Titre Darkness
Auteurs Juliette Pierce Chlore Smys
Editeur Black ink Editions
Date de sortie 24 juin 2022
Un titre à retrouver ici https://amzn.to/3D8lvb1
Parfois, une lecture personnelle tombe à pic.
À la veille de mon départ pour la seconde édition du FBI, les 14, 15 et 16 juillet 2023 à la Rochelle, j’ai eu envie de lire quelques chapitres de Darkness, le premier volet consacré aux frères Blackwell sous la plume de Chlore Smys et Juliette Pierce.
Quelques chapitres, vraiment ?
J’ai été scotchée à ma liseuse, envoûtée par l’histoire et les personnages, la puissance de l’une et les portraits tout en nuances des autres. J’ai été happée par l’écriture énergique et efficace des Twins et j’ai plongé au cœur des ténèbres de Cassius Blackwell aka Lil’Cass, jusqu’au dernier mot.
Riche idée quand on sait que Darkness et Cassius ont raflé pas moins de trois Awards à la cérémonie des Black Awards du 15 juillet dont celui de la Romance de l’année 2022.
Des récompenses amplement méritées par cette histoire aux accents profonds.
Il y a dix ans, le lycée de Clover Highs a été le théâtre d’une tuerie de masse lorsque Derek Rowley a pénétré, armé et déterminé à tuer. Un bilan effroyable : vingt-trois morts, trente-deux blessés et des rescapés qui sont tous marqués sinon dans leur chair, du moins dans leur âme, de façon indélébile.
Pour leur venir en aide, Margaret Blackwell, l’épouse du président de Lionwood Estates, l’une des figures majeures de la région, a fondé Cloverfield Hearts, une fondation qui a, par exemple, pris en charge les frais médicaux des victimes, leur suivi.
Il faut dire que la famille Blackwell a un lien particulier avec la tuerie. Elle a impacté les trois enfants, Silas, Perséphone et surtout Cassius à qui est consacré ce premier volet.
Cassius, dit Lil’Cass, a un lien particulier avec les événements de Clover Highs. Il y a été blessé à l’épaule. Il est aussi considéré comme le héros de cette journée. Il a neutralisé le forcené et les journaux ont immortalisé une scène terrible : un garçon de 16 ans, hagard, portant dans ses bras une jeune fille exsangue.
Et pas n’importe quelle jeune fille : Eleonor Price, quinze ans au moment des faits, petite sœur d’Alexander, le meilleur ami de Cassius. Que faisait-elle dans ce vestiaire funeste ? Elle essayait de faire entendre raison à cette tête de mule de Cass et de lui ouvrir les yeux sur leurs sentiments réciproques. Ellie a toujours aimé Cassius. Cassius … Cassius a lutté contre cette attraction, incapable de trahir son meilleur ami, alors même que tous ses sentiments de jeune homme le poussaient vers la jolie Ellie avec laquelle il partageait tant de complicité et bien plus.
Seulement voilà… Il y a dix ans, Cassius a tourné le dos. À la tuerie, à son image de héros, à Ellie et ses nombreuses blessures. Il est parti en Angleterre comme on fuit. Il en revient dix ans plus tard, fort d’un poste de conseiller financier qui, il l’espère, lui permettra de devenir le directeur financier de Lionwood Estates, la boîte familiale. C’est son ambition, ce pour quoi il a été formé, son héritage. C’est aussi le statut que souhaite sa fiancée, Serena Van der Meiren, une comtesse belge. Aussi, malgré tous les fantômes qui l’attendent, il revient, retrouve tout son passé à grande vitesse.
Tout est pareil et pourtant si différent. Sa fratrie se reforme, aussi terrible que dans ses souvenirs. Mais Persie et Silas ont avancé sans lui. Exit les convocations du proviseur pour réparer les frasques du trio terrible.
Tous deux sont désormais des adultes avec leur voie et leur chemin. Cassius n’est plus sûr d’en faire vraiment partie.
Idem pour Alexander. Son ancien meilleur ami semble surtout décidé à lui refaire le portrait.
Et puis, il y a Ellie. Elle aussi a grandi de dix ans. Sa chair et son âme sont marquées par le drame. Son cœur, lui, a du mal à se remettre de l’abandon de Cassius, du silence e Cassius et même du retour de Cassius et de sa parfaite fiancée.
