Titre Myrina Holmes 3/3 Possessions immatérielles
Auteur Anna Triss
Éditeur Black ink Editions
Date de sortie 29 juin 2020
Un titre à retrouver ici https://amzn.to/3Ot65Dl
Toutes les bonnes choses ont une fin, même les meilleures, même la saga Myrina Holmes qui m’a permis de passer des heures de lecture avec la plus badass des Traqueuses d’Infernum et Kellan Wills, l’Enragelé le plus insupportable de l’univers.
Pour un petit rappel des deux premières chroniques, c’est ici https://melimelodegwen.fr/myrina-holmes-1-3-d-anna-triss/ et là https://melimelodegwen.fr/myrina-holmes-2-3-d-anna-triss/
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Mais intéressons-nous au troisième et dernier volet de la romance urban fantasy d’Anna Triss.
Attention, à partir d’ici ça risque de spoiler.
Difficile de conclure une saga comme celle de Myrina Holmes. Il faut trouver l’intrigue, les situations, les mots, finir l’histoire sans verser dans la facilité.
C’est un défi que, sans surprise, Anna Triss a relevé avec brio.
Dans une histoire pleine de rebondissements, où chacun peut être tout et son contraire, où tout le monde peut être un allié, un ennemi, une force ou une faiblesse, notre duo terrible a fort à faire pour sauver le monde des humains, mais aussi Infernum, menacé comme jamais auparavant.
L’auteure retrouve les ingrédients qui ont tant fait aimer la série: de l’humour et des joutes verbales splendides, servies par des prouesses de langage hilarantes, un scénario haletant, une sensualité à donner chaud à l’enfer et des sentiments bien plus profonds que les précédents éléments ne l’auraient laissé croire.
Je m’emballe, je m’emballe, mais reprenons au commencement de cette ultime manche entre Kel et Myri.
Le Fédérateur, suite à l’attaque massive contre le gouvernement, a disparu. Il a tout largué derrière lui. Son pouvoir, ses affaires, ses amis, sa compagne. Envolé, évanoui, comme les réserves mondiales de sang le jour de bal de promo des vampires.
Comme on peut s’en douter, Myrina est … eh bien en fait, Myrina est méconnaissable. Son sale caractère explose -bon, je vous l’accorde, ce n’est pas si nouveau. Son côté maniaque atteint des sommets à faire pâlir de jalousie tous les animateurs d’émission de grand ménage. Son cœur, lui … est plein d’incompréhension, de colère, de toutes les phases du deuil et en même temps si vide de son connard préféré.
Kel a purement et simplement disparu de la surface d’Infernum. Oh, il lui a bien laissé un cadeau, un bracelet à breloques si symbolique que mon petit cœur de midinette a fondu. Mais à part ça, rien, que dalle, nothing, nada, nichts. Pas la trace d’une corne d’Enragelé.
Et ni son ami Sam, ni ses lieutenants démoniaques n’en savent plus.
Jusqu’à ce que …. Jussqu’à ce que Kellan réapparaisse, métamorphosé, cruel (bon, ce n’est pas une nouveauté, mais en fait, dans cette mesure, si tout de même), froid, prêt à imposer une dictature sur les démons -là aussi, vous me direz, on a l’habitude, oui, mais non !- et surtout flanqué d’une compagne qui n’est pas Myrina, mais alors vraiment pas !
Pire que cette trahison, Kellen entend mettre au pas les Vertueux, se livrant à une chasse aux sorcières -non, aux Vertueux, mais ça y ressemble- qui n’est pas sans rappeler des bien sales heures de l’histoire des humains.
Et malheur à qui se dresserait sur son chemin. Il n’y a plus ni ami, ni personnage référence pour se mettre en travers du couple infernal.
Face à cette trahison de tous les étages, que peut faire notre Traqueuse préférée ?
Une scène de ménage d’anthologie ? Pourquoi pas ? Noyer son chagrin sous des tonnes de crème glacée en cherchant à rassasier ses instincts succube ? À voir ? Mener une résistance à tout prix ? Oh oui alors !
Chercher des alliés, même les plus imprévus, même les plus inattendus ? Chiche !
