Fight & deal de Sophie S Pierucci

by Gwen

Titre Fight & deal

Auteur Sophie S Pierucci

Éditeur Éditions Addictives

Date de sortie 3 Août 2022

Un titre à retrouver ici Fight & deal

Il y a des romans qu’on attend, qu’on espère, qu’on imagine, qu’on rêve, tout comme il y a des auteurs dont on rêve de retrouver la plume parce qu’on connaît leur capacité à transpercer le cœur et à bouleverser l’âme, à ébranler les tripes (désolée pour l’image) et à enflammer les sens.

Fight & Deal, la nouvelle pépite signée Sophie S Pierucci coche toutes ces cases.

Trois ans après le trop sous-côté et magistral Deep & Dark (voir la chronique ici https://melimelodegwen.fr/deep-dark-de-sophie-s-pierucci/ ), Sophie revient avec LE spin-off de l’inconnu de l’ascenseur et moi (chronique ici https://melimelodegwen.fr/linconnu-de-lascenseur-et-moilinconnu-de-lascenseur-et-moi-de-sophie-s-pierucci/).

Qui dit spin-off précise qu’il est préférable d’avoir lu le premier opus avant le second -et puis honnêtement, qui peut passer à côté de Charlyne et Matt à part la ligue de défense des tomates? mais ce n’est pas indispensable pour comprendre l’histoire.

C’est celle de Vic, jeune trentenaire, femme de caractère, pâtissière hors pair, emmerdeuse finie, amie en or, fille blessée, aux abonnées absentes de la liste de diffusion de Cupidon.

Vic, pour ceux qui ont lu l’Inconnu (promis, après j’arrête de vous mettre la pression avec ce titre), c’est la meilleure amie de Charlyne. Ensemble, elles ont fait métier de l’art du pole dance. Ensemble, elles ont pris un chemin différent.

Si Charlyne a décidé de s’occuper d’enfants en devenant institutrice, Vic a choisi d’ouvrir sa boutique Cupcakes & coffee où elle s’investit sans compter aux côtés de Josie, cuisinière et figure d’affection maternelle.

Avec Charlyne et Clara, elles forment sa garde rapprochée, sa brigade du cœur. Jake, son ami de toujours, est loin pour le moment, Pikachu, son drôle de chat, lui fait parfois l’aumône de sa présence. et Vic n’a pas de place pour quelqu’un d’autre.

Un amour? Amant? Plan cul régulier autre que Jojo Lapin sa merveille à piles?

Vic n’a pas de place pour ça. Pire, elle y a renoncé après avoir expérimenté en personne que l’amour est capable du meilleur comme du pire. Depuis, tout ce qui est masculin est exclu de son monde.

En tout cas jusqu’à ce que Jamie y entre de plain-pied, sans lui demander son avis, avec la délicatesse d’un accrochage automobile.

L’homme est un condensé de séduction, de maîtrise et d’un petit quelque chose de fêlé qui ne le rend que plus attachant.

Il est surtout tout ce que Vic aurait pu apprécier, … avant. Et je ne parle pas que de ses tablettes de chocolat, de son fessier musclé, de sa mâchoire décidée ou de son regard inoubliable, même si, autant l’avouer, ce sont autant d’arguments qui pourraient faire rappliquer n’importe quelle femme au triple galop, mais qui font fuir Vic à la même allure.

Plus vite encore, sans doute, car elle n’a rien à reprocher à Jamie et tout autant de raisons de s’accorder ce à quoi elle a renoncé par la force des choses.

Entre eux commence alors une valse à mille temps, celui de la tentation, de la séduction, de l’exultation, de la répulsion, de l’acceptation ou de la renonciation.

Il en résulte un slowburn à l’intensité tout bonnement diabolique où chacun, à tour de rôle et à son cœur défendant devient tour à tour le tentateur et le tenté, où insensiblement le corps et la raison prennent des chemins diamétralement opposés.

Ils mettent en lumière tout le talent de ma Sudiste favorite pour faire monter très haut la température. Vu la canicule ambiante, on est raccord!

