Réminiscences-1- de Julie Saurel

by Gwen

Titre Réminiscences volume 1 

Auteur Julie Saurel 

Éditeur Plumes du web 

Date de sortie 3 mai 2022 

Un titre à retrouver ici Réminiscences 1 ou sur le site  https://www.plumesduweb.com/produit/reminiscences-tome-1-julie-saurel-broche/

J’ai découvert Julie Saurel dans la Dernière chamane (chronique ici https://melimelodegwen.fr/la-derniere-chamane-de-julie-saurel/  ) et j’attendais avec impatience de retrouver son univers riche, ses personnages complexes et ses intrigues à rebondissements. Réminiscences possède toutes ces caractéristiques et même plus. 

Nous restons dans un univers fantastique, mais cette fois ci dans un futur à la fois proche et très éloigné. 2053, Hannah Grant habite dans la cité tentaculaire d’Arkney. Autant vous le dire tout de suite, on est très loin de la cité idéale telle qu’on s’imagine la ville du futur. On y voit rarement le ciel bleu ou alors sur des posters. L’usage des véhicules est limité,  réservé à une élite. Les transports en commun sont communs, mais transportent moins sûrement ! Toute la population s’accommode comme elle peut de cette situation. Hannah, quant à elle, est inspectrice de police. Elle  fait équipe depuis si ans avec Stan, sous les ordres du capitaine Mayers. 

Si certains attribuent à l’intuition de la jeune femme son efficacité au travail, la réalité est un peu différente. Hannah voit les auras de tous les gens qui l’entourent, ce qui lui permet plus facilement d’identifier un criminel ou au contraire un innocent. Elle partage sa vie entre Matthew, son père d’adoption, un prêtre qui tente de tenir à flot son église en difficulté face à l’ascension du culte de Alarenn et son fiancé Théo, substitut du procureur, un fiancé charmant, bien sous tout rapport, qui correspond exactement à ce dont elle a besoin. Pourtant, elle est incapable de s’ouvrir pleinement à lui, de lui confier tous ses secrets, sans doute pour le préserver de tout ce qui pourrait nuire à leur bonheur.

La vie n’est donc pas toute rose à Arkney, loin s’en faut. Des bâtiments vétustes et ce ciel gris qui oscille du sombre au sale.

Mais c’est l’univers d »Hannah et elle s’y adapte aussi parfaitement que possible en tout cas jusqu’à l’arrestation d’un inconnu qui semble en savoir bien trop sur elle. Meurtrier, arrogant, provocateur, il fait vaciller sa certitude en plantant habilement des banderilles qui stimulent la curiosité de la jeune femme et décuplent une volonté de comprendre.

Une enquête perturbante? À n’en pas douter! Son amie Cassidy, légiste de son état, lui apporte son concours et une certaine quantité de réponses, mais ce n’est pas assez. Hannah le sent, une partie des réponses est en elle.  Commence alors une série de rêves qui ont une forte saveur de déjà-vu et des événements inédits qui déstabilisent l’enquêtrice. À qui se fier? Sans doute pas à son fiancé -ils ne mélangent pas travail et vie privée- encore moins à son patron qui hésite à la laisser en poste. Et s’il fallait vraiment discuter avec l’atypique prisonnier?

Impossible de se fier à son don lorsque l’inconnu est entouré d’une aura uniformément noire et sans nuances. Le seul moment où Hannah croit entrevoir quelque chose en cet être insupportablement arrogant, c’est dans les rares instants où elle parvient, à son tour, à le déstabiliser. 

Ce qui échappe alors à l’étrange prisonnier n’est pas plus clair. De la colère, de la rancœur, des regrets parfois même. Comment Hannah pourrait-elle inspirer de telles réactions à un être imprévisible dont elle ne sait rien ? Et lui, que sait-il vraiment d’elle ?

Orpheline abandonnée sur le pas de l’église, Hannah s’est contentée, jusqu’à présent, de la vie qu’elle s’est construite avec Matthew. Pourtant, l’intrusion de l’inconnu lui ouvre d’autres perspectives et un afflux d’images qu’elle ne sait comment classer. Un rêve? Une intuition? Des réminiscences? Et s’il en est ainsi, à qui appartiennent-elles?

