Hunger games la ballade du serpent et de l’oiseau chanteur de Suzanne Collins

by Gwen

Titre Hunger Games la ballade du serpent et de l’oiseau chanteur

Auteur Suzanne Collins

Éditeur Audiolib

Narrateur Pierre-Henri Prunel

Date de sortie 24 juin 2020

Un titre à retrouver ici https://amzn.to/3S79ECq

 

Si comme moi, vous avez été fan, très fan, très très fan de la saga Hunger Games, alors peut-être vous êtes-vous demandé comment tout ceci avait commencé.

C’est à cette question que Suzanne Collins répond dans un préquel très largement à la hauteur de la trilogie d’origine.

Nous sommes de retour au Capitole, à la veille des 10° Hunger Games.

La guerre est finie depuis quelques années à peine et Panem en porte les stigmates. Les jeunes héros du roman ont connu la guerre et ses privations, la peur, le deuil, la faim, l’humiliation.

Autant dire que, dans ces conditions, les tributs fournis par chaque district ont une claire valeur d’expiation.

Au Capitole, la donne est en train de changer entre les anciennes familles et les parvenus, enrichis de la guerre.

Ainsi, la famille Snow, ancienne gloire de Panem, a vu sa fortune et son influence fondre comme neige au soleil.

Le père est mort à la guerre, la mère est morte en couches, ne reste qu’une grand-mère qui ne sort de sa léthargie que pour entonner l’hymne national, un appartement aussi luxueux que vide et deux cousins, les jeunes pousses de la famille, l’espoir du nom.

Elle, c’est Tigris, couturière, débrouillarde, la garante du quotidien.

Lui, c’est Coriolanus, l’espoir des lendemains radieux.

Étudiant brillant de l’académie, il continue d’entretenir l’illusion d’une famille illustre.

Illustre, mais au ventre creux, aux vêtements rapiécés. Illustre, mais totalement dépendant de la bonne volonté des autorités de l’académie.

Si certains professeurs sont de son côté, il n’en est pas de même du doyen Highbottom qui lui voue une haine farouche. Tout dépend alors de l’inquiétante professeure Gaul, géniale dans sa façon de mettre au point des créatures toutes plus effrayantes les unes que les autres.

Aussi, pour Coriolanus comme pour une grande partie des étudiants, la perspective des 10° Hunger games est une aubaine.

Chaque étudiant va devenir le mentor d’un tribut. Douze districts, depuis que le Treize a été rasé. Un garçon et une fille pour chaque district. C’est dans les premiers que se trouvent les vainqueurs potentiels, mieux nourris, mieux entraînés.

Autant dire qu’être le mentor de la tribut femelle du douze, c’est à la fois une chance infime de l’emporter et tout autant de briller.

Pourtant, Lucy Gray Beard, une personnalité particulière et des plus remarquables, lui donne l’illusion que, peut-être, il peut tirer son épingle du jeu. En faisant évoluer la règles des jeux, en nouant un lien particulier avec son tribut. En flirtant avec les règles et les limites.

Quoi qu’il en coûte.

J’ai beaucoup aimé ce livre. Il est moins axé sur l’arène que sur l’évolution du jeune Snow. On le connaît vieux, tyran de Panem livrant les jeunes gens des districts à la mort. On le découvre jeune, pris entre son ambition et la nécessité de protéger sa famille. Il découvre et perfectionne le calcul car la situation ne lui donne guère d’autre choix.

S’il s’appuie sur ses camarades de promotion, même ceux qu’il connaît depuis l’enfance, peut-on parler d’ami ou de rival ?

J’ai trouvé ce tome précieux pour comprendre le futur Snow. Il y a pas mal de nuances dans le personnage. Parfois, on ressent de l’empathie, même de la compréhension pour lui. Souvent, on est impressionné, voire horrifié par son esprit calculateur et son absence de remords. Entre son ambition et l’exigence de son nom, la tentation des sentiments et le réalisme de la politique et des projets d’avenirs, Coriolanus doit tracer un chemin sans descendre de son piédestal ni se prendre les pieds dans les obstacles.

J’ai été un peu perdue par le personnage de Lucy Gray. Elle est, comme Katniss quelques décennies plus tard, victime du sort et, dans son cas, d’un sale coup de pouce du destin. De par son métier d’artiste, qui fait peu de plans, prend la vie comme elle vient et semble se moquer de tout, elle paraît aux antipodes de Coriolanus et fait même preuve parfois d’un égoïsme enfantin.

