Titre Parfait rockeur, vrai sauvage
Auteur Anna Wendell
Éditeur Éditions Addictives
Date de sortie 29 Août 2022
Un titre à commander ici Parfait rockeur, vrai sauvage
Il y a un petit moment que je n’ai pas lu de roman d’Anna Wendell. Un petit peu trop visiblement car j’ai raté ses deux derniers titres aux Editions Addictives, Faux frère vrai connard et Vrai beau gosse parfait badboy.
C’est dommage car, outre le fait de rater la plume forte et délicate d’Anna, j’ai aussi manqué les deux premiers volets d’une série dont Parfait rockeur, vrai sauvage est le troisième et dernier volet.
Rassurez-vous si vous avez, comme moi, été aspirés dans les failles temporelles des PAL à rallonge, ce roman peut se lire tout seul. Vous risquez juste, au détour d’un rappel ou d’une allusion, de vous mordre les lèvres en vous disant que vous avez, très certainement, raté deux petites pépites.
Heureusement, l’adage jamais deux sans trois ne se vérifie pas dans ce cas et j’ai pu découvrir ce parfait rockeur, vrai sauvage qui colle parfaitement à la peau de Wolf Smith, aka le Dieu des cordes, le guitariste des Wild Souls, un groupe international qui a le vent en poupe. En effet, le producteur Jack Harmon a réuni autour de lui Wolf (Wolfgang comme l’illustre Mozart) l’Allemand, Red le batteur irlandais, Josh le bassiste australien et Makalister Brown le chanteur aussi charismatique qu’ingérable.
Vous connaissez l’expression Sex, Drug & Rock’n’Roll, Mak coche une bonne partie des cases. Ses dérapages sont légions, aussi nombreux que ses conquêtes. Si les tabloïds s’en délectent et que ses dérives ont contribué à la légende du groupe, elles mettent désormais en péril sa réputation et sa crédibilité.
Il est temps de réagir. Jack a trouvé LA solution: la participation des Wild souls à un opéra rock symphonique et spectaculaire, Archange, épaulé par la troupe française Utopia.
Tout est pensé: des violonistes, des chevaux, des motos, une chanteuse à la voix enchanteresse. Une telle entreprise n’enchante pas forcément les quatre, notamment par la clause qui l’accompagne: pas de rapprochement physique entre les membres du groupe et de la troupe.
Aucun risque pour les couples déjà formés au sein de la troupe -je ne dis rien car mon petit doigt me dit qu’ils sont l’enjeu des deux volumes évoqués précédemment- mais pour les Wild Souls, le coup est rude. Inacceptable pour Mak qui voit mal comment résister à ses penchants, tout autant pour Wolf.
Pourtant, on ne peut pas dire que ce dernier collectionne les conquêtes. Il ne laisse personne l’approcher suffisamment pour risquer de s’y attacher, pour risquer de souffrir ou de faire souffrir.
Il faut dire que Wolf traîne derrière lui un lourd secret que l’on découvre au fil des pages de ce roman prenant, passionnant et particulièrement addictif. Il se croyait à l’abri des tentations féminines, entièrement tourné vers son art, la guitare qu’il joue dans le groupe, le violon qu’il a appris à l’adolescence ou le violoncelle dont il tire toute l’âme que l’on peut trouver au cœur de la musique.
Protégé du monde extérieur par cette passion, il se pensait à l’abri de tout. Mais il ne faut jamais être trop sûr de soi quand on touche au monde de la romance.
En effet, de l’autre côté de cette aventure humaine et artistique dont les passages décrits m’en ont mis plein les yeux, se trouve la troupe d’Utopia et ses membres hétéroclites, un compositeur, une metteuse en scène -jusque là tout va bien- des violonistes et une soliste, mais aussi une dresseuse de chevaux et ses protégés et même des motards cascadeurs. Le tout forme une tribu de cœur que, sans avoir lu les premiers volets, on devine très soudée par un amour sincère et la force des événements passés, de l’adversité dont on triomphe et de la solidarité que crée l’accomplissement d’un projet commun, à plus forte raison quand il paraît totalement dingue.
Au sein de ce groupe, fragile papillon qui peine à s’extirper d’une sombre chrysalide, se trouve Mélanie Garnier, la chanteuse du spectacle. C’est une jeune femme extrêmement touchante, écorchée, en lutte permanente, en particulier contre elle-même.
Elle cache, elle aussi, de lourds secrets qu’elle s’échine à garder pour elle, sans se douter que tous ses proches souffrent de ne pas avoir les outils pour l’aider, pour la soutenir.
Entre l’étrange Mélanie et le mutique Bad boy Wolf (ben quoi, c’est pas moi qui le dis, c’est tatoué au coin de son visage), tout commence comme dans les grands classiques des improbables comédies romantiques. D’ailleurs, les deux jeunes gens en riraient presque en tout cas si tout chez l’autre ne les agaçait pas et ne réveillait pas d’étranges sensations qu’ils pensaient interdites ou inaccessibles.
