Titre Lost Rider
Auteur Gaëlle Sage
Éditeur Éditions Addictives
Date de sortie 28 Août 2019
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Quelques mois après le coup de coeur de Kiss, Kill & Ride, (pour vous rafraîchir la mémoire, la chronique est par ici https://melimelodegwen.fr/index.php/2019/04/26/kiss-kill-ride-de-gaelle-sage/ ) je suis de retour de chez les Hell’s dogs. Vous vous rappelez? Ce club de bikers que dirige Apo, épaulé par Slade, son VP, mais aussi par ses enfants, les garçons, suppôts de Satan, et Amy, sa fille autour de laquelle tournait le premier opus.
En relisant ma précédente chronique, j’avais émis le souhait de voir l’auteur s’intéresser aux autres personnages. C’est chose faite avec ce Lost Rider que je ne pouvais évidemment pas rater. Quelle riche idée!
Ce deuxième roman, totalement indépendant du premier, malgré le plaisir de croiser des têtes connues, s’intéresse à Stan, l’un des jumeaux Jackson. En tant qu’aîné des fils d’Apo, il lui succèdera un jour. Il est conscient de ses responsabilités, fait passer le club en priorité sur tout. Il lui est dévoué en tout et lorsqu’un des membres se retrouve aux portes de la mort, c’est toute la famille de coeur qui est touchée. Une famille parfois plus évidente que celle que la génétique octroie.
Et dans ce roman, il est question de famille de sang, de famille de coeur et des choix que l’on fait pour l’une au détriment de l’autre.
Mais n’anticipons pas. Dans le premier tome, on sentait que Stan portait en lui une blessure. Blessure d’amour, blessure d’orgueil, ce n’était pas très clair, mais une blessure à vif. Or voilà que dans ce roman, la blessure réapparaît. Plus mûre, plus belle, plus femme, avec une langue toujours aussi acérée et une colère qui ne demande qu’à exploser.
Il y a six ans, Millie, la fille de Slade, a tout quitté en une matinée. Son poste de médecin, Slade et Bianca ses « parents » à l’instinct parental inexistant, et surtout lui. Stan. Celui qu’elle pensait être l’amour de sa vie, celui qui a broyé son coeur en un instant.
Chirurgien réputée à l’hôpital John Hopkins de Baltimore, un des établissements les plus prestigieux du pays (le même que Dr House, c’est pour dire!) Millie ne pensait plus jamais revoir le Texas, ni aucun des Hell’s Dogs, qu’il s’agisse de son père ou de son ex. Pour tenir cette résolution, elle a même quitté les amis sincères qu’elle avait au club. À Baltimore, elle mène une vie calme, monotone, rassurante, professionnellement parfaite, émotionnellement vide.
Et tout ceci lui va parfaitement … du moins jusqu’au coup de fil qui va tout bouleverser.
Pour des raisons très personnelles, dès ce premier appel, l’auteure a parlé directement à des choses qui me touchent. Et très vite, avec le talent percutant que j’ai déjà adoré dans Kiss, Kill & Love, Gaëlle Sage pose le décor d’un affrontement qui ne peut rien avoir de raisonnable, ni de monotone.
Elle ménage des suspens dans l’intrigue, me prend à contrepied des suppositions que j’avais émises. Elle met en scène des face à face violents et passionnés où les dérapages s’expliquent autant par le tempérament volcanique des différents protagonistes que par leurs sentiments exacerbés.
Dans cette histoire, j’ai beaucoup aimé me tromper. Les décisions de Millie m’ont déstabilisée, tout autant qu’un tempérament que je ne supposais pas si marqué. Elle a tout fait pour fuir le club, et pourtant, elle y retrouve ses marques comme si elle n’était jamais partie. Les deux seuls hommes auprès desquels elle ne parvient pas à se montrer telle qu’elle est, -passionnée, mais aussi dévouée et aimable- sont ceux pour qui elle devrait être là.
Mais l’entêtement est une seconde nature chez Millie. Elle lui a permis de vaincre la « fatalité » qui lui semblait promise en tant que fille d’un biker et d’une femme aussi légère que détestable. Elle lui a donné cette carrière qu’elle adore. Elle l’ai aidée à tenir debout quand sa vie s’écroulait, à résister au bizutage féroce de Marta, un personnage secondaire que j’adorerais mieux connaître. Ça, c’est pour le côté facee. Mais ce caractère têtu a aussi un côté pile. Il la pousse à provoquer, à se mettre en danger, pour dévoiler la vérité ou pour repousser l’évidence, son attachement au club, à son père, à Stan. Et dans ses moments de faiblesse, elle sort les dents au point qu’il semble plus facile de la bâillonner d’un baiser que de la raisonner.
