Titre les Mac Coy
Tome 1/6 l’ogre et le chardon
Auteur Alexiane Thill
Éditeur Fyctia Editions
Date de sortie 13 juin 2019
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Il y a du bon à regarder dans le rétro et à partir en exploration de sa PAL. On peut y trouver des pépites qui attendaient, là, en sommeil.
Ainsi en est-il des Mac Coy, la saga d’Alexiane Thill. Sur d’excellents conseils, j’en avais acheté le premier volume, l’Ogre et le chardon, en 2020. Léger retard de lecture, vraiment ?
Oui mais compensé par une lecture dévorée -et enchainée sur le deuxième volume, mais chut, ça on en parlera plus tard.
Je ne m’explique pas pourquoi j’ai autant attendu -à part le fait que nos journées ne fassent pas 72 heures- car cette série a tout pour moi.
Pensez plutôt ! L’Ecosse, ses clans, ses tartans, ses paysages, ceux dans lesquels j’aurais voulu me perdre lors de mon roadtrip. Le tout servi par une écriture haletante et une histoire aux multiples rebondissements.
Vous le voyez arriver, le coup de cœur ? Vous êtes perspicaces.
L’histoire, parlons-en !
Phèdre Duval est une jeune femme en plein désarroi. Fille unique d’une mère française et d’un père écossais parti dix ans plus tôt sans un mot, elle traverse la vie comme un fantôme, toujours sur le qui-vive, incapable de se lier, encore moins d’accorder sa confiance.
Son père, à sa mort, lui a laissé un héritage et une demande. Se rendre sur ses terres ancestrales, en Ecosse pour un séjour longue durée organisé par un organisme. Elle devra loger dans une famille choisie pour elle, les Bain, Sean, le père, discret, Elia, la mère, chaleureuse et attentive et Callum, le fils de la maison, serviable et prévenant.
Phèdre va aussi prendre un emploi de femme de ménage à l’Unicorn, un club d’Edimbourg. Côté pile, c’est une discothèque classique. Mais dans l’aile VVIP, par contre, autre décor, autre ambiance et l’interdiction absolue de s’y rendre sans autorisation. Lachlan O’Connor, le gérant, est intraitable à ce sujet.
Vous imaginez le problème ?
Par deux fois et sans en être responsable en rien, Phèdre se trouve au contact de ces clients VVIP et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils ne sont pas commodes, notamment le plus impressionnant, le plus charismatique, le plus inquiétant d’entre eux, Caleb MacCoy, aka l’Ogre. Avec un tel surnom, le ton est donné, non ?
À plus forte raison lorsque, pour la protéger d’une rixe et d’une question d’honneur bafoué, Caleb prend un engagement fort : il fait de Phèdre la pupille Mac Coy.
Pupille ? Oui, pupille, protégée, propriété, prisonnière ?
Pour Phèdre, c’est la plongée dans un monde parallèle, celui où Caleb est chef de clan, disposant du droit de vie et de mort sur ses gens, même sur elle.
En effet, contrairement à ce que la bataille de Culloden laisse à croire, les clans existent encore en Ecosse. Ils exercent une forme de pouvoir parallèle, encadré par les Sept plus grandes familles dont les McKenzie, les Campbell, les Fraser, et autres McDonalds et McLeod.
Vous sentez souffler un petit air d’Outlander, entendez déjà l’air du Skye Boat Song et guettez les premières pierres venues ? Minute papillon, on se calme !
Ici, pas de voyage dans le temps, pas de kilts, ou alors à l’occasion de grands événements. Ce roman réussit le tour de force d’allier un décor très contemporain et des traditions d’un autre âge.
Inutile de vous dire à quel point ça va faire des étincelles du côté de l’indépendante et farouche Phèdre !
J’ai beaucoup aimé ce roman que j’ai dévoré sans reprendre mon souffle.
J’en ai apprécié l’écriture. Alexiane Thill a un talent fou pour raconter des histoires. Le premier volet est du point de vue de Phèdre, ce qui est une superbe idée pour garder les zones d’ombre juste assez denses pour maintenir le lecteur sous tension.
Le dosage est bien équilibré entre l’introspection -avec la masse de révélations qui tombent sur les épaules de la jeune femme, c’est la moindre des choses- l’initiation à la vie du clan, les scènes de tensions quelle qu’en soit la nature.