Mais il y a tout ce qui les oppose. Cette clause qui pourrait leur valoir une grosse amende et une mise à l’écart en bonne et due forme, le refus de Wolf de s’ouvrir aux autres, la résolution de Mélanie de ne pas céder, pour une fois, à l’attrait des bad boys qu’elle a un peu trop collectionnés au grand dam de sa famille.
Et encore, je ne vous ai pas encore parlé de toutes les cicatrices encore à vif qui les empêchent de se découvrir -ne rêvez pas, je ne vous en parlerai pas, à regret mais quand même- ni des contraintes extérieures.
Le regard des autres, si bienveillants soient-ils, en est une. Elle n’est pas la seule. En effet, dès le départ, une ombre menaçante pèse sur le show et sa préparation. Elle met en péril les hommes, les animaux, mais aussi la cohésion du groupe et la confiance que chacun doit pouvoir porter aux autres pour mener à bien un tel projet.
Anna Wendell déploie, dans cet axe du roman, tout son talent pour le suspens, parvient à nous faire douter de tout et de tout le monde en insérant, par moments, la voix de cet « inconnu » qui menace de nous rendre fous.
De la même façon, dans le passé des personnages, notamment de Wolf, elle se délecte à nous laisser des pistes pour nous emmener vers un cul de sac, une autre réalité, une autre écaille pour refermer la carapace du loup solitaire. J’ai beaucoup aimé la délicatesse de sa construction qui nous emmène à la révélation, forte et terriblement émouvante … dont je ne peux rien vous dire.
J’ai été séduite par ce roman. Le seul petit bémol -mais il m’impute en grande partie- réside dans cette impression, notamment au début du roman, d’être un peu déboussolée parce qu’il manquait des pièces au puzzle. Rassurez-vous, rien qui nuise à la compréhension de cette histoire, plutôt la légère frustration d’arriver au milieu d’une discussion et de ne pas en comprendre tous les sous-entendus. Ceci dit, je sais comment réparer la lacune -et vous aussi si vous êtes dans mon cas.
Laissons de côté cette mini poussière et concentrons nous sur les raisons pour lesquelles j’ai autant aimé cette histoire.
Tout d’abord parce que j’ai retrouvé la plume d’Anna Wendell, efficace, émouvante, délicate, où chaque mot est posé là pour une bonne raison.
Ensuite parce qu’elle a su, de nouveau, dresser le portrait de personnages qui marquent. Leurs failles sont leurs plus grandes faiblesses, mais aussi les bases d’une incroyable force et d’une rédemption obligatoire sous peine de sombrer définitivement. Wolf et Mélanie sont tout ça. J’ai parfois eu envie de les secouer pour leur intimer l’ordre de s’autoriser à être heureux, à se pardonner, à envisager que, même dans la pire nuit sans lune, il y a toujours une mini lueur qui mène vers l’aube. J’ai eu bien plus souvent envie de les serrer dans mes bras -et pas seulement parce que Wolf est diablement sexy! pour les consoler et les assurer que, quoi qui les bouffe, il reste suffisamment de leur âme pour se reconstruire.
Les personnages secondaires m’ont paru attachants également, mais d’une part, ils ont apparemment eu leur tour de lumière, d’autre part, mon attention s’est tellement focalisée sur nos deux improbables que je m’y suis assez peu penchée.
J’ai aussi, bien sûr été touchée par les thèmes lourds abordés avec justesse et sensibilité, sans sensiblerie ni pitié. Vous le savez, je ne vous en dirai rien -parfois je rêve d’une chronique 100% spoil pour confier à Anna mon admiration dans la gestion de ces passages. C’est l’une des qualités que j’aime dans les livres d’Anna. Le contrat est une fois de plus parfaitement rempli.
J’ai aussi adoré … la passion commune que je partage avec Mélanie pour les bubble teas et qui, quelques jours après notre dernière rencontre avec Anna, a une saveur particulière. Je plaisante … à demi, quoique.
Plus sérieusement, j’ai été embrasée par le rythme de la romance. Pour tout un tas de raison, elle adopte un tempo particulier où les âmes précèdent les corps, où l’amour partagé de l’art précède l’amour tout court. Là encore, c’est exécuté avec brio et un talent certain pour faire monter la température très très haut.
Enfin, j’ai aimé le contexte de ce roman, sa tension, bien sûr, son univers musical évidemment, mais aussi le monde du spectacle vivant dans lequel la plume de l’autrice se promène avec la maestria de l’expérience.
Merci pour ce voyage, Anna, merci pour toutes les Mélanie et les Wolf, si parfaits de leurs imperfections et à très bientôt pour le prochain rappel!