Titre The Boy on fire tome 1/3
Auteur Emma Green
Éditeur Éditions Addictives
Date de sortie 15 novembre 2021
Un titre à commander ici the boy on fire 1/3
Vous vous souvenez de la famille Farrow? La fratrie la plus attachante et sexy du bush australien?
Si je vous parle du romantique Asher, du ténébreux River, de l’impétueux Jagger et de l’ingénieux Kasper, vous remettez mieux?
Toujours pas? Ah, vous, je vous soupçonne de vouloir une bonne excuse pour replonger dans la mini-série signée Emma Green, The boy next room. Je ne vous jette pas la pierre, c’est une envie largement partagée. En attendant, et parce que, vous me connaissez, j’aime rendre service, je vous remets les liens vers les chroniques, on ne sait jamais! ici, https://melimelodegwen.fr/the-boy-next-room-vol-1-demma-green/ là, https://melimelodegwen.fr/the-boy-next-room-2-4-demma-green/ mais aussi ici https://melimelodegwen.fr/the-boy-next-room-3-4-demma-green/ et finalement là https://melimelodegwen.fr/the-boy-next-room-4-4-demma-green/.
Bien, maintenant que tout le monde est à jour, attachez vos ceintures, on repart au pays des kangourous, non plus dans la réserve des Farrow, mais dans l’outback, le fin fond du désert australien. Là, on ne croise plus seulement des gentilles bébêtes, mais des serpents venimeux, des araignées mortelles et des nez crochus menaçants. Quoi, ce n’est pas une espèce animale répertoriée? Mouais, ben ça devrait.
C’est là surtout que nous retrouvons les deux plus jeunes frères Farrow, Kasper et Jagger. Le second a vingt-et-un-ans, le premier dix-huit. Enfin, presque dix-huit, détail qui a son importance pour la suite de l’histoire.
On ne sait pas exactement ce qui s’est passé depuis que nous avons quitté toute la tribu, mais il y a visiblement eu du changement, et pas que du bon. En particulier du côté de Kasper. Vous vous souvenez? Langue bien pendue, toujours une idée sur les lèvres et une théorie dans le cerveau. Kasper est amoureux. Bonne nouvelle? Oui. Mais non. Il aime Serenity.
Je vous vois venir! Avec un nom pareil, pas de danger! Un peu de sérénité chez les Farrow, c’est une idée lumineuse, tout ça tout ça. Admettons. Mais si je vous dis que Serenity est la onzième fille du Saint, après Felicity, Honesty, Chastity et plein d’autres prénoms en « ty » -après les Farrow en « er », voici les filles en « ty », il va falloir se pencher sur la question des prénoms ! Si je vous dis qu’avec ses soeurs et son Saint de Père, elle vit dans le Cercle, avec les bienheureux et les Purs. Si je vous dis que cette gentille communauté vit à l’écart des Communs et que les Impurs y sont soignés à coups d’internement dans un cabanon des plus sommaires, voire qu’ils disparaissent purement et simplement … voilà voilà, d’un coup le tableau est beaucoup moins « Serenity » et les mots affleurent. Secte. Gourou. Endoctrinement. Lavage de cerveau. Enfermement.
Vous pouvez tous les valider dans cette nouvelle série.
Vous savez ce qu’on dit? Pour toi, j’irai au bout du monde. Au bout du monde peut-être pas, mais tête la première dans le Cercle, c’est assurément là que Kasper a plongé. Et il est largement embrigadé. Pas forcément en accord avec tout ce qui s’y passe. Mais c’est comme si le cerveau sur équipé de Kas’ s’était mis en pause pour ne poursuivre qu’un but, la promesse du Saint.
À dix-huit ans, s’il faisait ses preuves, il pourrait épouser Serenity. Je vous vois venir, jeunes midinettes en fleurs. Oui, mais ils s’aiment, ils vont se marier et être très heureux ensemble … Ça, c’est moins sûr. J’ai oublié de vous donner quelques petites informations. Quelle étourdie je fais! D’abord, on oublie tout le confort moderne. Pas d’électricité, de chauffage, de téléphone, d’eau courante. Pas même une bière, un hamburger ou une barre de Kitkat. Pas de Kitkat, vous imaginez??
Pas non plus de droits fondamentaux. L’égalité Homme/femme? Pff pourquoi faire? Du moment que Madame la bienheureuse se tait (Whaaaat?) qu’elle obéit à son mari (re whaaaaaaat?) qu’elle fait des enfants futurs bienheureux (en oubliant ce confort superflu qu’est la péridurale, franchement !), qu’elle travaille et lui porte son repas au champ, qu’elle s’occupe de sa maison … au fait, j’ai dit qu’elle se tait et qu’elle obéit? Bref tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, non?
D’ailleurs, dans ce monde, tout est codifié. Les femmes célibataires en blanc, mariées en rouge (j’étais bêtement restée sur les robes écarlates pardon je me suis trompée de décor) et les hommes selon leur utilité. On ne mélange pas les torchons et les serviettes, les paysans des recruteurs. Votre couleur préférée c’est le bleu? Ah là là, marine pour les gardes, ciel pour le conseil, ultra ciel pour le Saint. C’est un choix.
