Pas sans elle d’Anne Cantore

by Gwen

Titre Pas sans elle

Auteur Anne Cantore

Éditeur Cherry Publishing

Date de sortie 22 janvier 2021

Un titre à commander ici Pas sans elle

Un rien peut faire basculer une vie. Une mauvaise décision. Un concours de circonstances. Se trouver au mauvais endroit au mauvais moment. Et lorsque la vie bascule, il faut apprendre à survivre avec.

Dans sa nouvelle romance, Anne Cantore nous conte une histoire forte, poignante, dont la toile de fond est peu fréquente. Elle nous offre un moment intense de sentiments sincères et de réflexion sur tous ces petits riens qui détruisent ou construisent une existence.

Grégoire d’Ozières de Saint-Albret a tout pour lui. Une carrière prenante où il excelle avec son groupe d’amis, Idriss, Erwan, Raph et Aymeric; des femmes toutes prêtes à tomber dans ses bras, un demi-frère, Charlie, qu’il adore, même s’il aimerait parfois qu’il compte un peu moins sur lui.

Un soir de réveillon, une décision, un choix, un moment et tout bascule. Charlie disparaît dans des circonstances dramatiques, laissant derrière lui Cassandra Cherel, sa fiancée, et un frère bouleversé de ce qu’il estime être sa responsabilité.

Dévoré de remords, Greg consacre toute son énergie à la reconstruction de Cassie, pour atténuer un peu le goût amer de sa faute et, à défaut de sauver son frère, prendre soin de sa petite amie.

La relation qui se noue entre eux est forte et fusionnelle, mais hantée par le souvenir de l’absent.

Cassandra, elle, est devenue mon monde. Je me suis accroché à elle parce qu’elle était tout ce qu’il restait d’un bonheur détruit et elle s’est accrochée à moi parce que sa vie lui échappait. Largués dans la tempête, nous n’étions plus que deux naufragés n’ayant pour bouée et espoir que l’autre.

Les quatre années qui viennent de s’écouler se sont envolées au rythme des opérations, de la rééducation, de toutes les petites victoires pour apprivoiser de nouveau sa vie. Rien ne sera comme avant. Les blessures physiques cicatrisent mieux que les traumatismes moraux. Mais les deux jeunes gens ont aussi créé leur propre bulle, celle de leurs vacances impromptues et de leurs discussions sans fin, celles de leur complicité, de leur passion pour les DC Comics et de leur dîner hebdomadaire.

Mais quand Cassie annonce à Greg qu’il faut briser cette routine et cesser de se voir, qu’il faut aller de l’avant et cesser de voir en l’autre une béquille ou un ersatz du bonheur envolé, la vie de Greg vole en éclat.

Et la réalité explose, nette et sans concession, incompréhensible pour beaucoup et pourtant tellement évidente.

Ce n’est plus Charlie qui unit les deux âmes blessées, mais son fantôme qui se dresse entre eux. Son souvenir, mais aussi le regard que les autres vont porter sur ce couple que beaucoup considèrent comme contre-nature. Dix ans d’écart, une situation professionnelle aux antipodes (Greg est pleinement intégré dans la vie active alors que Cassie est encore étudiante dans un cursus exigeant et passionnant) mais surtout l’inexplicable. Tomber amoureux de la petite amie de son frère décédé? Brûler d’amour pour celui qui a tout vu, tout enduré par fidélité à l’absent?

Difficile à comprendre pour la plupart, à commencer par les deux intéressés qui livrent la bataille de leur vie, contre eux-mêmes, et l’un contre l’autre, avant peut-être de faire front contre les autres. Tous les autres. La famille et les amis. Ceux du temps « d’avant » et les autres.

Ce roman m’a bouleversée à bien des égards.

Tout d’abord, la romance en soi est loin d’être évidente. Quoi que je sois tombée sous le charme des stratégies de séduction déployées -notamment une certaine soirée qui m’a fait mourir d’envie- il y a un conflit moral entre les héros très fort et parfaitement rendu.

Il faut dire que l’interdit est de taille. Le poids des préjugés ne l’est pas moins et là encore, Anne Cantore a parfaitement su dépeindre les réactions sans concessions, les attaques cruelles et les incompréhensions les plus lourdes. J’avoue que certains propos m’ont fait grincer des dents, voire plus, parce que c’est bien connu, ce sont toujours ceux qui nous sont le plus proche qui détiennent les clefs des blessures les plus vives.

Heureusement, il y a aussi des soutiens, dont certains que je n’attendais pas et ils allègent considérablement le cœur en rappelant que, quel que soit son choix, l’amour doit toujours faire face à des préjugés, à des obstacles et qu’il est souvent plus dur de laisser parler son amour que d’y renoncer.

Mais ce roman aborde aussi bien d’autres thèmes qui m’ont également émue. On y parle beaucoup de culpabilité et de remords. Qui, dans sa vie, n’a jamais, à un moment, pris une décision qu’il regrette, qui a eu des répercussions inattendues et parfois très négatives? Qui n’a pas un jour eu des pensées et des vœux dont il se sent coupable? Qui n’a jamais agi d’une façon qu’il se reproche par la suite?

C’est l’une des forces de ce roman. Il parle à tous. Bien entendu, la trame de fond choisie par Anne Cantore est particulière, aussi exceptionnelle que dramatique, mais j’ai aimé tous les autres moments où les différents protagonistes doivent, eux aussi, admettre que la culpabilité couve en chacun de nous.

En pendant de cette culpabilité, j’ai aussi été très sensible à tous les moments qui touchent à la rédemption et au pardon. Le pardon que l’on accorde à l’autre, bien entendu, avec plus ou moins de facilité. Mais j’ai été touchée de cette absolution plus dure encore à atteindre, celle qu’on accepte de s’accorder à soi-même. Et bien au-delà de ce livre, c’est une leçon de vie que j’ai trouvée particulièrement puissante.

Enfin, j’ai été prise, dans la lecture de ce livre, par la puissance, constructrice ou destructrice de la famille. Cette question est au cœur de la vie de Greg, pour des raisons que vous découvrirez en cours de lecture et cet aspect de l’histoire est, à mon sens, un vrai plus dans le vécu des personnages. J’ai ainsi été très sensible aux liens que l’on construit avec ses propres parents une fois adultes, lorsque les relations de l’enfant à son parent peuvent faire place à un autre type de rapport, fait d’estime mutuelle et d’une sorte d’égalité. Pour des raisons très personnelles, j’ai été particulièrement touchée par ce pan du roman.

Enfin, dans la narration à deux voix d’Anne Cantore, mention spéciale pour ses épilogues qui m’ont donné l’impression de rouvrir un petite porte sur le futur de nos héros, comme pour prendre de leurs nouvelles, à intervalles réguliers.

Et pour refermer ce livre, comblée et apaisée, en me disant que, quelles que soient les tempêtes affrontées, les naufrages subis, il existe aussi, un retour à une mer calme, plus paisible, sur laquelle les personnages, apaisés, pourront voguer à leur gré.

Et dans le cadre de ce roman, c’est un sacré réconfort, une belle touche d’optimisme et une leçon de vie pour laquelle je remercie chaleureusement Anne Cantore.

 

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