Titre Sur ta route
Auteur Pauline Libersart
Éditeur Audélo
Date de sortie 6 Avril 2022
Un titre à retrouver ici Sur ta route
Je n’ai pas l’habitude de relire des titres que j’ai déjà découverts. Aussi, lorsque Pauline Libersart a annoncé la sortie de Sur ta route, dont j’avais lu la « version courte » sous le titre On the highway (voir chronique ici https://melimelodegwen.fr/on-the-highway-de-pauline-libersart/ ) j’ai eu une hésitation … de deux ou trois secondes tout au plus.
En effet, je me souviens que j’avais beaucoup aimé cette histoire, que j’avais gardé en tête et j’étais curieuse de voir de quelle façon l’autrice allait l’augmenter, la bonifier.
C’est un défi relevé haut la main puisque j’ai retrouvé les éléments que j’avais aimés la première fois, tout en découvrant de nouveaux développements et des étapes importantes.
Derek est un chauffeur routier qui s’éloigne des images pas toujours glamour que l’on associe parfois à ce métier.
C’est un jeune homme au sang chaud, jamais le dernier pour la bagarre, capable de coups d’éclat là où la prudence aurait pu donner d’autres conseils. C’est un homme assez contradictoire, que l’on devine rompu à d’autres coutumes que celles du transport de longue distance. Malgré certains côtés rebelles, c’est un homme consciencieux, qui prend soin de lui et de son matériel, respectueux de son travail et de ses collègues. Il prend soin de son matériel, suit les règles et garde en tête que son métier l’expose à des risques qu’il garde à l’esprit avant d’agir inconsidérément.
Quoique.
Quoique le règlement précise expressément qu’on ne prend pas de passagers clandestins à son bord, même quand la passagère est une toute jeune femme de dix huit ans à la chevelure de feu et à l’aura débordante de problèmes.
Elle paraît si décalée dans son univers que Derek la prend d’abord pour l’appât d’un mauvais coup avant de comprendre l’étendue de son erreur.
Amber est tout sauf une jeune femme dangereuse, sinon pour un certain organe qui s’emballe bien plus qu’il ne le devrait … le cœur, bien sûr! À quoi pensiez-vous donc.
Confrontée à une situation inextricable, Amber n’a d’autres solutions que de fuir sa vie sans espoir pour remettre son avenir entre les mains d’une éventuelle bonne fée.
Non, Derek n’a rien d’une bonne fée. Leur premier contact le confirme très nettement.
Certaines tendances à la bouderie ou des petits côtés gamin-gâté qui n’a pas eu beaucoup d’obstacles sur sa route le confirment.
Pourtant, une fois passée la première approche, des sensations puissantes se développent entre les deux jeunes gens. Elles parlent sensualité, mais pas seulement.
Elles développent complicité, connivence, entente. Elles chuchotent espoir, attachement, affection … amour?
Comment tomber amoureux quand on ne connaît rien de l’autre, pas même son nom de famille ou une adresse?
Comment envisager un avenir ensemble lorsque l’un ressemble à un chevalier blanc, l’autre à un malentendu?
Comment imaginer qu’on peut se plaire quand tout semble tellement nous opposer?
Mais comment renoncer aux rêves, à l’espoir et aux projets fous que le destin semble avoir formé?
J’ai aimé -re-découvrir ce roman pour plusieurs raisons.
Tout d’abord, j’ai aimé son côté roadtrip. De la cabine de Derek, on voit défiler des paysages variés et pittoresques qui font la richesse du continent américain. Les découvrir dans les yeux d’Amber qui n’a jamais voyagé plus loin que son état leur donne un petit côté encore plus attachant.
Ensuite, j’ai aimé l’immersion dans la cabine du chauffeur routier. C’est un métier que je connaissais peu, avec ses contraintes, sa monotonie, sa rigueur, mais aussi ses codes et sa solidarité. Le choix de ce héros -quoique Derek soit un peu en décalage avec l’image habituelle- offre des perspectives inhabituelles que j’ai beaucoup appréciées.
J’ai été émue par le personnage d’Amber. Bien sûr, la plastique de Derek et son charisme, ainsi qu’une certaine endurance, ne m’ont pas laissée indifférente. Mais c’est surtout l’héroïne de l’histoire qui a retenu mon affection. J’ai été touchée de la voir se débattre dans une vie cauchemardesque et de mettre toute la force de sa détermination à atteindre un but qui, au départ en tout cas, ressemble davantage à une chimère qu’à une perspective. Ses doutes m’ont attristée et que dire du chemin qu’elle parcourt!
À vous, rien, pour ne pas spoiler l’histoire, mais j’ai apprécié son évolution.
Même si elle commence sur des bases pour le moins bancale et que certains passages ont fait grincer mes dents, Pauline Libersart a réussi à écrire une belle romance à partir de données qui ne s’y prêtent pas forcément. Elle m’a emportée par la vision parfois immature des deux héros confrontés à un premier coup de cœur. Les obstacles qu’elle a placés sur leur route ont fait marcher à plein rendement ma machine à frustration.
Il y a un petit côté conte de fées (bon, drôle de conte et drôles de fées, on ne se le cache pas) dans ce roman, un aspect trop beau pour être honnête qui laissait présager une intrigue un peu convenue. Mais Pauline Libersart est passée par là et elle a fait bouger les lignes.
Je n’ai pu qu’approuver la dernière partie de l’histoire et son ingéniosité. Là encore, difficile de vous en dire plus pour ne pas en dire trop. Mais j’ai aimé que la logique de l’histoire soit poussée plus loin.
Vous l’aurez compris, j’ai aimé le casting, l’intrigue et la romance de cette histoire qui offre une lecture très plaisante, servie par une plume bien maîtrisée.
Reste la question subsidiaire: que pense-t-on de la version revue et augmentée?
J’en pense beaucoup de bien. Les chapitres ajoutés apportent une vraie plus-value à l’histoire, notamment une course-poursuite en camion qui m’a séduite et a tordu le coup à quelques mythes. Ils ne sont pas des gadgets, mais de vrais moyens d’enrichir le récit, de le rendre plus cohérent, de l’intensifier.
Ils contribuent à mon sens grandement au plaisir que j’ai pris à redécouvrir cette histoire, ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre, mais tout aussi plaisante qu’à la première découverte.
