Shawn de Marie HJ

by Gwen

Titre Shawn (Men soul)

Auteur Marie HJ

Date de sortie 18 mars 2021

Un titre à commander ici Shawn

 

Il s’est infiltré dans mon organisme. Encore plus dévastateur qu’une pandémie, le virus Lenno s’est glissé dans mon corps, dans mon âme et maltraite tout ce qui me compose sans aucune pitié.

L’amour, ce n’est pas une question de recette, de genre, d’étiquettes.

L’amour, c’est une alchimie, un hasard, un combat, une coïncidence, une évidence, une douleur, une rédemption, un saut en chute libre sans bien savoir si on a pris son parachute.

L’amour se fout des codes et des préjugés.

Si vous êtes d’accord avec au moins l’une de ces affirmations, alors plongez dans Shawn, le nouveau né de la plume de Marie HJ.

Marie ou l’autrice qui fait battre mon cœur aussi fort qu’elle écrive une romance contemporaine ou une homoromance.

Oui oui, Marie, celle qui a accompli l’exploit de me faire quitter le basique « Nan moi je lis pas de MM ».
Je ne lis pas de MM, mais je lis des histoires, belles, puissantes, poignantes, que j’ai du mal à quitter, même quand les yeux picotent.

Alors je lis de Marie/Erin et peu importe, j’allais dire, l’enveloppe des amants.

Même si, soyons honnête, ce Shawn a une très très jolie enveloppe!

Mais il est bien plus.

Shawn Turne, 23 ans, est sur la mauvaise pente. Engagé dans des combats clandestins de MMA, il dompte sa violence et son mal-être en cherchant à sortir des embûches que la vie lui tend. S’il est soutenu par Leandro, son frère de cœur et par Camilla et Emilia, sa famille, il n’en est pas moins sur la corde raide. Un passé chargé d’assez de casseroles pour équiper une cuisine professionnelle, un futur des plus incertains dans une ville (Detroit) qui n’a pas fini sa décomposition post-crise, un présent où il pense n’être Personne.

Personne, mais un sacré casse-tête pour Molts, un flic de la vieille école qui pense que, au lieu d’enfermer ceux qui tentent de survivre par leurs propres règles, il est plus malin de leur proposer une porte de sortie qui ressemble à une alternative.

C’est un pari risqué, sans garantie de réussite. Mais quand ça marche, ça fait une sacrée différence. La preuve avec les jumeaux Kayne, Lenno et sa sœur Lenna.

Il leur est venu en aide. Avant. Il attend de lui un juste retour d’ascenseur.

Les jumeaux ont bien réussi. Un restaurant à Toronto où vivent leurs parents, loin du vétuste Eastside, Un autre à Detroit, le Resto, où ils partagent les compétences. La salle pour l’impétueuse Lenna, les cuisines pour Lenno qui s’appuie sur Wesley, son second et amant, plus plan cul qui se pérennise qu’homme de sa vie, et Petra, en charge des desserts.

Renvoyer l’ascenseur à Molts tout en aidant un jeune à la croisée des chemins? Pourquoi pas!

Et ce n’est pas le premier contact avec l’écorché vif qui le rebute! Il le stimule comme un défi, il le trouble comme un miroir du passé. Il le bouleverse pour des motifs que le chef peine à s’avouer.

Et Shawn? Il est écartelé entre des données trop complexes pour lui qui n’a jamais qu’appris à réagir d’instinct pour surfer entre les obstacles. Il ne s’imagine pas un instant en cuisine, mais il aime se sentir capable de ravir les clients de sa contribution, même anodine en apparence.

Il ne s’envisage pas dans les beaux quartiers, avec ce type de bourges, mais il découvre un homme droit et honnête, capable de l’écouter sans le juger et de lui tendre la main.

Il ne se connaît qu’hétéro. Mais tout crépite sous le regard gris acier de son patron.

Est-ce suffisant pour oublier qui il est, les buts qu’il poursuit et ses priorités? Est-ce envisageable quand il faut remettre tout ce qui le compose, quand les différences ressemblent à des fossés abyssaux?