En effet, ce roman tient constamment Phèdre et Caleb sur le fil. Ils doivent apprendre à composer avec leurs tempéraments, leurs personnalités, leur éducation et leurs traditions. De plus, le jeu des alliances et des inimitiés les met souvent dans une situation intenable. La place de Phèdre, en particulier, complique singulièrement la donne et la place de chacun.
Dans ce premier volet, l’auteure place ses pions, nous met en présence des différents protagonistes, les Campbell, petits rois d’Ecosse, du père Henry au fils Victor, séduisant et venimeux. On trouve aussi les Fraser avec, à leur tête, la redoutable Katryn, les MacKenzie dirigés par Angus, secondé par Elrik. Ils sont les ennemis jurés des MacCoy et la cause de leurs principaux malheurs.
Dans la place que Phèdre va prendre, les cartes de cet échiquier politique instable et sanguinaire vont être rebattues. Mais à qui faire confiance ? De qui se méfier ?
J’ai envie de dire de tout le monde et cette incertitude donne à la narration un équilibre de funambule que j’ai totalement ressenti.
C’est en sonnant la retraite des batailles perdues d’avance qu’on gagne la guerre
Cette devise, celle des McLeod, Caleb va devoir la faire sienne pour préserver sa raison de vivre, son clan, et y intégrer sa faille, sa faiblesse, sa déraison, son chardon.
Ensuite, j’ai été séduite par les personnages, la fragilité de Phèdre, toujours sur la brèche de la panique, de l’insécurité. Dans ce premier tome, elle semble subir, beaucoup, mais Caleb et les siens, de la douce Mary à l’inflexible Duncan, du protecteur Roy à l’insaisissable Brahn, tous vont lui permettre de grandir et de préparer la suite, avec ses armes, qui ne sont pas forcément celles de tous.
Caleb m’a également envoûtée, pas seulement parce qu’il est d’un pouvoir de séduction rare -à condition d’aimer les machos autoritaires, ceci dit. J’ai aimé sa loyauté et son sens du devoir. Quoi qu’il lui en coûte, même s’il en récolte haine et mépris, un seul leitmotiv guide son action, la survie de son clan. Pour l’obtenir, il est prêt à vendre son âme au diable. Tout au long de ce premier volet, on le sent écartelé par son passé, par cette inconnue qui chamboule le jeu. Il en devient touchant à vouloir gagner du temps sur le sort.
Les personnages secondaires sont tout aussi réussis. J’ai brièvement évoqué le clan Mac Coy qui a encore des membres à présenter. Ils forment une famille où la tradition n’est qu’un ingrédient du ciment. On sent entre eux toute la puissance du vécu commun, du sacrifice et des poids à porter.
La métamorphose majeure concerne la mère de Phèdre. Là encore, le travail réalisé est particulièrement abouti. Difficile d’en dire plus sans en dire trop, mais ne ratez pas l’évolution de la relation entre les deux femmes. J’en ai été très touchée.
Je ne peux pas, ici, évoquer l’ensemble des personnages. Pourtant, je pense que chacun mériterait quelques mots. Je me console en me disant que j’en aurai le temps.
Il ne faut pas oublier que ce roman n’est que le premier de la saga. Sans jamais être trop pesante, l’auteure nous fait déjà entrer à la cour d’Ecosse et plante le décor et le casting d’un jeu de pouvoir qui s’annonce sans merci.
Et puis il y a la romance. Un enemies-to-lovers des plus réussis où les cœurs vont se trouver en dépit et même malgré la raison et le devoir. J’ai aimé la lutte des deux têtus contre leurs sentiments, puis la stratégie de chacun pour asservir l’autre en tâchant de se convaincre que ce n’était rien, juste un moment sans conséquence dans un déni proche de celui d’un addict. Car il y a de cela. Plus que le désir et les rapprochements charnels -proprement incendiaires- il y a toutes les raisons pour lesquelles cette histoire est une très mauvaise idée. Et en face, il n’y a qu’une évidence ….
Riamh, m’eudail, à jamais mon amour
À jamais, bien malin qui pourra le dire vu le sort que l’auteure réserve à tous ses protagonistes. Rendez-vous au prochain tome pour en savoir plus.
Sans faire ma peste, moi je sais, pour l’avoir lu dans la foulée. On en parle, très bientôt …