En menant son enquête, ce n’est pas seulement des meurtres que l’enquêtrice aux cheveu d’un blond de neige doit résoudre, mais aussi une quête bien plus personnelle et passionnante.

J’ai aimé ce roman pour de multiples raisons.

Tout d’abord, j’aime la façon dont Julie Saurel dépeint son univers. J’avais été conquise par les landes hors d’âge de la Dernière Chamane. J’ai été embarquée tout aussi facilement dans le léger futur proposé ici. L’autrice pose un décor tangible et clairement identifiable qui fonctionne parfaitement. Parallèlement au gris quotidien, j’ai été d’autant plus sensible aux lumières et aux couleurs qu’on trouve -ailleurs.

Ensuite, j’ai plongé pleinement dans l’intrigue de ce roman et son enquête à tous les étages. Il y a une enquête à résoudre. Un meurtre étrange a été commis contre une femme qui ne l’était pas moins. Mais cette affaire fait ressortir d’autres homicides qui semblent largement liés à celui-ci. Cette investigation est d’autant plus importante qu’Hannah y est impliquée à plusieurs titres.

Mais ce roman est aussi une enquête de la jeune femme sur elle-même. Pour cerner le meurtrier, elle doit le comprendre, appréhender le lien qui les unit et par voie de conséquence, se retrouver elle-même. Tout est mené avec efficacité et fluidité dans une histoire de belle facture.

Alors bien sûr, je vous mentirais si je vous disais que je n’ai pas, rapidement, pressenti une partie de l’intrigue. J’en étais satisfaite, mais sur le qui-vive. Difficile de ne pas se méfier lorsque tout paraît évident! C’est une autre force de ce récit. Ne pas foncer sur l’évidence, ne pas réduire l’univers et ses personnages à du tout blanc ou tout noir. Il existe -et Hannah l’expérimente chaque jour, des milliers de nuances pour passer d’un extrême à l’autre et j’ai aimé en parcourir certaines.

Ensuite, je me suis attachée aux personnages.

Matthew incarne une forme de bonté très touchante. Il aime Hannah comme sa fille, la protège comme telle. Il est prêt à tout pour veiller sur cet enfant de cœur.

J’ai eu davantage de difficulté à cerner Theo, sans doute parce que l’autrice lui donne un rôle plus nébuleux, plus difficile à appréhender. L’homme est parfait, et c’est cette perfection qui peut se révéler presque gênante. 

À l’inverse, l’inconnu gagne être connu. Il est provocateur, fait sortir Anna de ses gonds plus souvent qu’à son heure. La connaissance qu’il semble avoir d’elle est un véritable atout dans le roman. Dans le même temps, si son aura reste si souvent sombre, il est difficile de le suivre entre une colère apparente, une suspicion évidente et tout un tas d’éléments qui montrent qu’il prend soin d’Hannah, presque malgré lui.

Le personnage d’Hannah, justement, est un véritable atout pour ce roman. C’est une femme déterminée, qui n’a pas froid aux yeux. lle n’aime pas vraiment obéir aux ordres qu’on lui donne sans rien lui expliquer. Toute l’histoire est fondée sur la lutte interne entre un esprit rationnel et toutes les découvertes qui ne le sont absolument pas. Cette dualité et menée très finement par l’autrice. Elle contribue grandement à créer une sensation de déséquilibre et de malaise tout à fait délectable. J’ai retrouvé avec plaisir la plume de Julie Saurel, toujours aussi bien maîtrisé et sa faculté à dépeindre les sentiments et adresser un univers parfaitement tangible. 

Enfin, s’il fallait un dernier élément pour vous convaincre de plonger dans ces Réminiscences, ce serait la romance, un slowburn frustrant à souhait, l’un de ceux qui m’incite encore davantage à attendre une suite que je devine déjà somptueuse, sombre et rebondissante à souhait. Vu le nombre de portes entrouvertes, je n’en doute pas un instant.

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