Et s’il suffisait de laisser parler l’évidence, envers et contre toutes les très bonnes raisons.

J’ai aimé ce roman. Plus encore, j’ai été embarquée par ce roman. J’ai ressenti, dès le départ, beaucoup de tendresse pour Lenno. C’est paradoxal. Dans les premiers chapitres, il n’est pas forcément aimable, notamment dans son comportement avec Wesley. Mais on sent assez vite que, derrière son tablier et sa passion pour la cuisine, Lenno est en lutte constante.

Il combat son passé. Il combat ses envies. Il combat tout ce qui le pousse à retrouver des réflexes qu’il a bannis de sa vie parfaite pour y préserver ses proches, à commencer par les membres de son restaurant.

Et au fur et à mesure que Marie nous le dévoile, quel homme attentif et droit! Quelle clairvoyance, quelle empathie!

Il y a chez Lenno un paradoxe fait d’une tendance rassurante et en même temps de la dangerosité de la dynamite proche d’une flamme.

L’effet est parfaitement rendu et j’ai beaucoup aimé les chapitres passés dans la tête du restaurateur -et pas seulement pour lui voler sa recette des lasagnes aux aubergines!

J’aime aussi ses craintes et sa façon d’être prêt à tout assumer, mais aussi son respect de l’autre et du rythme de chacun.

Et que dire de Shawn?

J’ai été séduite par sa force brute. Touchée de ses hésitations. Émue de son sens du sacrifice, même si, sur ce dernier point, j’ai aussi eu envie de le secouer un peu pour lui éviter les décisions belles, héroïques, mais totalement inconscientes.

Bref, je me suis attachée au personnage, avec ses doutes et ses richesses cachées derrière cette certitude bien ancrée de n’être Personne.

Et pourtant, il est tellement! Et il apporte tellement à l’intrigue.

Je ne suis pas encore une pro des homoromances, mais j’ai aimé avancer pas à pas avec lui.

Les discussions qu’il partage avec Leandro, son frère de cœur, pour comprendre et apprivoiser tout ce qu’il ne maîtrise pas sont, sous des aspects bruts de décoffrage, des merveilles.

J’ai aimé la façon dont les deux garçons évoquent leurs dilemmes entre cerner et assumer sa sexualité. Mais j’ai surtout totalement adhéré à l’évidence. Aimer, ce n’est pas rester figé sur une question de genre ou d’attributs. C’est avant tout vibrer, de toute son âme et de tout son corps, pour l’autre. Celui qu’on attendait pas, celui qu’on ne devrait raisonnablement pas désirer… Celui qu’on ne peut oublier, auquel on ne peut renoncer.

L’évidence quoi!

Et l’évidence, à la lecture de ce roman, c’est que je suis toujours aussi fan de la plume de Marie, de sa façon d’aborder les thèmes les plus lourds avec le dosage parfait pour ne rien adoucir, sans verser dans la surenchère. J’aime ses personnages cabossés qui avancent, malgré tout. J’aime la facilité avec laquelle j’ai eu l’impression de passer, pour quelques heures, la porte de la cuisine du Resto -d’ailleurs, la place d’apprentie en pâtisserie, pour ma part …

Mais ce que j’aime par-dessus tout, c’est son talent pour me faire vibrer de mille émotions et pour me donner envie de plus. Plus de Leandro, sans conteste… et pourquoi pas plus de Lenna? Je pose ça là, dès fois que les projets de la plume diabolique manqueraient -sachant que j’ai deux autres de ses titres dans ma PAL, j’en doute mais chuuuuuut ça ne coûte rien de lancer l’idée.

Et pour conclure, en plus de remercier Marie pour sa confiance et son talent, je ne résiste pas à vous citer un passage qui, bêtement, a ravagé mon cœur de midinette. On se demande bien pourquoi …

-Je t’aime, Shawn Turner. Peu importe d’où tu viens. Peu importe les peurs qui te bousillent. Je suis prêt à tout prendre. Si toi tu veux les partager, vraiment, alors je suis là

(…)

Ne me réponds pas. Je ne coompte pas entendre cette réponse-là. Reviens me voir le jour où tu en auras une autre à me proposer

 

 

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