Reckless de Juliette Pierce et Chlore Smys

by Gwen

Titre Reckless

Auteurs Juliette Pierce & Chlore Smys

Éditeur Black ink Editions

Date de sortie 7 octobre 2022

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Quelques semaines après avoir fondu d’amour pour Cassius Blackwell, le héros de Darkness (voir chronique ici https://melimelodegwen.fr/darkness-de-juliette-pierce-et-chlore-smys/ ), me voici de retour en Floride, là où les hommes sont des merveilles, les femmes des trésors de failles assumées, là où les plages sont belles, où les empires financiers se confrontent. Là aussi où, comme ailleurs, des adolescents entrent dans des lycées et y font un carnage.

Silas est un personnage de l’ombre, connu pour ses défis de trompe la mort et ses comportements amoureux excessifs. Mais au-delà de cette réputation, qui le connaît vraiment ?

Pas forcément son père qui ne voit en lui que l’avocat attaché à sa firme, l’électron libre dont les prises de position le décontenancent souvent. Pas davantage sa mère qui le trouvait plus simple à comprendre lorsqu’il fallait aller apaiser le proviseur pour la dernière frasque de la fratrie Blackwell. Son frère Cassius ? La distance géographique les a séparés. Leur façon de mener leur vie continue de creuser un fossé en dépit de leur affection intacte. Perséphone, alors ? Les deux terribles sont restés sur place après le drame. Ils ont survécu ensemble, se sont reconstruits ensemble ; ils sont extrêmement proches, la preuve, ils vont généralement en binôme aux soirées de charité et autres galas de bienfaisance. Mais pas cette fois. Persie a un autre cavalier en vue, au grand dam de Silas dont on sent très tôt à quel point il se sent décalé dans son propre clan.

Pourtant, les Blackwell forgés des sentiments très forts et cimentés par le drame, sont ce qu’on peut appeler une famille aimante. Bien sûr, elle n’est pas parfaite. Mais même les mots durs qu’on peut échanger n’empêchent pas l’amour. C’est pour ça, d’ailleurs qu’ils blessent tant. C’est pour ça que l’incompréhension est si dure à supporter.

Mais revenons à notre histoire.

Pour cette fameuse soirée à Denver, Silas doit venir accompagné. Il est à deux doigts de céder à une bonne provocation, jusqu’à tomber sur la perle rare. Une apparition aux cheveux bleus, noyée dans la neige d’Aspen. Une jeune fille qui éveille les instincts protecteurs de Silas et lui donne suffisamment confiance pour l’inviter à la soirée.

Delia ne ressemble pas à celles qu’il fréquente ; elle est plus jeune, plus pure, plus fraîche. Son cerveau et ses émotions fonctionnent différemment. Il ne connaît d’elle que son prénom. Pourtant, il en est sûr, elle peut donner des couleurs d’azur à ses idées noires.

Mais le problème dans les secrets, c’est lorsqu’on les révèle. Et lorsqu’on apprend que Delia n’est pas « que » Delia la skieuse. Elle est aussi Alkea Hearst. Deux mots porteurs de deux réalités incompatibles avec le moindre rêve bleu.

Elle est une star internationale de la chanson, à peine majeure, couvée par des millions de fans dans le monde. Elle est aussi la fille des rivaux et ennemis jurés de la famille Blackwell, des parents à la fille aînée, Isobel.

Comme moyen de se fondre dans la masse … Il y avait plus simple ou plus évident. Mais renoncer à ce que Delia fait naître chez Silas, et réciproquement ? Laisser passer la chance d’une aventure sublime pour plaire aux siens et suivre les diktats extérieurs ?

Il en faudrait bien plus pour convaincre Silas Blackwell.

J’ai fondu pour cette histoire et pour ce héros. Je pense même que je l’aime encore plus que Cassius (désolée, ne me jetez rien dessus !) parce qu’il m’a touchée et émue avec une intensité folle.

 

Les deux frères Blackwell ont vécu la tuerie à deux endroits et de deux façons différentes. Le traitement qui leur a été réservé n’est pas le même. Les séquelles qu’ils en gardent diffèrent aussi ; la preuve que, même dans une fratrie aussi unie, il est des événements intimes que chacun vit à sa façon.

Dès le premier chapitre, Silas Blackwelle ressemble de très près au héros qui s’ignore. Là où ses réussites forcent le respect, il ne voit que l’échec. Il est de taille, bien sûr, mais Silas ne voit que lui, ne vit qu’à travers lui. Ce poids sur le cœur et la conscience déterminent grandement qui il est. Il est celui qui fait passer les autres avant lui, sans que ses efforts soient vraiment reconnus.

Avocat dans l’entreprise familiale, il déteste son travail mais serre les dents pour ne pas contrarier son père et correspondre à ses attentes.

Désespérément désireux d’être aimé, il pense pourtant ne pas le mériter et, par son comportement, il peut faire fuir les plus solides.

Il affiche une assurance pleine de morgue, défie la mort dans des scènes extrêmes. Pourtant, lorsqu’il tombe le masque, ce n’est pas seulement le syndrome du survivant qui l’anime, aucune certitude de pouvoir survivre à tout. Il y a du désespoir dans les silences de Silas, dans ses nuits peuplées de trop de rêves noirs, dans son incapacité à montrer aux gens qu’il aime à quel point il tient à eux.

Pourtant, il donne le change.

Et cette fêlure que n’importe qui, dans notre entourage, peut cacher à ses proches pour plein de fausses bonnes raisons, m’a profondément émue. Silas est là pour chacun. Mais qui est là pour lui quand il plonge ?