Mais Fight & Deal ne se résume pas à une attirance irrésistible. C’est aussi un roman d’amour, quel que soit le sens que l’on met derrière ce terme, amour charnel, amour de couple, amour pour des meilleures amies qui en deviennent la famille de cœur, l’indestructible rempart derrière lequel se réfugier dans les tempêtes, l’amour assez fort pour avoir le courage de dire quand on part en vrille, l’amour qui se délite, se refuse, se dérobe, l’amour qui blesse, l’amour qui détruit, l’amour qui apaise et donne au moindre jour de pluie une lueur d’espoir.

Et une chose est sûre, ce roman regorge de toutes ces formes d’amour qui collent si bien à la personnalité de l’autrice telle qu’elle affleure à chaque page quand on a la chance de connaître la femme derrière la plume. Ça, c’était ma déclaration d’amour personnelle.

N’allez pas imaginer pour autant, même si l’histoire se déroule dans un cadre à faire saliver à toute heure de la journée face à des cupcakes dont j’attends sans faute quelques échantillons, que l’histoire va virer à la guimauve.

C’est aussi une leçon de reconstruction., une qui rappelle que, quel que soit le gouffre au fond duquel on est tombé, sans parvenir à se raccrocher à quoi que ce soit, la vie offre des petits sursauts, des étincelles d’espoir et que celles-ci peuvent guider vers un autre destin, pas forcément conforme à celui qu’on avait espéré, peut-être un peu moins beau, mais qui porte en lui toutes ses promesses.

Avec son talent -et un brin de sadisme- habituels, Sophie Pierucci nous donne, une par une, les clés qui permettent de comprendre Vic et Jamie. Elles sont toutes nécessaires pour comprendre les réticences et les doutes de chacun.

En outre, l’autrice est futée. On pense tout savoir de Vic dès les premières pages, ce qui permet de comprendre la plupart de ses réactions. Mais pas toutes. Alors petit conseil à celles qui pourraient, parfois avoir l’impression que Vic est capricieuse, trop dure, qu’elle ne sait pas ce qu’elle veut. Rappelez-vous qui est aux commandes de cette histoire, souvenez-vous de sa capacité à surprendre à tout moment, à jouer un atout majeur quand la partie semble finie et … savourez!

Ce roman explore aussi des thèmes forts qui m’ont émue, pour différentes raisons. Évidemment, je ne pourrai que passer sous silence certains d’entre eux pour ne rien divulguer de majeur.

Ce que je peux vous dire sans crainte, c’est que j’ai été touchée par ce roman de résilience et de reconstruction, par cette histoire où chacun des personnages doit faire le deuil d’une partie de sa vie, d’éléments qui lui ont toujours paru immuables. Dans ce registre, Sophie n’a que peu d’équivalents pour sa capacité à remuer ce petit truc qui palpite tout au fond du cœur, bien caché derrière des tonnes de pansements et la certitude d’être passé à autre chose.

J’ai aussi été tenue en haleine par la tension extérieure qui pèse sur nos personnages. Tellement de nuages s’amoncèlent au-dessus d’eux que j’ai passé une partie de ma lecture en apnée, en me demandant à quel moment l’orage allait éclater. En terme d’orage, c’est plutôt une tornade qui s’élève, violente et irrésistible et semble parfois marquer des pauses aussi salvatrices qu’illusoires dans un roman mené cent à l’heure qui ne vous relâchera qu’au mot fin.

Récapitulons. Un roman torride et sensuel, vibrant de la sensibilité de miss Pierucci, au service d’un suspense bien ménagé. C’est déjà beaucoup pour en faire une des très belles lectures de l’été.

Mais j’allais -presque-oublier la Pierucci’s touch. Cette plume efficace et précise, impertinente et pétillante où les clins d’œil sont nombreux et les joutes verbales piquantes, cette écriture qui m’avait tant manqué et que j’espère retrouver très bientôt, pour notre plus grand plaisir.

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