Bas les griffes d’Ambre de Langevin

by Gwen

Titre Bas les Griffes

Le cœur des maudits tome 2

Auteur Ambre de Langevin

Editeur Plumes du Web

Date de sortie 27 avril 2021

Un titre à commander ici Bas les griffes ou en pack chez les Plumes du Web https://www.plumesduweb.com/produit/pack-le-coeur-des-maudits-ambre-de-langevin-broche/

Une saison après mon coup de cœur pour Bas les crocs (chronique ici chronique Bas les Crocs podcast là Podcast bas les crocs) me revoici dans l’univers d’Ambre de Langevin avec un plaisir tout aussi grand.

Le cadre reste le même, l’Ecosse, même si cette fois, c’est la délicieuse ville portuaire d’Aberdeen.

Parmi ses 210 000 habitants environ se trouve Tia Sutton, une jeune cuisinière.

C’est une jeune femme sans histoire, sans beaucoup de loisirs en dehors de ses jeux vidéo, sans réels amis en dehors de son colocataire Ellis, sans réelle passion en dehors de la cuisine.

Pourtant, dans cette vie bien rangée, Tia ressent une inquiétude diffuse. Peut-être est-elle due à la série de meurtres qui ont agité le pays quelques temps plus tôt? À moins qu’elle n’ait trait à l’impression d’être suivie, épiée, observée.

Mais lorsqu’un soir après la fermeture du restaurant, Tia se retrouve attaquée par des êtres aux yeux rouges et aux intentions malveillantes, plus de doutes… Quoique!

Comment expliquer la façon incontrôlable dont ils ont été repoussé, dont Tia a pu s’échapper et s’en sortir moins mal que prévu?

Et que signifie l’inscription qui apparaît soudain sur sa peau, lui indiquant un lieu et un prénom. Léto.

Si si, la Léto de Bas les Crocs. Elle-même en crocs et en causticité. En expérience et en désespoir. En soutien discret mais attentif. En fort caractère et en failles abyssales.

Commence alors pour Tia une quête pour comprendre qui elle est, d’où elle vient, les raisons pour lesquelles la communauté surnaturelle semble avoir plus qu’une dent contre elle.

C’est aussi une quête initiatique pour apprivoiser ses origines, car elles sont la clef qui non seulement pourra la sauver elle, mais aura aussi un impact pour tout son nouvel entourage.

J’ai beaucoup aimé ce deuxième volet, centré sur l’énigme qu’est Tia. Bien évidemment, pour éviter les spoils, je ne vous en dirai pas tellement plus.

Sachez que j’ai été touchée par cette femme que l’on pourrait trouver banale -et j’ai un faible pour les personnages du quotidien- et qui, confrontée à une situation qui est loin de l’être, sait trouver en elle des ressources de pragmatisme et d’adaptation.

Dans sa quête, elle reçoit l’aide de deux personnages antinomiques avec qui elle entretient des liens insoupçonnés, Maïa et Don. S’ils n’ont qu’un rôle subalterne dans son cheminement, ils ont l’avantage de poser l’ambiance pour ce qu’elle sera tout au long du récit. Périlleuse, instable, pleine de danger et de mordant, de découvertes de soi et des autres.

Mais le point fort de ce roman, c’est sans conteste le retour de l’équipe des chasseurs du clan Morley, Christopher en tête et son cadet Logan à ses côtés. Ils sont épaulés par Darren Bain, l’inspecteur de Dundee qui a, depuis, intégré de façon plus ou moins définitive ces justiciers d’une autre étoffe.

C’est auprès de cette équipe et de leur énigmatique protectrice Léto qui Tia développe sa meilleure chance de survie.

Parmi les grandes réussites de ce roman, il faut noter l’équilibre entre l’ancien et le nouveau. C’est un exercice difficile dans un spinoff. Et Ambre de Langevin le réussit sans peine.