Il faut dire que, lorsqu’on en apprend un peu plus sur son passé, on peut comprendre ses préventions.
Et si les flashbacks savamment distillés nous apprennent, à nous, une vérité que de nombreux protagonistes soupçonnent, au moins partiellement, il y a une frustration délicieuse dans l’attente des révélations, à supposer qu’elles se produisent. Cette phase du roman m’a rendue folle. Tous les indices sont là. Les frères et la soeur de Stan ne cessent de tenter la médiation entre les deux fortes têtes. Ils ne peuvent nier qu’ils se veulent autant qu’ils se haïssent, que la cohabitation forcée est aussi invivable que jouissive. Et pourtant, il en faut beaucoup avant qu’ils ne calment leurs ardeurs et leurs tempéraments.
Il n’y a pas de place pour la tiédeur dans ce roman, pas plus que pour les temps morts. Les personnages se détestent autant que leur attraction les rapproche. Ils envisagent de se poser, de réfléchir, de temporiser, mais l’entêtement est une arme dangereuse, et la peur de souffrir le meilleur des boucliers pour ne pas baisser la garde face à l’évidence.
Si j’ai aimé le personnage de Millie, je suis tombée sous le charme de Stan. Et pas seulement pour son torse musclé, ses tatouages, son cuir … bref, pas seulement pour son physique. Non non, vraiment! J’ai fondu pour son caractère.
Entièrement dévoué à sa famille et à son club, il n’hésite pas, presque malgré lui, à s’interposer pour protéger Millie, alors même qu’il pense la détester. Déterminé à ne pas la laisser mettre de nouveau son coeur en charpie, il se met pourtant à nu avec une sensibilité que je ne soupçonnais pas. Prêt à se sacrifier, à tout assumer, à se battre, il peut paraître un peu girouette. Mais j’ai surtout vu en lui la qualité suprême. Celle de s’adapter à ce qui lui semble être le mieux, non pas pour lui, mais pour celle qui est la femme et la torture de sa vie.
Les personnages secondaires, quelle qu’en soit la génération, contribuent à tisser ce roman plein et hautement addictif. Apo et Slade, plus que frères, sont extrêmement touchants, et même dans leurs oppositions, on sent tout ce qui les unit depuis tant d’années. La figure de dragon maternel que représente Marta m’a autant touchée que celle de Bianca m’a donné des aigreurs. Tout le monde n’est pas une mère poule, mais quand on découvre, au fur et à mesure des pages, ce qu’elle est capable de faire à son enfant, … mieux vaut ne pas épiloguer, ça deviendrait vulgaire.
La fratrie Jackson m’avait déjà conquise dans Kiss Kill & ride, aussi prompte à se provoquer qu’à tout lâcher pour soutenir celui qui en a besoin. Dans cet opus, ce lien ne se dément pas. On le découvre même encore plus fort entre Stant et Seth, les jumeaux capables de communiquer d’un regard. On croise aussi, de nouveau, le bel Angel, mais aussi Devil et June, avec plaisir. Je n’en dirais pas autant de Kiara, un personnage que j’ai aimé maudire parce que l’auteure l’a rendue détestable à souhait.
Ce qui fait enfin la force de ce roman, -quoi, il faut encore des motifs?- c’est la tension liée à tout ce qui, dans l’histoire, ne relève pas de la romance. Si on n’entre pas en détail, dans la vie du club, on ne peut éviter de croiser les tensions et les dangers qui accompagnent leurs activités. Et là encore, c’est sans temps mort que les coups de sang s’imbriquent dans le récit concocté par Gaëlle Sage.
J’aurais aimé, par pure gourmandise, en savoir un tout petit peu plus sur LE danger qui a plané sur toute cette histoire. Je me dis que, peut-être, on en entendra encore parler. Après tout, il reste encore tant de coeurs à découvrir. C’est l’un des avantages d’un club aussi nombreux. Et je serai plus que prête à replonger tête baissée chez les Hell’s dogs. Après tout, je me dis qu’il reste des frères à caser. Et ce ne serait pas une mince affaire.
Un défi à la hauteur de Gaëlle Sage et de son talent? Très certainement!