Faire face aux défections, aux trahisons, aux incertitudes, naviguer à vue, surfer entre les dangers, voilà de quoi pimenter un peu sa vie.
Il est difficile de vous en dire davantage de l’intrigue sans prendre le risque d’en dire trop et de gâcher tous les moments où ma mâchoire a failli se décrocher de surprise.
Mais je peux vous raconter les raisons pour lesquels cet ultime volet est, à mon sens, largement à la hauteur des précédents.
Il y a, tout d’abord, le talent narratif d’Anna Triss, mais aussi la façon hilarante dont elle établit la communication entre ses personnages. On peut parler d’amour démoniaque comme on parle d’amour vache, les personnages ne s’épargnent pas et la lectrice y gagne un entraînement des zygomatiques et des abdominaux gratuits. Tiens, il faut que j’y pense au moment de négocier une remise de peine à la salle de sport !
J’ai beaucoup aimé les différents binômes de l’histoire qui évitent la mièvrerie à grand renfort de piques bien senties et de débordements de phéromones à distribuer des coups de chaud à toute une colonie de pingouins ! Je ne cite personne, mais certains m’ont touchée en plein cœur.
J’ai, au contraire, été très touchée par la profondeur des sentiments véritables qui émaillent ce récit, pas forcément là où on les attend et qui, je l’avoue, m’ont mis la larme à l’œil là où je me croyais immunisée. Ils rappellent que, quels que soient ses doutes et ses défauts, Myrina a su fédérer autour d’elle une belle colonie hétéroclite de gens qui l’aiment et sont prêts à beaucoup pour elle.
Elle se révèle même des qualités de rassembleuse sur son énergie et sa conviction. Là où les deux premiers volets montraient plutôt une hybride associale, ou du moins bien en peine à se conformer à des relations de groupe classique, ce dernier volet est, au contraire, bien plus marqué par les tribus de cœur et de raison. Et ça fonctionne particulièrement bien.
Ensuite, j’ai été prise par le rythme du roman. Les deux premiers mettaient en avant des enquêtes de type policier de l’Infernum. Ici, on est davantage dans la quête ultime jusqu’à une épreuve finale de haut-vol. Argh, qu’il est frustrant de ne pas pouvoir vous raconter tout le panel des émotions que j’ai ressenties devant le sadisme parfaitement assumé de l’auteure, mais elle a réussi un récit d’aventure de très belle facture. Les scènes d’action sont très réussies, elles sont extrêmement visuelles et permettent de s’y immerger entièrement.
Pour autant, ce roman ne se résume pas à des morceaux de bravoure enchaînés. Il y a aussi toute une stratégie qui se met en place pour faire tomber Kel et sa moitié maléfique. Là encore, Anna Triss surfe sur une crête de vague fragile et aérienne où le lecteur tremble pour ses personnages préférés, croise les doigts pour leur succès et menace franchement de virer paranoïaque à toutes les pages, dans toutes les circonstances, même celles qui, au final, se révèlent anodines.
Et puis, bien évidemment, Myrina Holmes est une romance. Celle-ci concerne plusieurs couples, réels ou espérés, dans une trilogie haute en sensations et à la sensualité brûlante. Lorsqu’on a des personnages Stuprènes, aux hormones perpétuellement en ébullition, ce sont des choses qui risquent fort de survenir, et l’arrivée de nouveaux couples n’adoucit pas l’ambiance, loin de là !
Anna Triss propose une romance particulièrement spicy, incandescente, où les scènes sensuelles s’insèrent parfaitement dans la lutte et la quête de chacun des personnages. Lorsque les personnages peinent à s’entendre, à communiquer, leurs corps, eux, ne mentent pas. Ils se retrouvent, ils communiquent, ils ne peuvent se duper et font avancer l’histoire.
Enfin, cet ultime volet laisse en suspens des dilemmes essentiels autour du duo terrible. Ont-ils un avenir ? Un avenir ensemble ?
Ne comptez pas sur moi, bien évidemment, pour vous le raconter. Pour ce faire, il faudra plonger dans l’univers de Myrina Holmes et, croyez-moi, vous ne le regretterez pas, par la corne de Kel lui-même !
