Elementals: irrésisitble ennemi de Wendy Roy

by Gwen

Titre Elementals: irrésisitble ennemi

Auteur Wendy Roy

Date de sortie 12 octobre 2022

Un titre à commander ici Elementals

 

Rien ne va plus entre les royaumes des hommes. L’équilibre entre les quatre royaumes de la Terre, les terres d’Agartha, de l’eau, la cité d’Ys, de l’air, le royaume d’Hyperborée et du feu, le royaume de Pyrène, a volé en éclat.

Si les deux premiers restent à l’écart, c’est entre l’air et le feu que le temps est à la guerre depuis près de deux siècles, depuis qu’Alcide, roi d’Hyperborée et promis de Pyrène Sol a assassiné cette dernière avant de prendre la fuite.

Depuis, les lignées de reine hurlent vengeance, à l’image d’Elinora Sol, l’actuelle souveraine. Dans son royaume matriarcal les filles sont préparées dès leur plus jeune âge à se battre. Une impitoyable Sélection, dont toutes ne ressortent pas vivantes, détermine qui est apte à se battre et l’usage qu’elles feront de leur don. À Pyrène en effet, toutes les guerrières savent maîtriser le feu, soit pour attaquer, soit pour soigner, soit pour voyager. Toutes?

Ou presque, si l’on excepte Tanwen Sol, fille de la générale en chef Shawa Sol, nièce de la reine actuelle, cousine et rempart de son héritière Edana.

Tanwen est une guerrière hors pair, mais elle est, aux yeux des siens, une sorte de paria, la faute à son sang mêlé dont la plupart des royaumes se sont débarrassés.  Fille de l’eau et du feu, elle ne maîtrise aucun des deux éléments. Tout au plus est-elle capable de générer une brume assez puissante pour cacher une armée entière à la vue de l’ennemi. Sacré atout dont les siens n’ont que faire.

Alors Tanwen se bat deux fois plus fort pour gagner les faveurs de sa mère, l’estime de ses congénères qui ne lui passent rien et pour tuer le plus possible de ces Hyperboréens responsables de tous les maux de son royaume.

Les Hyperboréens, de leur côté, sont en posture favorable. Grâce à l’air qui déclenche les tornades et permet de se déplacer sans crainte, ils font de sérieux dégâts dans les rangs adverses. Mais leur arme suprême réside surtout dans leur commandement. Deux frères, deux facettes du pouvoir, une seule détermination. D’un côté Anicétos, l’Invincible, stratège sûr de lui, au talent indéniable et que personne n’a blessé sévèrement, d’où son surnom. Il est dur au mal, exigeant avec lui-même avant de l’être avec les autres. De l’autre côté son jumeau Alexiarès, responsable du bien-être du peuple. Lui aussi sait combattre, mais il a pris la charge de la vie de ses sujets.

Ces deux hommes fiers, droits et solides ne se désunissent jamais. Lorsqu’ils combattent ensemble, rien ne peut leur arriver. Ou presque. Presque comme l’assaut d’une fille du feu différente des autres, d’une guerrière implacable qu’il faudra soumettre ou anéantir. À moins qu’il n’existe une autre voie.

Deux frères, deux méthodes, deux points de vue dans ce roman de fantasy que j’ai dévoré d’une traite.

J’en ai aimé les héros.

Tanwen est de ces héroïnes que j’adore. Elle est dure, cinglante, garde une insolence déraisonnable lorsque la raison ordonnerait le silence. Ses piques sont délectables, sa témérité implacable. Elle n’a peur de rien ni de personne. La souffrance? Elle vit avec depuis le début de la sélection. La haine? C’est son lot commun depuis la naissance: haïe pour sa différence, redoutée pour sa puissance, presque intouchable par sa naissance.

J’ai beaucoup aimé voir sa dureté face à la douleur et j’ai encore plus aimé son cheminement, ses ruades pour ne pas admettre ses doutes, ses résolutions et tout ce qui les fait fondre. C’est un personnage très réussi. Jamais totalement à sa place, elle va apprendre à tracer sa voie, envers et contre tout et à réussir la plus difficile des quêtes, se trouver elle-même.

De la même façon, le binôme gémellaire forme les deux faces d’une pièce maîtresse, l’implacable face au négociateur, la force face à la ruse. J’ai aimé voir l’union sans faille des frères et sentir, au contraire, la fissure lézarder la belle union, s’agrandir, se colmater, menacer non seulement leur relation mais tout l’équilibre de ceux qui les suivent.

J’ai aussi été très sensible à la corde raide sur laquelle évolue Hyperborée et ses dirigeants. En apparence, ils ont de nombreuses cartes en main pour gagner cette guerre interminable et pourtant, ils sont aussi fragiles, ne se contentent pas du succès d’un jour.

J’ai aimé la vie à Hyperborée, le choix, la bienveillance malgré les circonstances. J’ai trouvé dans l’opposition avec Pyrène un beau parallèle avec notre univers: la compétition face au choix de la confiance, du temps, de l’engagement volontaire, la force face à l’affection, la réflexion face à l’endoctrinement.

Dans le même temps, les relations entre les royaumes sont, elles aussi douloureusement retentissantes. En cas de crise, chacun se replie derrière ses frontières pour ne surtout pas voir ce qui se passe chez le voisin et risquer d’avoir à s’y investir.

Dans le même temps, on se renferme, on exclut les différences en oubliant que le métissage des éléments peut devenir une force incroyable, encore plus impressionnante que celle des « sangs purs ».

Enfin, cette fantasy fait la part belle à la place des sexes. Si la cité d’Ys, clairement misogyne, n’a pas eu mes faveurs, le matriarcat absolu de Pyrène est-il, pour autant plus enviable?

Les hommes y sont présents, certes, mais réduits à des rôles subalternes et exclus du pouvoir.

Une nouvelle fois, c’est à Hyperborée que l’ensemble paraît le plus équilibré. Hommes et femmes peuvent combattre selon leur choix, les conseils de guerre et des citoyens sont composés des deux sexes à égalité.

Une société démocratique et idéale? N’exagérons pas! La guerre et ses « nécessités » font ressortir le pire chez chacun. Mais comment en vouloir à ceux qui n’ont connu que la guerre et voient les leurs souffrir sans fin. Bien malin qui pourrait certifier qu’il prendrait une autre voie. Pourtant, là encore, le commandement des jumeaux offre de belles alternatives très bien pensées.

Tuer est facile. Aimer est bien plus difficile.

Si une phrase devait résumer ce livre, ce serait, pour moi, celle-ci.

Parce que ce roman est aussi une romance par-delà la logique, la morale, les préjugés et la réalité.

Parce qu’aimer, c’est aussi prendre le risque de tout perdre pour le bonheur de l’autre.

Parce qu’aimer, c’est aussi se sacrifier pour l’autre.

Parce qu’aimer, c’est tourner le dos à tout ce qui compose son essence pour atteindre l’absolu.

Alors effectivement, tuer est quelque part bien plus facile.

Mais aimer Elementals et vous le recommander absolument, ça, par contre, ça ne présente aucune difficulté. Bien au contraire.

 

 

vous aimerez aussi

N'hésitez pas à me laisser un petit commentaire