Titre Ardent
Auteur Anne Cantore
Éditeur Éditions Addictives
Date de sortie 17 janvier 2020
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Aujourd’hui, je viens vous parler d’un roman que j’attendais depuis un long moment, que j’ai lu comme on plonge dans une bulle et qui marque mon premier coup de coeur de 2020, rien que ça!
Ceux qui ont lu ma chronique de Promets-moi, une autre pépite de l’auteure (pour les autres, cours de rattrapage par ici https://melimelodegwen.fr/index.php/2018/06/21/promets-moi-danne-cantore/ ) savent tout le bien que je pense d’Anne Cantore, de sa plume et de sa capacité à mener des histoires profondes et purement addictives. Ainsi en est-il de cet Ardent qui porte parfaitement son nom.
Je vois déjà quelques sceptiques au fond, …
« je ne lis pas d’historique » ça tombe bien, Ardent n’est pas un roman historique au sens un peu didactique ou rébarbatif du terme. C’est une histoire pas du tout poussiéreuse (ou alors juste de la poussière terreuse des pistes du Kansas, attachées au torse solide de Sullyvan Jefferson, argh je m’égare!).
« Je suis très exigeante sur la réalité historique » (bon j’avoue, je peux cocher cette case aussi). Pas de souci, sans être « lourd » de connaissances, ce roman est bien documenté. Pour ceux qui le souhaitent, il propose des explications et quelques anecdotes, mais en douceur (pour les catégories 1)
« Je n’aime pas trop les histoires d’Indiens ». Double check, moi non plus. Je ne déteste pas, mais je n’ai pas un souvenir impérissable non plus.
Vous me direz que ça commence à faire beaucoup de points contre ce livre? Oui, … mais non! Parce qu’Ardent est bien plus qu’une romance historique sur les Indiens (pardon pour la caricature!)
Il n’y a qu’à voir sa couverture, que d’aucuns pourraient trouver pas assez « historique », pour être convaincus de la modernité et de l’intensité de ce roman… et de bien plus encore. Toutes ces raisons qui m’ont interdit de décrocher avant le mot « fin ».
Je cesse de tourner autour du pot et j’en viens aux raisons pour lesquelles ce roman est une réussite et plus encore.
Si le sort des Indiens est une composante très importante du livre, on est, une fois encore, loin des clichés et de tout ce qui aurait pu me gêner.
Ce roman est avant tout un roman d’amour. Mais aussi un roman sur l’acceptation de soi et des autres, sur la façon dont on peut trouver sa place dans un monde que l’on n’imaginait pas pour soi, et sur les changements que peuvent entraîner les sentiments.
Il met aux prises Kathleen O’Breily, une jeune orpheline, recueillie par son parrain. C’est une jeune femme qui a été élevée loin des codes de la bonne société de la côte Est. Son père, Irlandais amoureux de sa terre d’adoption, l’a élevée avec sa nourrice indienne, Olathe, pour en faire son héritière. Elle est plus à l’aise à dos de cheval que dans les courbettes, plus heureuse en pantalons de cowboy qu’en crinoline.
De par son éducation, sa soif de liberté et son apparence, elle a du mal à s’intégrer dans le beau monde. Ça tombe bien; elle n’a qu’une envie, retourner au bord de l’Hudson.
Mais c’est compter sans sa qualité majeure dans un monde où l’accord de la demoiselle est superflu pour la marier. Elle est riche. En espèces sonnantes et trébuchantes, mais surtout en terres. Des terres riches, fertiles, voisines de celles de l’affreux Earl Jefferson, un personnage purement répugnant, par sa misogynie et son mépris de la personne humaine.
En effet, outre la très belle alliance que représenterait la fusion des deux propriétés, Earl compte en profiter pour se débarasser définitivement de la tribu Cherokee qui vit entre les deux terres et héradiquer ainsi toute trace du peuple dont est issu son petit fils haï, Sullyvan.
Métisse, le coeur entre les deux peuples, Sullyvan ne sait pas quelle est sa place. Dans cette tribu qu’il rêve de retrouver après en avoir été arraché des années plus tôt et qu’il idéalise peut-être? Dans le monde des Blancs pour lesquels il s’est battus mais qui le méprisent? Dans une terre entre les deux où il pourrait protéger les siens et se sentir enfin complet?
