Animaux nocturnes 2/3 d’Angel Arekin

by Gwen

Titre Animaux nocturnes tome 2: the Lost man

Auteur : Angel Arekin

Éditeur : black ink Éditions

Date de sortie : 4 novembre 2022

Un titre à commander ici: Animaux nocturnes 2 The lost man

 

Attention cette chronique peut contenir des spoils pour ceux qui n’ont pas encore lu le tome 1

 

J’ai laissé passer quelques semaines après l’écoute du premier volet des Animaux Nocturnes (The Crow girl, chronique à retrouver ici https://melimelodegwen.fr/animaux-nocturnes-1-3-d-angel-arekin/ ) pour digérer un peu les émotions intenses générées par ma lecture. Ça tombe bien, Angel Arekin a laissé deux ans à ses héros pour tenter de digérer les dernières pages du premier volet de l’histoire.

À en lire les premiers chapitres, pas sûre que ce soit suffisant. Le quatuor rescapé de Dorchester suit des trajectoires  diverses et souvent accidentées.

Damian, toujours derrière les murs de sa prison, tente de contrôler son univers. Les visites mensuelles de Dean, le jeu malsain qu’il tente d’imposer à Jude, une certaine vision de la justice made in Evans et bien sûr les très nombreux courriers de ses fans, de femmes prêtes à tout pour lui ponctuent son quotidien de prisonnier à perpétuité.

Jude survit, faute de parvenir à franchir le pas pour commettre l’acte irréparable, celui qui le délivrerait des souffrances qui lacèrent son âme, empoisonnent son cerveau et amenuisent son corps. Il n’est plus policier. Il n’est plus grand-chose d’ailleurs à part un alcoolique à la dérive, maintenu malgré lui dans le fil ténu de l’existence par la surveillance sans faille de Dean et l’acharnement d’Anabelle.

C’est d’ailleurs à la fratrie West que l’on doit, bien malgré elle, le déclenchement de l’intrigue de ce second volume.

Dean a disparu. Ce n’est pas volontaire. Ce n’est pas bon signe.

Entre deux cris et trois insultes, c’est ce qu’Anabelle vient expliquer à son amour de toujours, trop empêtré dans les vapeurs d’alcool et sa déchéance pour comprendre tout ce qu’il a raté au cours des derniers mois. Dean a mené l’enquête, de son côté, avec minutie, acharnement et, il faut bien le dire, un certain talent. À la recherche d’autres victimes potentielles de Damian, il a exhumé un autre tueur en série, tout aussi redoutable, qui a semé pendant des années des corps sur son passage avant d’évoluer dans son mode opératoire.

Mais Dean a disparu.

Trop impliqué dans sa tâche, si obsédante qu’elle lui a fait sacrifier Kirsten, sa petite amie ? Trop saturé des horreurs qu’il a découvertes ? Trop proche de la vérité ?

Anabelle, personnage attachant –on pourrait même dire collant- et déterminé, est convaincue que ce n’est pas bon signe. Leur passé sordide a tissé entre le frère et la sœur un lien unique, fusionnel qui rend presque inenvisageable une disparition volontaire et définitive.

Aussi la jeune femme a-t-elle besoin de celui qui, tout en ayant renoncé à son statut de flic –en l’état, quelle personne censée le laisserait encore exercer?- en garde tous les réflexes, en connaît tous les mécanismes et dispose de surcroît de cet étrange talent à se glisser dans la tête des pires monstres.

Tout ce que Jude refuse de vivre à nouveau.

Depuis le “succès” amer de sa dernière enquête, il ne veut plus en mener. Il ne veut plus ressentir. Plus rien. Ni la peur, ni l’attachement, encore moins le désir incongru qu’il éprouve pour la “petite sœur de Dean”.

Oh, Jude n’est pas dupe. Anabelle a toujours été amoureuse de lui, comme on s’imagine un héros pour échapper à une réalité trop cruelle. Mais il n’a rien à lui apporter. Il est trop vieux, trop usé, trop fracassé. Des relations intimes, il ne connaît plus que les déviances de ses rapports tarifés. Des sentiments, il n’en a jamais vraiment connu et à chaque fois qu’il a cru s’en approcher, il a semé la mort. Alors risquer d’embarquer dans sa noirceur la petite sœur de Dean, de ce frère de cœur qui ne l’a jamais abandonné même quand il s’est révélé le pire des amis, le plus cruel des sans cœur, plutôt partir en vacances avec Damian!