Il est souhaitable d’avoir lu le premier volet pour attaquer le second. D’une part parce que je l’ai dévoré avec gourmandise, mais surtout parce qu’il replace des intrigues et des personnages qu’on utilise dans cet opus comme Benedicte la sorcière ou les frères Kravtchenko, présentés comme des juges de paix dans le premier volet et que l’on découvre ici dans toute leur réalité.

D’autre part parce que loin d’être une histoire totalement nouvelle avec une nouvelle héroïne où l’on viendrait saupoudrer l’intrigue de visages connus, on est davantage dans la suite de cette chronique du cœur des maudits. Et bien que cette histoire traite majoritairement de l’initiation de Tia et de sa lutte pour la survie et pour accepter sa vraie nature, c’est aussi l’histoire de Léto, à la fois semblable et différente de celle que l’on connait déjà.

Le personnage me fascine toujours autant. Si elle semble moins portée sur le scotch -en même temps, difficile de trinquer lorsque son vieil ami de soirée arrosée n’est plus- elle est bien plus désenchantée, bien plus sombre et solitaire.

En dépit de tout ce que sa longue mort lui a appris, elle a pris conscience, une nouvelle fois, que la vie, même pour les personnages surnaturels, a un terme et que, du haut de ses quatre mille ans, tôt ou tard, elle doit dire adieu à ceux qu’elle a connus, aimés ou simplement côtoyés.

Difficile dans ces conditions de lui reprocher d’être un tel courant d’air avec Tia. Pourtant, elle veille sur elle de près, mais dans le même mouvement, elle s’éloigne dès que la jeune femme tente de se rapprocher.

Et si le sauvetage de la jeune cuisinière était aussi celui de la vieille immortelle?

J’ai aimé ce roman pour la force et le désespoir des sentiments qui l’habitent. Si certaines sensations sont démutlipliées, il y règne un vague à l’âme qui pèse sur tous Que ce soit l’inspecteur Baine qui renonce aux premiers mois de sa fille pour achever ce qu’il a commencé, sans certitude d’en sortir entier. Que ce soit pour Logan, les yeux pleins d’amour et le cœur meurtri. Que ce soit pour Tia qui touche du doigt des sentiments qui lui ont échappé si longtemps. Que ce soit pour les amitiés et la solidarité fortes qui naissent et éclosent mais éclatent aussi facilement.

Il y a beaucoup de raisons d’avoir un petit pincement à l’âme en lisant ce roman, mais tout autant de motifs d’entrevoir le jour.

J’ai, tout autant que dans le premier opus, été happée par les scènes d’action. Elles sont intenses, menées tambour battant. Je les ai trouvées très claires et elles ont été, à mon sens, particulièrement efficaces. Lisez donc l’attaque de la base américaine et vous m’en direz des nouvelles.

Mais ce qui m’a surtout séduite dans ce roman, c’est la découverte de la nature de Tia et tout ce qu’elle implique. Cet équilibre entre la raison, la passion, le ressenti et le raisonné, l’instinct et l’exercice rythment un récit où le cheminement n’est jamais donné ni évident. Le pouvoir est une bénédiction tout autant qu’un danger et chacun de ceux qui le possède -du moins dans le camp cher à mon cœur – en a parfaitement conscience.

Mais parce que ce roman ne se contente pas d’une vision manichéenne, même les « gentils » peuvent avoir la tentation de mal, parce que donner un pouvoir si grand à quelqu’un dont la souffrance n’a pas de limite, c’est tout de même un sacré pari.

L’autrice relève haut la main toutes ses questions presque philosophiques, sans lourdeur ni ton professoral, mais juste en acceptant de vivre, de ressentir et en faisant ce qui paraît le mieux pour la sauvegarde de ce qui vaut la peine d’être défendu.

C’est l’une des raisons pour lesquelles je ne me suis pas ennuyée un instant dans le sillage des Morley, de leurs protégés et de leur protectrice.

Et si l’épilogue semble fermer un chapitre, je ne peux m’empêcher de me dire que l’éternité est encore longue et qu’il y a, qui sait, encore de la place pour de nouvelles aventures.

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