Titre Bas les crocs
Le cœur des Maudites tome 1
Auteur Ambre de Langevin
Éditeur Plumes du Web
Date de sortie 12 février 2021
Un titre à commander ici Bas les crocs
ou sur le site des Plumes du Web https://www.plumesduweb.com/produit/bas-les-crocs-le-coeur-des-maudits-1-ambre-de-langevin-broche/
J’aime les histoires de vampires.
Ce n’est peut-être pas évident en lisant le blog, mais c’est un fait, j’adore les vampires.
Attention, désolée pour un grand nombre d’entre vous, je ne parle pas des Cullen, la famille issue de Twilight. Par contre, donnez moi la flamboyance gothique de Dracula, les doutes de Louis de Pointe du Lac, l’arrogance de Lestat de Lioncourt ou la majestueuse cruauté d’Akasha et là, je fonds!
Et dans mon Panthéon des vampires que j’aime, je vais désormais faire une place à Leto, alias Dixie Conner, l’héroïne d’Ambre de Langevin pour les Plumes du Web.
Imaginez une immortelle de quelque chose comme 4000 ans. Elle a eu le temps d’en voir, des Dieux et des guerres, des ordures et des gens bien! Elle a dû faire face à la colère d’un empereur, a croisé le chemin de Philippe Morley, le fondateur d’une dynastie de chasseurs de vampires. Elle a rencontré d’autres vampires comme les frères Kravtchenko à l’origine d’une charte de bonne conduite des vampires et même une sorcière.
Elle en a vu du pays, aussi et a établi ses préférences. L’Italie, très peu pour elle. Trop de soleil pour sa peau blanche; encore moins Londres qu’elle exècre plus que tout. Par contre, la Russie serait une belle destination, du moins quand elle devra quitter Dundee.
En effet, quand depuis 4 millénaires on n’a presque pas vieilli, mieux vaut éviter de rester trop longtemps dans le même secteur. C’est juste une question de prudence pour ne pas éveiller les soupçons.
Pourtant, Leto est plutôt bien intégrée dans son monde, si on excepte des goûts vestimentaires à dater en siècle ou une tendance à tout régler par une douzaine de bouteilles de scotch.
Il n’en faut pas moins pour supporter le temps qui passe, les pertes successives de ceux qui ont traversé sa mort et la faim qui la tenaille constamment.
C’est qu’entre autres particularités, Leto est une abstinente. Elle n’attaque pas les humains. Pas les rats non plus, ni les animaux sauvages. Sa solution à elle est bien plus complexe et lourde de conséquences, Leto jeûne. Depuis près de deux siècles. À la place, elle se gave de sucettes qui la quittent rarement. C’est peu, mais c’est suffisant pour accomplir ce qu’elle a à faire.
Pour l’heure, son travail, c’est celui de médecin légiste auprès de la police de Dundee en Écosse. Aux côtés de l’inspecteur Darren Bain, elle étudie les morts et se sert de son lien si particulier pour résoudre ce qui échappe au plus grand nombre.
Ce talent permet de tenir à distance les critiques sur son alcoolisme et son caractère, aussi affirmés l’un que l’autre. Ils lui donnent aussi une certaine réputation qui ne sera pas de trop dans la nouvelle enquête qu’on lui confie.
En dépit de la faiblesse liée à sa faim, d’une vertèbre capricieuse et de ses craintes, c’est à Londres que Leto et Darren doivent épauler une commissaire exigeante, exécrable et fort peu tolérante aux excentricités de sa consultante.
Londres qui éveille ce qu’il y a de pire en Leto et lui rappelle parallèlement des moments chers, avec Archibald et Bénédicte.
Londres où les cadavres s’amoncellent et annoncent des périls et une lutte qui pourrait dépasser ses forces.
Londres où Leto va devoir composer avec des chasseurs de vampires dans une alliance presque contre nature et pourtant évidente.
Londres où deux rencontres vont remettre Leto face aux contraintes de son immortalité. S’attacher à des personnes dont la durée de vie a une limite, c’est accepter le risque de souffrir.
Et en 4000 ans, Leto en a eu, du temps pour souffrir. Le temps efface tout, dit-on? Demandez lui donc si elle a oublié Noa, son amour originel, et croisez les doigts pour qu’elle vous laisse vous en tirer en un seul morceau!
Dans un roman dont l’intensité monte crescendo, Ambre de Langevin, dont je découvrais la plume, livre une histoire très bien écrite et puissante.
Outre une écriture de très belle qualité, j’ai aimé l’idée directrice du récit. Une vampire dotée d’une conscience et protectrice des humains, ce n’est déjà pas banal. En outre, en plus d’un tempérament et d’une langue acérée, Leto est un personnage qu’on pourrait qualifier de badass. Elle boit plus que de raisons, n’a ni filtre ni pudeur et prend un malin plaisir à provoquer ceux qui la regardent de haut avec ce tranquille jemenfoutisme que donne l’âge. Elle se met facilement en colère, a une tolérance modérée à la médiocrité et à l’arrogance et n’hésite pas à appuyer là où ça picote.
Mais j’ai aussi été sensible à sa vulnérabilité, celle liée aux anciennes blessures et à son refus de boire du sang sauf dans les cas extrêmes et celle liée à ce myocarde mort et pourtant bien sensible. Il y a de nombreux moments où je l’ai trouvée touchante, y compris lorsqu’elle fait tout pour paraître insensible.
Mais j’ai aussi aimé le tempérament justicier, ou du moins l’équilibre que ce fléau des vampires veut maintenir, pour préserver son espèce de la traque mais aussi pour éviter l’hécatombe.
Il y a dans sa démarche quelque chose d’éminemment moral qui m’a touchée.
Mais ce sont surtout les sentiments que Leto ressent qui font la force de ce roman. Je passe, pour ne pas en dire trop, sur l’accès de rage débridée auquel elle va s’adonner à un certain moment, pour m’arrêter sur quatre personnages qui éveillent en elle des émotions de nature différente mais d’intensité poignante. Benedicte, Archibald, Amy, Logan. Ils sont les quatre sommets du carré parfait de ce qui à la fois tient au caractère presque humain de Leto et l’enferme dans une vulnérabilité dont elle ne sait que faire.
Les vampires n’ont le droit d’exister que s’ils se comportent comme l’humain qu’ils auraient dû être
Ce leitmotiv, souvent esquissé et asséné à un moment crucial, résume à mon sens ce qui fait la force et la faiblesse de l’ombre écarlate.
C’est en tous cas ce qui a fait l’un des points forts de ce récit et me conforte dans l’impatience de connaître bientôt la suite et fin du voyage de Dame Leto.