Le prince Sarmate de Théo Lemattre

by Gwen

Titre Le prince Sarmate

Auteur Théo Lemattre

Date de sortie 12 juin 2020

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Vous rêvez de longues chevauchées sur la steppe? De combats épiques? De joutes verbales tranchantes et de rapprochements torrides?

Vous aimez les héroïnes fortes à tempérament colérique? Les amis dévoués, les héros fougueux et les personnages troubles?

Vous fondez pour les princesses guerrières? Les luttes de pouvoir? Les princes braves?

Alors ne cherchez plus et arrêtez vous sur ce prince Sarmate!

Il y a deux ans presque jour pour jour que j’ai découvert l’écriture de Théo Lemattre, dans un genre très différent (voir ici https://melimelodegwen.fr/2018/06/17/ce-qui-nous-oppose-nous-unit-de-theo-lemattre/) et je dois dire que j’en garde un excellent souvenir même si l’occasion ne s’était pas présentée de renouveler l’expérience.

Jusqu’à ce prince Sarmate. Autant le dire, tout était fait pour que nous nous rencontrions, lui et moi!

La couverture, d’abord, ne pouvait que m’inspirer, … et encore, attendez de rencontrer Azès de face!

Le lieu ensuite. Le monde Scythe et Parthes, la civilisation macédonienne. Ces contrées ont bercé une partie de mes études et j’ai eu l’impression de rentrer en territoire connu. Pas de panique cependant. Ce n’est pas à un cours d’histoire que se livre l’auteur malgré un avant-propos très éclairant.

Et juste pour y aller de ma petite touche, savez-vous que dans l’histoire antique, on reliait les Sarmates aux Amazones, ces femmes guerrières remarquables qui seraient leurs ancêtres?

Justement, s’il fallait une dernière raison à mon choix de lecture, il y a le sujet. Une princesse scythe, cheffe de guerre qui a la guerre pour amant et le sang pour aphrodisiaque, doit passer alliance avec le peuple Sarmate et se heurte à son prince, aussi attirant qu’imbuvable.

Mais si l’alliance militaire entre ces deux fortes têtes est difficile à concevoir, que dire du projet de leurs pères d’allier les deux peuples par un mariage princier?

Partant de cette base, l’auteur ne pouvait que s’en donner à coeur joie. Il ne s’en est pas privé dans ce roman auquel il ne manque rien!

L’équilibre entre roman d’aventure, roman historique et romance pourrait être difficile à trouver. J’ai trouvé largement mon compte dans les trois avec même des petits quelque choses en plus! Les scènes de bataille sont épiques et très créibles. Les duels sont intenses et font monter la tension d’émotions diverses. Les coups bas et les moments d’amitié sont poignants.

L’auteur s’appuie sur des personnages savoureux.

Ïa est la forte tête de ce roman. Âgée d’une petite vingtaine d’années, elle a déjà à son actif des guerres et les peaux qui témoignent de cette victoire. Les atours féminins lui font horreur et toute sa vie se construit autour d’un défi: affirmer sa place parmi les hommes. Que ce soit dans le combat, dans le commandement ou même au lit, tout est enjeu de pouvoir et de domination.

Dans les premières pages, je pensais que l’égalité coulait de source, façon Viking.

J’ai rapidement dû revoir ma copie.

D’abord parce que Ïa doit obéir à l’autorité de son père. Sur ce plan pas de jaloux, Azès aussi. Par contre, comme on pouvait s’en douter, son ascension ne fait pas que des heureux.

Et nombreux parmi les ambitieux ceux qui guettent une union, une grossesse bref tout ce qui la fera « rentrer dans le rang » pour rendre sa place.

En toute honnêteté, cette ambition et les turpitudes qui en découlent ne semblent pas exclusivement liées au sexe. Mais face à certains, c’est un argument supplémentaire.

Ïa est une femme dure. En même temps, tuer, piller et scalper dès son jeune âge n’incitent pas forcément à la douceur. Ses réactions ne diffèrent pas de celles de la plupart de ses homologues masculins. Elle jure comme un charretier. Elle s’octroie un butin dont des esclaves chargés de dépenser son trop plein d’excitation (scène ô combien savoureuse à la clé).

Et malheur à qui voudrait prendre en compte une supposée faiblesse, il risquerait comme Zapurek, son confident et protecteur, d’être rabroué d’un bon coup de poing bien appliqué.