Autant dire qu’elle ne semble pas taillée pour l’arène. Our autant, elle sait aussi manier ses armes pour tirer son épingle du jeu. Elle connaît ses atouts et la façon dont elle les utilise désarçonne parfois Snow lui-même et laisse à penser qu’elle est bien moins naïve qu’il n’y paraît. Et que dire de son comportement dans l’arène ? Certes, la survie fait ressortir des facettes insoupçonnées de chacun, mais j’avoue que je ne m’attendais pas à certaines actions. Femme enfant ? Naïve ? Manipulatrice ? L’énigme reste d’autant plus ouverte qu’on n’est jamais dans son ressenti et que l’on ne peut qu’interpréter ses actions, en fonction de la vision de Snow et de sa propre sensibilité.

Mon coup de cœur dans ce roman va à la fois à Tigris pour une phrase en particulier, lorsqu’elle avoue à demi-mot ce qu’il lui en coûte de maintenir les apparences, mais surtout à Sejanus Plinth. Il est le fils de ce que l’on pourrait appeler un parvenu, un profiteur de guerre. Il n’est pas un pur produit du Capitole puisqu’il est né dans les districts et il a du mal à trouver sa place. Traître à son district, pas tout à fait intégré au cœur de l’élite, ses états d’âme et les décisions qui en résultent m’ont beaucoup touchée, tout comme l’évolution de son lien avec Coriolanus.

J’ai beaucoup aimé, également, les jeux politiques, d’influence et de pouvoir, qui se dessinent déjà.

J’ai été très sensible aux clins d’œil lancés vers la trilogie d’origine -ou, si l’on reprend l’ordre chronologique, les graines qui auront poussé un demi-siècle plus tard.

 

La narration est très bien menée, servie par une voix très agréable et l’écriture de l’auteure.

Un seul bémol pour moi, le même que celui que j’avais trouvé dans la trilogie, la fin qui, pour mon goût, va très vite. Par gourmandise de lectrice ? Oui, mais pas seulement. Je suis un peu restée sur ma faim dans certains secteurs de l’histoire.

Mais si j’ai écouté à cette période ce titre, c’est aussi en prévision de sa sortie cinéma, au mois de novembre. Je voulais connaître le titre avant de voir le film et le voir suffisamment tôt après mon écoute pour l’avoir encore bien en tête.

Ainsi en a-t-il été (à peine trois jours entre la fin de l’écoute et le film en famille).

Que penser de la comparaison ? Servie par la réalisation du réalisateur historique de la sage, Francis Lawrence, le film tient la route, sans problème. Bien sûr, il a éliminé une partie des personnages pour ne pas alourdir le propos et il est difficile de bien rendre les doutes et les introspections des personnages (surtout de Coriolanus, le livre faisant le choix de ne pas s’intéresser en profondeur aux états d’âme de Lucy Gray).

Bien sûr, certaines scènes spectaculaires à lire m’ont semblé un peu édulcorées dans leur passage au visuel, voire carrément supprimées comme des obsèques à donner froid dans le dos. Là, le choix vient davantage, je pense, du public attendu dans les salles obscures.

Mais pour le reste, l’esprit est là et bien là, les conflits intérieurs -ou le manque de conflit d’ailleurs- des personnages sont malgré tout sensibles, surtout quand on a lu le livre en premier.

J’ai aimé confronter mon point de vue à celui de mes voisins de siège aka l’homme, jolie princesse et petit homme. Force est de constater qu’il leur a manqué un peu de cette profondeur, qu’ils vont retrouver puisque la version papier était au pied de leur sapin.

Comme moi, ils ont été un peu sur leur faim de la fin -pensant même qu’un deuxième volet était en prévision.

Mais à l’écoute, à l’écrit ou sur grand écran, pour tous, la même conviction, c’est un préquel très réussi, avec une belle construction, qui permet d’éclairer différemment un excellent méchant.

Quant à la version ciné, elle bénéficie d’un superbe casting, avec notamment la très belle découverte de Tom Blyth.

De quoi donner envie de lire, écouter, voir ou revoir cette ballade du serpent et de l’oiseau chanteur.

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