Cette partie du roman m’a bouleversée par sa réalité. La fratrie Blackwell est proche, à l’écoute. La preuve, le silence radio est la pire des punitions, pire encore que les mots qu’on se lance à la figure. Pourtant, qui, des parents ou des frère et sœur, est vraiment capable de passer derrière l’armure, de prendre les blessures à pleines mains et de les apaiser une à une ?

Et si c’était cette petite fée aux cheveux bleus, si parfaitement imparfaite ?

Delia vit dans un monde à part. Les auteures du roman la traitent avec beaucoup de délicatesse -à la différence de sa famille à qui j’ai collé quelques noms d’oiseaux bien sentis. Mais on comprend néanmoins, une intelligence différente, que certains prennent, à tort, pour une déficience. Une difficulté à adopter les codes, à entrer dans le moule.  Ce que certains prennent comme une tare, Juliette Pierce et Chlore Smys en font une force, un surplus d’affection, d’amour et de bienveillance. Delia est un personnage qui fait du bien. À ses fans, bien sûr, qui se montrent souvent trop pressants, trop envahissants, qui se permettent de juger de sa vie, de ses choix et des rumeurs, mais qui s’évadent avec elle. À Silas, qu’elle accepte sans jugement, avec une candeur que certains prennent pour de la faiblesse ou le défaut de son jeune âge, alors qu’il ne s’agit que d’amour pur et d’empathie.

Elle m’a aussi fait du bien parce qu’elle accorde une seconde chance. J’ai souffert des instants où elle se laisse rabaisser, manipuler. J’ai eu envie de lui ouvrir les yeux sur quelques réalités, coincées entre son manager Finn et ses parents. J’ai eu le cœur plus serré encore lorsque, formatée par tout le mal qu’on a dit et pensé d’elle, elle se dévalorise.

J’ai eu, moi aussi, des instincts protecteurs parce qu’on ne fait pas de mal aux gens purs en partant du principe que c’est une faiblesse !

 

J’ai aussi beaucoup aimé, dans ce roman, la poursuite du rêve. L’argent est important. Les Hearst montrent qu’il ne suffit pas à faire le bonheur. Mais pour Delia comme pour Silas, il ne représente qu’un moyen de suivre son rêve. Celui de Silas ne nécessite pas d’amasser des fortunes. Celui de Delia était peut-être plus fort lorsqu’elle ne composait que pour elle, pour exprimer ce que ses paroles portaient si mal. Elle était libre, alors, de sa création, d’une inspiration qui peine à survivre au star system et aux impératifs commerciaux. Aujourd’hui, seules ses couleurs de cheveux -et encore- lui permettent de faire passer ses messages.

Leur âge, leur expérience, leur vécu les sépare. Leur moi profond n’est peut-être pas si éloigné.

Ce thème de l’âge et de l’expérience est également au centre des préoccupations. À peu de choses près, Delia a l’âge qu’avait Silas lorsque l’enfer a crépité autour de lui. Par certains aspects, elle m’a semblé être une deuxième chance. Une partie de la jeunesse de Si est morte ce jour-là en salle de sciences. Delia peut sembler le dernier maillon pour fermer la boucle. Pour autant, quoi que leur entourage -et le public- en pensent, j’ai trouvé leur relation très belle. Certes, il y a chez Silas un petit aspect Pygmalion qui m’a, au départ, un peu chiffonnée. Mais il s’estompe parce que, quelque part, Silas apprend, lui aussi, à vivre un premier amour. Il a juste eu plusieurs occasions pour s’y entraîner.

Pour autant, j’ai été touchée par la délicatesse des auteures pour dépeindre cette découverte de l’amour, à deux, qui guide le roman.

La romance est bouillante, sexy, spicy et tutti quanti. Mais elle est amenée de telle manière qu’elle n’en est que plus puissante.

Ensuite, j’ai aimé retrouver la tribu Blackwell -et les perches lancées vers Perséphone n’y sont pas plus rien. Rassure-toi, Princess, ton histoire et cette couverture superbe n’attendront pas longtemps.

Et pour finir, j’aimerais partager avec vous mon expérience Reckless. J’ai lu Darkness en numérique, je lirai Princess en papier. Mais sur des conseils très avisés, j’ai écouté Reckless, faisant ainsi connaissance avec la voix de Charlotte Cœur et de Slimane Yefsah. Et quelle découverte ! La voix de la première colle parfaitement à ce que j’imaginais de Delia, à la fois fraîche et jeune, pétillante, mais aussi rongée parfois par le doute et l’incompréhension. Et puis il y eut Monsieur Yefsah. La liste de ses contributions récentes et à venir donne le tournis. Mais après avoir écouté Silas sous ses cordes intonations, je comprends mieux. Plus qu’un lecteur ou un narrateur, on ressent le talent de l’acteur dans sa façon d’incarner Silas sous toutes ses facettes, le séducteur, le joueur, l’homme plein de doutes, de colère, l’amant, mais aussi l’homme au bord du désespoir. Et là. Au souvenir de certains chapitres, l’émotion remonte encore à la surface avec une précision qui en dit long sur le degré de réussite.

Le texte écrit est une pépite. Sa version audio ne le rend que plus fort encore.

Et dire qu’il reste encore un tome pour aller plus haut dans l’émotion Blackwell. Je suis impatiente de découvrir Perséphone autant que je redoute d’arriver bien trop vite au mot « fin » de cette saga. Une série, c’est sûr, dont je ne sortirai pas tout à fait indemne mais certainement enrichi de toute la profondeur des cœurs de Juliette et Chlore.

Alors Persie, tes tatouages, ton caractère et tes réparties, tiens toi prête. On se voit bientôt !

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