Lie to love de Marie H.J. et K. Jarno

by Gwen

Titre Lie to love

Auteurs Marie H.J. et K.Jarno

Éditeur Black Ink Éditions

Date de sortie 22 janvier 2021

Un titre à commander ici Lie to love

Chacun, par choix ou par coïncidence, joue un rôle dans sa vie. La plupart d’entre nous s’en accommode, par habitude ou pour protéger ceux qui nous sont chers. Mais pour avancer, pour être soi-même, pour être heureux, il faut parfois être prêt à en faire exploser le cadre. Pour le meilleur ou pour le pire, pour le bonheur ou le malheur de ceux auxquels ils tiennent, c’est le choix cornélien auquel Marie H.J. et K. Jarno ont confronté les héros de leur roman à quatre mains.

Noah, la vingtaine, est le vilain petit canard de la famille Harvel. Il a été exilé à Edimbourg après une frasque de trop et il y trouve un bel équilibre entre sa fantasque tante Gabrielle et son oncle Elron, un directeur d’université. Tous deux ont su entourer l’adolescent écorché de compréhension et d’un amour sans borne, de ceux qui soutiennent et qui élèvent. Depuis trois ans, Noah poursuit un cursus honorable et laisse parler son tempérament extraverti et sa verve hilarante. Mais cette belle assurance menace de voler en éclat lorsqu’il revient en France pour les vacances.

Entre un père très dur et une mère incapable de tenir tête, c’est auprès de sa sœur Olivia qu’il trouve toujours du réconfort. Il faut dire qu’il existe entre eux deux un lien très fort, forgé au cours des années du poids de l’entraide et des secrets. Face à Olivia, Noah se montre très protecteur, prêt à tout pour la soutenir et prêt à tout supporter d’elle, ses doutes et ses besoins d’être rassurée constamment et même une petite pointe d’égoïsme.

C’est entre autres pour les moments passés avec elle que Noah revient en famille.

Mais cette fois, les choses se corsent. Olivia a ramené son petit ami, avec lequel elle a un projet fou d’un voyage d’un an en Australie.

L’instinct protecteur de Noah s’éveille automatiquement. Il y a quelque chose de pas net en Axel Prévost. Pas seulement sa capacité à répondre à ses provocations avec des traits d’esprit équivalents. Pas seulement la facilité avec laquelle il se glisse dans le costume du gendre idéal, voire du fils de substitution auprès de son père Paul qui ne voit en son cadet que le fils à problème, que le miraculé que l’exil a permis de sauver d’un avenir sombre. Pas seulement la façon dont, malgré lui, Axel parle à des parties de son corps qui ne devraient pas, mais alors pas du tout réagir en présence de son potentiel beau-frère.

Mais un problème à la fois! Et la priorité, pour Noah, c’est de cerner les mystères d’Axel. Hors de question qu’il laisse sa sœur en proie à un homme non fiable.

Avec l’aide d’Adrien, son meilleur ami, il mène l’enquête et ce qu’il découvre va chambouler ses certitudes.

Bien évidemment, ne comptez pas sur moi pour vous dévoiler le fin mot d’une intrigue bien ficelée qui a dépassé ce que j’avais imaginé.

Vous devrez lire ce roman pour savoir ce que cache Axel. Juste une mise en garde, accrochez vous à votre liseuse parce que vous allez être sacrément malmenés.

La seule chose que je vous dirai, c’est que les découvertes de Noah l’obligent à reconsidérer son meilleur ennemi. D’abord parce que, dès qu’ils cessent de se livrer au concours du plus teigneux, les deux hommes se confient avec une facilité déconcertante sur des sujets qu’ils ne parviennent même pas à aborder avec ceux qui sont censés les connaître par cœur.

Ensuite parce que ces confessions prouvent qu’Axel est loin d’être l’être malfaisant que Noah avait imaginé.

Mais aussi et peut-être surtout parce que le temps passé avec Mr 39 points au Scrabble l’oblige à admettre une réalité cruellement douloureuse. Quoi que la morale et les circonstances lui hurlent, c’est de l’attirance brute qui explose entre eux au gré des événements forts. Pire que ça, c’est bien plus qu’une simple pulsion. Alex est celui qui lui inspire tout ce qu’il aurait pensé ne jamais devoir ressentir pour personne.