En parlant de choix, celui de Kasper est clair. Il veut être auprès de Serenity et si ça passe par le Cercle, alors soit.
Mais Jagger? Monsieur une fille dans chaque port, un port dans chaque quartier se serait rangé? Il souhaiterait se repentir de ses errances de jeunesse et prendre modèle sur son cadet pour devenir bienheureux, et son inénarrable chien Monkey avec lui?
Que nenni!
Jagger reste fidèle à lui-même. Chahuteur, beau parleur, séducteur … mais aussi protecteur et pétri de valeurs dont la plus absolue, prendre soin de Kasper, malgré lui, parfois même contre lui. Alors il joue le joue. Il le joue drôlement bien même, sans tout à fait gommer ce qu’il est, mais en donnant les garanties nécessaires, dont la première, et non des moindres, se marier.
Sa bienheureuse s’appelle Nell. C’est une jeune fille écorchée, révoltée, qui baisse la tête quand elle voudrait se lever, sourit quand elle voudrait hurler, se soumet quand elle voudrait tout faire éclater. Elle a tenté, une fois, de s’opposer au Saint.
Elle va devoir se montrer plus forte, plus résistante, plus maline, pourquoi pas avec l’aide de cet improbable allié.
Cette série qui débute, un peu à l’image de Love & lies on Campus, est, à mes yeux, un peu à part dans la bibliographie des Emma Green.
On y retrouve tous les éléments que j’aime trouver chez elles. Le premier amour, qui naît, s’épanouit, comme un besoin irrépressible et vital.
Le ennemies to lovers et leur lot de dialogues piquants, de menaces et de provocations. À la différence près que cette fois, la carte de l’indifférence ou de la jalousie ne peut être jouée. Il en va de leur sécurité à tous les deux.
La place de la famille, qu’on en hérite ou qu’on la construise. Les sacrifices qu’on est prêt à faire pour les siens.
On trouve même un peu de River et de Céleste. Si si, ils sont là, beaux, amoureux et ça fait du bien de les voir.
Il y a aussi, forcément, un toutou, et pas des moindres, un beagel aussi indiscipliné que son maître mais tout aussi attachant.
Mais il y a aussi, dans cette série, un thème particulièrement lourd qui imprègne toute l’histoire jusque dans son ossature. Qu’on s’entende. Ce n’est pas la première fois que les Emma abordent des thèmes sérieux dans leurs romans. Le deuil, la différence, le harcèlement, la body positive, la dépendance, la disparition, la culpabilité … Je pourrais continuer ainsi longtemps.
Mais ce roman est à part. D’abord parce que la façon dont les personnages sont englués dans le cercle est oppressante.
Si j’ai pris du temps pour en décrire les mécanismes en premier, c’est parce que pendant la lecture de ce tome d’exposition, j’ai été aussi attentive à ce cadre qu’à la relation des personnages. Il faut dire que, bien qu’on soit dans une fiction du bout du monde, il y a des éléments qui sonnent concrets dans ce roman et qui confirment un ancrage dans les problèmes réels qui donne un vrai plus au roman. Dans It’s raining men, le groupe de détente passait pour de joyeux illuminés. Ici, illuminés toujours, mais la joie semble proscrite.
À travers les personnages, on voit les dégâts causés au libre arbitre, à la perception du monde entre ceux qui connaissent autre chose et ceux qui croient aveuglément aux paroles du Saint. On mesure toute l’hypocrisie du système lorsque Enoch le recruteur ou le Saint lui-même parlent à cœur ouvert. On en redoute les dérives quand on voit certaines nouvelles recrues. On ressent toute la souffrance dans la voix de certains personnages comme Ephrem qui m’a profondément émue.
Ensuite parce qu’elle fait naître un huis clos qui contribue au sentiment de malaise. Les personnages greenesques doivent souvent composer avec le secret, pour ne pas envoyer en l’air une famille, une réputation, un équilibre. Là, le maillon faible ou le trop hardi risque de les mettre dans une situation plus périlleuse encore.
Pire encore, le cercle amical, véritable famille de cœur sur laquelle les héros greenesques peuvent s’appuyer, est ici réduit à peau de chagrin. Un frère aveuglé par l’amour, un ami englué dans sa propre survie, une « meilleure amie » aux réactions de lobotomisée.
Non, décidément, Jagg et Nell ne peuvent compter que sur eux, ou presque. Ça tombe bien, parce que malgré les premiers instants, ils forment un beau duo, dépeint avec délicatesse. C’est heureux parce que tous deux semblent avancer ensemble, dans la même direction et que leur lien évolue, lentement, mais sûrement.
C’est périlleux parce que chacun devient, finalement, la faiblesse de l’autre, là où, chacun de son côté se pensait invulnérable.
Et quand on sait comment se finit ce premier volet, bien malin qui dira ce qui, de la chance ou du péril, l’emportera!
Un début de réponse dans le prochain volet. Oui, oui, je sais, certaines pestent de ce délai. Mais vous me connaissez maintenant, retrouver la frustration de l’attente, c’est la cerise sur le gâteau de cette lecture coup de cœur.