A ses ordres d’Anne Cantore

by Gwen

Titre À ses ordres

Auteur Anne Cantore

Éditeur Éditions Addictives

Date de sortie 3 septembre 2020

Un titre à commander ici A ses ordres

 

Si comme moi vous avez vécu des heures de lecture en apnée, sous la coupe du clan Gardani, de son chef Marco, de l’ombre de Max, de la discrétion de Nonce. Si vous avez aimé la force explosive de Louise, attendez vous à être soufflé par À ses ordres.

Ce deuxième roman consacré au clan le plus puissant de la Côte d’Azur penche résolument à l’Est, sous les ors passés de la Russie tsariste dont Sacha Azarov, le bras droit de Marco, est issu.

Cet homme est la définition même de l’efficacité et de la loyauté à toute épreuve. À son clan, à ses racines, à sa famille, du moins les deux membres, Babouchka et Vlad qui ont une place dans son coeur.

Sacha est inébranlable. Sa froide blondeur n’a d’égale que sa détermination glaciale.

Quel que soit le code d’honneur des Gardani, -on ne touche ni aux femmes, ni aux enfants-, il est le reflet de la dangerosité du clan et rappelle sans cesse que, pour sexy qu’ils soient, les hommes du clan sont avant tout des tueurs de sang froid, des hommes de main parfaitement entraînés et que rien ne peut détourner de leur mission.

Rien? Vraiment?

Dans ce volet, on réalise que cette belle morale, mise en place par le padre Maximilien Gardani, a du plomb dans l’aile dès lors qu’une variable imprévue entre dans l’équation. La Femme.

L’arrivée de Louise auprès de Marco a bouleversé le clan. Mais que dire lorsque, en dehors de l’autorité de Marco, ses hommes rencontrent les sentiments?

On ne parle pas des coups d’un soir, vite consommés, vite oubliés, que leur statut met facilement sur leur route. Non, on parle de la rencontre qui bouleverse tout, jusqu’à remettre en question la fidélité, jusqu’à se demander quelles sont les priorités.

Ce qu’il y a de fort dans ce roman, c’est que, dès le départ, Sacha admet que le lien qui l’unit à celle qu’il ne devait que surveiller, est en train de lui échapper. Il est lucide, ce qui donne, dans les chapitres où il a la parole, un très beau conflit moral.

Sasha est le bras droit de Marco. Il donnerait sa vie pour lui, pour Louise qu’il considère comme une petite soeur. Et pourtant, lorsque le padre lui pose la question de son obédience, lui-même s’avoue qu’il a perdu ses certitudes.

Pour qui?

Pour un personnage aperçu dans Promets-moi, Mélanie Martin.

Et autant le dire tout de suite, j’ai été sous le charme de Sasha et de ses doutes. Mais j’ai eu un coup de coeur pour Mélanie.

Cette femme est une survivante. Et si elle a survécu à tout, c’est en grande partie parce qu’elle a su plier face aux éléments. Mélanie est un roseau que chaque bourrasque jette au sol, sans la briser totalement.

Par bien des aspects, elle ressemble à un agneau qui s’est laissée mener aux portes de l’abattoir. Elle subit sa vie, subit tout ce qui lui tombe dessus presque sans protester, comme si elle devait se punir. Mais ce qui rend ce personnage si attachant, c’est quand l’agneau devient lionne, dragon, gorgone, bref toutes les créatures les plus résolues et les plus dangereuses réunies en une seule frêle brindille.

Lorsqu’on touche aux siens, Mélanie ne connaît plus de fierté, plus de limites, plus de remords. Son instinct rugit et balaie toute raison. Mais n’est-ce pas aussi ce que lui inspire Sacha? Cette capacité à oublier tout ce qui compose son « moi » profond depuis des années pour céder à un sentiment plus instable, plus dévastateur, mais tellement puissant?

Vous l’aurez compris, la force affective de ce roman, c’est l’équilibre presque impossible à trouver pour les deux personnages principaux entre des forces puissantes et opposées avec lesquelles ils doivent composer.

Et l’équilibre, si on y pense, c’est ce qui caractérise ce roman et le talent d’Anne Cantore.

Ce roman présente une histoire d’amour puissante, on l’a dit. Une histoire de familles, de sang, de coeur et d’engagement, c’est une composante presque logique d’un roman sur la mafia. Mais il est aussi une histoire à suspense parfaitement bien menée.

Le commissaire Delphine Aumague est une femme forte, de tête bien sûr, mais bien plus souvent de sang. La diplomatie lui échappe totalement, la prudence encore plus. C’est une tête brûlée qui ne s’en laisse pas compter par la renommée et la dangerosité du clan Gardani, pas plus que par sa nouvelle invitée, Morgane Aggostini, une jeune femme pleine de ressources.

La confrontation entre les deux camps rajoute une dimension savoureuse dans cette enquête d’excellente facture et renforce encore à la tension globale de l’histoire.

Et s’il fallait rajouter encore un élément pour vous recommander de plonger à la rencontre de Sasha, -en dehors bien sûr de l’écriture maîtrisée et parfaitement ciblée d’Anne Cantore, je vous dirais que j’ai admiré son sens de la nuance, sa capacité à ne pas tomber dans la facilité du trait trop gros ou de la caricature.

Des personnages principaux confrontés à leurs doutes aux personnages secondaires qui ne sont ni tout blancs ni tout noirs et doivent parfois trouver des compromis entre principes et pragmatismes, les protagonistes de ce roman vous placeront sans aucun doute à leurs ordres.

Et pour ma part, je ne vous en donnerais qu’un. Celui de foncer sur votre plateforme d’achat préférée.

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