Une chose est sûre, il ne peut laisser son aïeul développer son plan, pas plus pour la terre qui l’a vu naître que pour l’innocente Ketty, objet des machinations familiales.
Entre la jeune fille qui refuse, avec astuce et détermination, tout projet d’union, et celui dont aucune femme de la bonne société ne voudrait, se noue un mariage rocambolesque, bancal, voué à l’échec sur le papier.
D’autant que cette union n’est pas un obstacle suffisant pour Earl Jefferson, pas plus que le nouveau maître d’Oaks Creek n’est une protection contre les Renégats, ces Indiens qui tentent à tout prix de préserver ce qui a été leur.
Dans ce cadre riche en péripéties haletantes, Anne Cantore réussit le tour de force de développer une intrigue amoureuse loin des sentiers battus, jouant avec maestria des tempéraments de ses deux protagonistes, si opposés dès qu’ils se parlent, mais trahis par leurs instincts les plus insaisissables.
Sans en dévoiler plus de cette histoire qui gagne à être dévorée, je vous dirais que je suis tombée sous son charme pour plusieurs raisons.
D’abord le tempérament des personnages. Oubliée l’oie blanche automatiquement subjuguée par le dangereux sang-mêlé. Tout en respectant la vertu des femmes de son temps et en nourrissant des aspirations de sentiments purs et sincères, Ketty est une femme de caractère comme on se représente les pionnières américaines. Elle n’abdique pas, malgré ses faibles armes, se bat pied à pied, même lorsque ça la rend imprudente.
Mais il y a quelque chose en elle qui inspire les instincts protecteurs.
Sully, ensuite, est un personnage aussi complexe que ses origines. Trop « blanc » pour réintégrer son peuple, il est trop « rouge » pour avoir sa place dans une société qui lui rappelle en permanence son étroitesse d’esprit sur les unions mixtes. Si ces années chez les Jefferson et dans l’armée lui ont donné une bonne connaissance du monde des « blancs » (et par la meilleure soi dit en passant), il tire de son héritage indien des valeurs et une spiritualité qui en font un héros particulier. Peu décidé à se laisser malmener par sa femme, il est tout de même délicat à sa façon.
J’ai aimé le voir se débattre entre sa conscience et ses sentiments, entre son passé et son futur, entre ce qu’il pense être son devoir et les impératifs de son coeur, entre ce qu’il est capable de faire et les limites qu’il aimerait se fixer.
De la même façon, j’ai aimé les personnages secondaires pour leur façon, eux aussi, d’avancer peu à peu dans la direction des uns et des autres, dans ce roman qui porte, en filigrane, de beaux messages de tolérance et de partage.
Le rythme du roman en est également un bel atout. En mêlant, avec le talent qu’on lui connaît, l’intrigue familiale et la découverte des époux, Anne Cantore réussit un récit dense et prenant, qu’on a du mal à quitter.
De même, elle a trouvé un équilibre qui m’a totalement convenu entre l’historique et la romance, entre la spiritualité puissante des Indiens et les réalités plus terre à terre. Le ressort puissant de son roman (dont évidemment je ne vous dirai rien) est une merveille du genre. Je ne l’avais, je crois, jamais croisé. En tous cas jamais je n’y avais été aussi sensible.
Il maintient une tension d’une force peu commune, sans se laisser à la facilité de multiples scènes de sexe. Là encore, Anne Cantore a frappé très fort dans un roman sensuel mais tout en nuances.
Vous l’aurez compris, ce roman est assurément une réussite, une pépite en or massif à conseiller dans toutes les bibliothèques pour commencer ardemment ce début d’année.
Me faire aimer une romance historique sur l’Ouest américain des Indiens? j’avais une pointe d’incertitude malgré ma confiance en Anne. D’une autre, je n’y serais peut-être pas allée, mais ma curiosité et mon instinct ont été les plus forts. Bingo! Le challenge est réussi à 100 %, et même plus!
En attendant le prochain défi qu’Anne nous proposera avec, j’en suis sûre, le même talent et la même réussite.