Sur cette base, K. Jarno et Marie H.J développent une romance fiévreuse et frustrante où désir et raison s’affrontent sévèrement.

Mais il y a plus.

On sourit dans ce roman, des piques que s’envoient les personnages par exemple. On grince des dents face à certaines injustices qui donnent envie de distribuer quelques baffes bien senties. On s’attendrit de certaines complicités. On vibre, on tremble, on pleure.

On réalise surtout, au fil des pages, que ce roman est bien plus qu’une romance. On y aborde des thèmes nombreux qui m’ont bouleversée à plusieurs reprises.

On y parle famille. La famille, dans un monde idéal, c’est l’ensemble des personnes prêtes à vous soutenir dans n’importe quelles circonstances, à voir toujours le meilleur de vous-même. Mais les familles, comme le monde, ce n’est pas toujours le monde des Bisounours et celle de Noah m’a fait grincer des dents à de nombreuses reprises.

Dans une famille, chacun a son rôle. Olivia est la fille parfaite et Noah l’électron libre, l’insolent, l’ingérable. Face à ce cliché figé, j’ai admiré Gabrielle et sa façon de chercher à rétablir l’équilibre. J’ai souffert pour Noah, toujours prêt à se sacrifier.

Et c’est dans ces moments où la façade de l’extraverti se fissure pour laisser voir l’homme à nu, écorché, que j’ai craqué pour lui. Sa fragilité et sa détermination, son désir de bien faire si mal reconnu m’ont touchée bien au-delà de ce que j’avais imaginé au départ.

-C’est ça ton problème en fait! continue-t-il. Tu penses pour les autres et tu crois que tu peux tout gérer seul. Grande Nouvelle: c’est loin d’être le cas. T’es qu’un gosse déguisé en adulte. Tu protèges tout le monde en oubliant le principal.

Je laisse échapper un ricanement agacé.

-Le principal? Et c’est quoi le foutu principal, dis-moi?

-C’est toi, tête d’âne! m’annonce-t-il en posant son index sur ma poitrine. Toi et uniquement toi!

Mais fort heureusement, la famille, c’est aussi ceux et celles qui osent déterrer des secrets bien enterrés pour rétablir des équilibres.

La famille, finalement, c’est aussi le rempart ultime que le monde a construit quand il ne reste rien d’autre.

Le conflit moral est un autre thème que  les auteurs ont particulièrement bien développés. Il concerne Noah, pris entre ses désirs et le besoin impérieux de protéger sa sœur, entre ces sentiments naissants et les priorités absolues qui se dressent face à lui. Il n’épargne pas Axel, de plus en plus coincé dans un rôle si éloigné de l’individu qu’il est et dans le même temps incapable de s’extirper du carcan des mensonges et des contraintes.

On a l’habitude de dire qu’une belle romance se développe autour d’un interdit fort. Si on suit ce seul critère, aucun doute, Lie to love est une très très belle romance. L’interdit social y côtoie un interdit moral, de ceux qui empêchent de penser égoïstement à soi lorsqu’il y a si important ailleurs.

Je ne vous ai pas pour le moment, parlé du dernier et pourtant majeur point fort de cette histoire. Je le résumerais par un seul nom Tristan. Impossible de vous en dire trop sans spoiler, mais les mots de ce personnage ont parlé à des parties de mon cœur qui vont mettre du temps à se remettre de sa rencontre.

Au final, je dirais que ce livre est un immense coup au cœur (je pense que tout le monde l’avait compris). J’en attendais une homoromance de qualité. Connaissant la plume de Marie H.J -pas encore celle de son acolyte- j’étais persuadée de plonger dans une histoire pétillante, parfaitement écrite et avec pas mal de profondeur. J’ai eu tout ça.

Mais le résultat est encore au-delà de mes attentes.  et je ressors de cette lecture le cœur battant, l’âme essorée de sentiments brûlants et le cerveau pas encore remis d’aplomb. Ce qui, dans mon échelle de valeurs, est plutôt très bon signe.

Alors un immense merci à Marie H.J et à K. Jarno pour cette virée incroyable au pays du scrabble et des kangourous, du scrapbooking et des tirages de cartes, avec un petit supplément écossais pour la fine bouche. Et un merci non moins grand aux éditions Black ink pour m’avoir accordé leur confiance.

 

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