Elle pourrait lui en vouloir, se souvenir qu’elle s’est trouvée dans la ligne de mire du tireur par sa faute, le détester pour l’arrivée de Serena.
Il y a de cela, bien sûr. Mais il y a aussi tout le reste. Il y a l’alchimie incroyable qui perdure entre les deux amants maudits de Clover Highs. Il y a le projet qui va les réunir et les mettre en présence l’un de l’autre. Il y a des sentiments mêlés qui ne demandent qu’à renaître.
Entre le poids du passé et celui du présent, entre l’espoir et les responsabilités, entre l’absolu des sentiments et celui des remords, les choix sont impossibles à faire et pourtant impossibles à fuir.
J’ai été totalement séduite par ce roman.
Pour commencer, l’écriture de Juliette Pierce et Chlore Smys se marient particulièrement bien. L’une comme l’autre savent se mettre dans l’esprit de leurs personnages avec une aisance folle. On ressent, on vibre, on souffre et on espère avec eux.
On est au plus près de chaque pensée, même celle qui malmène, même celle qu’on aimerait ne pas avoir à affronter.
La pratique de plusieurs temporalités ne fait que renforcer cette impression. Après un prologue particulièrement fort, les auteures utilisent le flashback comme on revit un moment marquant, avec une folle acuité qui ne rend les descriptions que plus fortes.
Ensuite, l’histoire, intense et particulièrement prenante, m’a transportée. Le fait divers qui sert de départ à la saga Blackwell est dramatique. J’ai aimé avoir le point de vue de l’après. Non pas le moment où l’on prend en charge les victimes, où les lumières des projecteurs sont encore braqués sur eux. Non, le vrai après, les mois, les années qui suivent le drame. Se remet-on totalement des blessures invisibles ? Comment vit-on avec ce syndrome du survivant ? Vit-on deux fois plus forts, comme semble le faire Silas ? Deux fois plus au service des autres comme pour Persie ? Deux fois plus pour satisfaire les attentes de chacun comme semble le faire Cassius ?
Et surtout, comment retrouve-t-on, dans ce contexte, l’essence de celui ou celle que l’on était ? Est-il mort, lui aussi, dans les couloirs du lycée ? Peut-on le retrouver ?
Le regard des autres et le regard que l’on porte sur soi-même sont des aspects importants de ce récit et je les ai ressentis avec force et émotion.
Les personnages, quant à eux, sont forts de leurs failles et particulièrement bien travaillés. Les Devil Twins ont évité -est-ce une surprise ? les pièges du stéréotype. Certes, Cassius est un personnage sombre, hanté par ses fantômes, sa culpabilité et ses mensonges. Il est aussi capable de s’illuminer dans le bon contexte, pour la bonne personne, de sortir les griffes pour défendre les bonnes causes. C’est un personnage qui m’a touchée, pris entre ce qu’il estime son devoir et ce qui pourrait le rendre heureux.
Et puis, on ne se le cache pas, il est particulièrement sexy ! Ça ne gâche rien !
Ellie, pour sa part, représente exactement la « survivante » telle que je l’imagine. Elle est fragile mais résiliente, blessée mais battante. Elle donne tout parce qu’elle sait tout ce qu’elle a failli perdre et tout ce qu’elle a abandonné dans les couloirs du lycée.
J’aime sa détermination et sa force.
Elle est la partenaire parfaite pour une romance. Car en plus de son théâtre particulier, Darkness est une histoire d’amour puissante et absolue, une qui donne des papillons dans le ventre et des envies d’absolu. Messieurs, si vos moitiés deviennent très exigeantes, vous saurez à qui vous en prendre !
C’est une romance qui n’a rien d’évident, exige des combats contre soi, contre le passé. Parce que le sublime ne s’atteint pas sans effort.
Vous l’aurez compris, si je n’ai pu poser un instant Darkness avant sa conclusion, c’est parce que ce roman réunit tout ce qui me touche, des thèmes forts, des personnages marqués, une romance plus que réussie et deux plumes conjuguées pour le meilleur.
La preuve ultime de mon coup de cœur ? Le deuxième volet, Reckless, m’attend en Audible. Quant au troisième, Princess ? Il a eu droit à sa dédicace ce weekend et ne vous inquiétez pas, Silas et Perséphone passeront bientôt entre mes mains.
Parce que des minutes les plus sombres doivent naître les plus beaux lendemains.
