Titre The boy on fire 3/3
Auteur Emma Green
Éditeur Éditions Addictives
Date de sortie 15 janvier 2022
Un titre à commander ici the boy on fire 3/3
** Une chronique à lire avec précautions, risque de spoils**
Si vous n’avez pas encore lu les chroniques des tomes précédents, c’est par ici https://melimelodegwen.fr/the-boy-on-fire-1-3-d-emma-green/ et https://melimelodegwen.fr/the-boy-on-fire-tome-2-3-d-emma-green/
L’heure des révélations et du dénouement sont proches en Australie.
Mais pour qui? et pour quelle issue?
Souvenez vous plutôt. Écartelée entre sa mission et son mari pour de faux mais avec de vrais sentiments, Nell a dû prendre la décision la plus dure de sa vie.
Abandonner sa vengeance, son plan prêt à être exécuté et ses complices? Ou laisser le garçon qu’elle ne devrait pas aimer éteindre la lumière folle et vivace qu’il a su ranimer en elle?
Nous savons, nous, le choix qu’elle a fait et ce qu’il en a coûté à Jagger.
Ce dernier volume est donc d’abord celui de l’absence.
Difficile de construire une romance quand les deux amoureux sont séparés et sans moyen de se rejoindre pensez-vous?
Et bien, attendez de voir comment les Emma Green, non seulement se sont sorties de ce piège, mais l’ont même transformé en quelque chose de plus grand. Dans mes citations de midinette adolescentes, il y avait une très jolie formule pleine de petits cœurs « l’amour est comme le vent sur un feu, il éteint les petits et attise les plus grands ».
On peut dire que l’absence, l’incertitude et le danger agissent comme un véritable stimulant sur la sorcière aux yeux bicolores et le garçon en feu. Tous ces sentiments exacerbent leur amour et leur donnent la force d’admettre ce qu’eux seuls ne voyaient pas jusqu’alors: la force de ce sentiment improbable et pourtant évident.
Séparés et pourtant unis comme jamais, Nell et Jagger peaufinent leur plan, leur vengeance, leur sauvetage.
J’ai beaucoup aimé ce dernier volume pour plein de raisons.
D’abord, quel bonheur de retrouver l’amour tapageur des frères Farrow!
Bien sûr, les deux séries (Boy next room pour les étourdies) peuvent se lire indépendamment. Mais quand on a eu le coup de foudre pour River et Céleste, quelle joie de retrouver le ténébreux face à son ciel constellé, de redécouvrir Kasper plus léger, libre d’aimer et de protéger celle qu’il a choisie.
Même Bailey, le père de cette tribu de sacrés garçons est de la partie, lui qui a tant perdu et qui a cru que la roue du malheur allait lui infliger un autre tour funeste.
J’ai aimé retrouver leur insolence, leurs chamailleries, leurs doigts d’honneur pointés bien haut et leurs déclarations d’amour sous forme de petites piques qui hurlent « je t’aime » sans même le murmurer.
Rien que pour ça, ce tome 3 valait l’attente. Il répond aussi à la question qui m’a taraudée tout au long de ma lecture et que, je le suis sûre, nous nous sommes toutes posées, quid du plus posé des frères Farrow. Là encore, le duo greenesque a préparé une ode à la hauteur du rêveur et c’est très très fort.
Ensuite, j’ai adoré détester tous les moments que j’ai lus le cœur serré d’inquiétude au fur et à mesure du chemin de croix de Nell dans le Cercle. Vous savez, ces instants où force est d’accepter que l’instinct de Jagger était fondé sur un faux ami/vraie menace. Et encore, je me suis surprise à ressentir une pointe de pitié pour celui que tout en moi voulait haïr.
Parce que cette série est ainsi. De nombreux personnages -et pas des moindres- que l’on pensait détestables ou irrécupérables se révèlent sous un autre jour là où d’autres trahissent la confiance qu’on avait cru pouvoir leur accorder.
Ce travail de nuances est une vraie réussite qui vient se greffer à une intrigue plus lourde et oppressante.
La fuite de Jagger ne plaide pas en faveur de celle que d’aucuns regardaient déjà en coin. Elle en fait surtout une proie de choix pour ceux qui voudraient la remettre à la place qu’ils estiment être la sienne.
Entre ses idées de vengeance et sa propre sauvegarde, Nell n’a pas fini de trembler, et nous avec. Cet aspect de l’histoire est très bien rendue et les nombreux rebondissements la rendent haletante tandis que les pauvres lectrices perdent leur latin et la tête à se demander qui est qui et à craindre un piège derrière chaque timide sourire.
Là encore, un grand bravo pour avoir trouvé les nombreux apports aptes à rajouter un peu de sel dans cette histoire déjà bien relevée.
Il y a aussi un autre aspect que j’ai beaucoup aimé, c’est le soin pris à parler de l’ « après ». Souvent, une fois l’intrigue résolue, on laisse les personnages mener leur vie, gagner une paix bien méritée et se recentrer sur eux.
Mais cette histoire n’est pas comme les autres. On ne pouvait donc pas laisser ses protagonistes sur une simple bise et un rendez-vous dans dix ans -un appel du pied? Allons donc ! Je suis plus subtile que ça … quoique. Pour autant, comment imaginer l’avenir pour une Serenity qui n’a jamais connu que le Cercle, ses règles strictes et passéistes et une éducation pour le moins étriquée.
J’ai été touchée que le roman prenne le temps de penser à cette reconstruction, à cet apprentissage. En effet, quoi qu’on puisse penser du Cercle -du mal, beaucoup de mal en ce qui me concerne- il a, pour ses adeptes, été la seule vérité pendant si longtemps qu’il paraît impensable de vivre autrement.
Autrement, à l’écoute de son cœur, de ses sentiments, c’est aussi l’apprentissage que Nell et Jagger ont mené au long de ces trois volets. Lui, le plus turbulent des frères Farrow, ce qui est déjà une référence en soi, mais aussi l’homme plein de tendresse bien cachée pour ceux qu’il aime, l’homme d’honneur fidèle à sa parole, l’indomptable tombé en amour comme on chute d’une certitude pour rencontrer une évidence, est un héros des plus attachants dans la galerie greenesque. Quand je l’avais découvert, adolescent enchaînant les bonnes fortunes grâce à son sourire ravageur et son bagout, j’avais rêvé de le voir asservi par l’amour. C’est plus que ça. Il est à la fois totalement en mains et en même temps, ce sentiment l’élève, le responsabilise, en fait l’homme solide qu’il fallait pour prendre sa place dans sa tribu.
Et que dire de Nell? Qu’elle est digne d »être l’alliée de Céleste pour tenir tête à cette tribu de furieux, qu’elle est une digne partenaire pour Solveig, Callie, Alma, Liv, Leo ou Willow, (et toutes les autres) toutes ces héroïnes, que dis-je, ces soeurs greenies, écorchées, blessées, qui se pensent perdues pour l’amour pleines de failles et pourtant si fortes dans leurs faiblesses, celles qui se croient condamnées à mener seules leur combat, avant d’admettre que si la vie est un combat à remporter chaque jour, à deux, c’est quand même bien plus fort, bien plus fun, bien plus fou.
Fort, fun, fou, et bien plus, ce garçon tout feu tout flemme et sa sorcière aux yeux bicolores nous ont fait vivre une série haute en couleurs, en émotions et en sensations. Une très grande réussite sur la romance autant que sur le contexte qui a gagné directement sa place dans mon panthéon greenesque -un bâtiment qui commence à prendre de l’ampleur … en attendant le prochain roman!