatesse et force. Pour des raisons personnelles, elle a fait mouche avec moi et je l’en remercie.

Et puis, parce que Rich bastard est une romance, je conclurais sur cet aspect de l’histoire. L’autrice fait monter une tension forte et vivace entre les personnages. Elle distingue, en tout cas pour Chase, une sensualité qu’il réclame et des sentiments qu’il redoute. Pour Maddie, ce serait presque le contraire tant ces deux aspects sont liés dans son cœur et son esprit.

L’équilibre apporté, notamment sur toute la partie d’équilibriste du jeu de chat et de souris auquel se livrent les deux protagonistes, est délectable.

Je l’ai savouré, j’en redemande encore, sans doute pour un prochain rendez-vous avec la plume de L.J.Shen

 

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