Bien sûr, dans ce tableau de conquêtes où la prise de la Macédoine est plus une question de survie que d’expansion, pas de place pour les sentiments amoureux, d’autant que pour la jeune femme, ils sont avant tout question de soumission à l’Autre.

Et celà, la fierté d’Ïa ne peut le concevoir. Pas même face à Azès. Surtout pas, d’ailleurs, face à Azès.

Leur première rencontre est explosive et laisse déjà deviner tout l’éventail de l’imagination Scythe pour les tortures si l’on en croit les menaces proférées régulièrement par la princesse.

Bref les deux jeunes gens se toisent, se défient et se quittent avec la sombre tentation de s’entretuer.

Sauf que ce n’est ni le souhait de leurs parents, ni l’intérêt de leurs peuples. Et s’ils sont capables de se souder pour repousser le premier, le second prime. Quitte à prendre des risques inconsidérés. Quitte à mettre sa vie en jeu. Ils combattront pour la gloire de leur père et la survie de leur peuple.

Donc ensemble.

La tension est telle que c’est déjà mission impossible.

Mais si on glisse dans l’équation le venimeux Kimerios qui représente tout ce qu’exècre Ïa, on frôle la guerre interne.

Kimerios est un général qui sait se faire bien voir sans faire grand-chose. Calculateur, ambitieux, il veut à tout prix évincer Ïa avant, qui sait, de se défaire de son père.

Et avec Azès, ils forment un bon binôme qui semble avoir pour mission première d’attenter à la santé mentale de leur co-cheffe de guerre.

Et Azès dans tout ça…. Ah, Azès! Il est tout et son contraire.

Son arrogance m’a poussée, par moments, à accorder ma bénédiction à Ïa pour lui jouer un mauvais tour. Mais l’auteur, qui a décidé de ne narrer l’histoire que du point de vue d’Ïa, laisse peu à peu planer le doute.

Potentiel allié? Manipulateur hors pair? Naïf qui s’ignore? Théo Lemattre a longtemps joué avec nos nerfs. Parce que pour être honnête, il l’a aussi paré de qualités non négligeables.

C’est un combattant valeureux. Malgré sa mauvaise foi, même Ïa ne peut décemment pas le nier après leur défi haletant.

C’est un meneur d’hommes, à la hauteur de son homologue. Il est plutôt fin stratège. Il respecte un certain code de valeurs. C’est déjà bien non?

Mais je sens qu’il reste une dernière question en suspens, …. Oui, il est diablement séduisant. Sexy, désirable, frustrant. Un vrai piège à dessous féminins, si toutefois Ïa en portait.

De cette rivalité humaine et politique naît ou se renforce une tension sensuelle qui éclate à la moindre étincelle, quoi que veuillent prétendre les deux obstinés. Mais là encore, l’envie, le désir, ne sont pas les seuls éléments à prendre en compte. La domination, ou plutôt le refus de la soumission, est très codifié, dans la lutte sans merci entre ces drôles de fiancés qui défient tout, à commencer par leurs pères et leurs désirs profonds.

Cette contrainte, plausible dans le contexte, permet à Théo Lemattre de jouer avec maestria de la résistance de ses personnages, pour des scènes particulièrement réussies.

Mais l’une des forces de ce livre, c’est aussi que, malgré la puissante intrigue amoureuse entre les personnages principaux, en dépit des manoeuvres politiques à renfort de complots, de coups bas et de recrutement de mercenaires, la trame historique trouve toujours sa place.

Elle permet de vivre des scènes intenses que l’auteur décrit avec beaucoup de talent, équilibrant aisément le visuel et le ressenti, le récit de la bataille sans perdre l’humain de vue.

C’est une vraie réussite.

En tous cas, j’ai trouvé avec plaisir tout ce que je cherchais et ce que je n’attendais pas forcément pour passer un moment puissant de sa fougue vitale, brûlant de ses passions, riche d’émotions variées et d’un panorama historique qui m’a prise en otage.

Bref un très moment de lectures que je vous recommande sans hésiter, pour découvrir, à votre tour, ce prince Sarmate côté face!

Avant de finir, je voulais remercier l’auteur de sa confiance et j’espère bien ne pas attendre deux ans avant de craquer et de recroiser sa plume aussi enivrante qu’un vin grec -non coupé bien sûr, …

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