En vacances avec Damian non, en enquête aux allures de roadtrip avec Anabelle par contre …

Épaulé par Thomas Wilson, que j’ai retrouvé avec plaisir, Jude retrace le trajet de Dean, retrouve dans ses dossiers les réflexes plus solidement chevillés à son âme qu’il ne l’avait cru. Il retrace le chemin de Dean, quitte à passer par la case Damian. Le tout, bien sûr, en compagnie d’Anabelle, la révélation de ce second volet.

Comment décrire Anabelle? Obstinée? On pourrait même dire bornée par moments, déterminée, grande gueule, dépourvue de tout instinct de survie pour les deux hommes de sa vie. J’ai été stupéfaite par ce petit bout de femme capable de se jeter dans la gueule du loup -même si Jude est un loup des plus appétissants- et d’en endurer beaucoup pour qu’il aille mieux.

On pourrait la supposer soumise aux délires de l’ange déchu. Ce serait une lourde erreur. Elle ne ploie que pour mieux se redresser, ne plie que pour mieux LE relever. Avec une minutie et une détermination sans faille, elle abat une à une les murailles que Jude a dressé entre lui et le reste du monde.

Parviendra-t-elle à ses fins? Je laisse le talent de l’auteure vous en livrer la réponse. Pour ma part, j’en ai déjà dit beaucoup.

J’ai été, on l’aura compris, totalement prise au piège de ce deuxième volet.

D’abord, j’ai totalement adhéré à l’enquête menée par Jude, Anabelle, Wilson et quelques autres. L’intensité ne se dément pas une minute. On reste souvent en apnée dans l’attente des avancées, l’œil sur la montre et l’estomac bien secoué par certaines scènes. Plus encore que ce qui est décrit, c’est tout ce qui est laissé à l’imagination qui m’a fait passer quelques moments stressants.

Ensuite j’ai beaucoup aimé la relation entre les personnages. J’ai ainsi découvert Dean sous un autre éclairage, plus important, même s’il est le “héros” malgré lui de ce second volet ou l’un des protagonistes essentiels. Les valeurs qu’il projette, en particulier pour prendre soin de Jude ou de sa sœur, pour mieux comprendre Damian, en font un personnage attachant jusque dans ses failles.

À plusieurs reprises, c’est son humanité, sa réaction sans filtre aux situations qui m’a touchée.

On ne peut prêter les mêmes caractéristiques à Damian qui, question humanité … bref.

Pourtant j’ai beaucoup apprécié le contexte dans lequel on le retrouve. Il permet de mieux comprendre la relation entre la “bête de Dorchester” et Jude. Elle est complexe, ambiguë. Il fallait beaucoup de subtilité pour la rendre à la fois crédible et urticante. Le talent d’Angel Arekin pour la psychologie de ses personnages fait encore une fois merveille.

Le même constat s’adresse au soin mis à traiter le personnage d’Anabelle. Elle paraît brute de décoffrage mais il faut beaucoup de touches successives pour esquisser son portrait et en faire l’un des pivots de cette histoire.

Un dernier mot pour la façon dont je me suis appropriée cette histoire. J’ai de nouveau opté pour la version audio du roman. La voix retenue pour Jude reste un plus incontestable dans un récit où la puissance des mots, la force des sons, la musicalité des phrases contribue activement à la narration. Je tenterai peut-être une relecture plus traditionnelle. Mais pas pour tout de suite. J’ai fini d’écouter ce tome 2 juste avant la sortie du troisième et dernier volet. Il m’attend déjà -et vu le final de ce Lost man, j’en attends le meilleur. Il va m’attendre encore un peu, juste le temps d’apaiser mon cœur et de reprendre mon souffle. Pas plus. On ne fait pas attendre Damian Evans, ça risque de le mettre de mauvaise humeur!

 

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