Titre la Diseuse de mort
Auteur Christelle da Cruz
Editeur Plumes du Web
Date de sortie 5 mai 2023
Un titre à retrouver ici La diseuse de mort
Paris, après la guerre apocalyptique, est devenue une drôle de ville. Vampires, mages, sorciers et goules s’y croisent comme si de rien n’était alors que les humains tentent de survivre dans les vestiges d’un temps qui n’est plus.
Des royaumes se partagent les territoires restants. Au Sud, la reine Thessa et ses mages, dont le redoutable Lucien de Berlan règnent là où, au Nord, ce sont les vampires, en particulier le roi Elias et son jumeau Lachlann Patterson.
Ils vivent à distance les uns des autres, se fréquentent le moins possible, ne se permettent pas d’investir le territoire de leurs rivaux sous peine de déclencher des réactions fort dommageables pour l’équilibre précaire.
Aussi, lorsque des garous, renégats de surcroît, commencent à fréquenter avec un peu trop d’assiduité le cimetière de Montmartre, l’émoi est grand. On le trouve d’abord chez Dionne Saintjean, la gardienne des lieux. La jeune femme traîne parmi les siens une réputation exécrable. Seul le commissaire Lamar Hassani lui accorde une tendresse presque paternelle.
Pour le reste, elle ne peut compter que sur Lord, son malamute d’Alaska et quelques « amies » d’un genre particulier, Astrid, vampire de son état, création de Lachlann au même titre que le dandy Mensah, et Maja, succube capable de tenir en son pouvoir toute une assemblée.
Cette troupe hétéroclite est unie par une amitié que bien peu comprennent mais qui trouve toute sa puissance lorsque Dionne est en danger bien malgré elle.
Entrée en possession d’objets rituels dont elle ignore tout, la voici dotée de dons dont elle se serait bien passée mais aussi marquée du statut de cible pour des adversaires cruels et résolus.
Au point d’accepter l’aide qu’elle n’aurait jamais cru vouloir? Au point de passer outre les différences de races, les préjugés et les blessures du passé?
Laissez-vous tenter par ce roman plein de surprise. Une urban fantasy? Un récit d’aventures? Une romance? Un peu de tout et bien plus à la fois, sur fond d’enquête et de luttes intestines.
J’ai été totalement prise par la lecture de ce roman, comme c’est le cas avec les différents romans de Christelle da Cruz.
J’aime la galerie de personnages qu’elle nous a décrits. Tous ont des caractères forts et un lot d’aspérités suffisants pour qu’on s’y attache autant qu’on a parfois envie de les bousculer.
Ensuite j’aime sa vision du monde, apocalyptique ou non. On y trouve des messages universels. La haine et la peur de ceux qui sont différents, la forme de confort qu’on peut trouver en ne restant qu’entre soi, la nécessité de compter sur les autres, parfois et les bonnes surprises que l’on peut trouver lorsqu’on accepte de baisser ces oeillères.
Dans ce roman, on n’a guère le choix et pourtant chacun pourrait décider de passer son chemin. Pourtant, ils n’en font rien. Dans la société décrite par Christelle da Cruz, chacun tente de trouver sa place. Les simples humains luttent pour la survie alors que les plus forts survolent les débats et vivent à leur rythme.
Tous semblent mener des existences parallèles. Pourtant, dans ce roman, il y a des valeurs fortes. On y parle d’amitié. Les opposés s’attirent, dit le proverbe. Quelles meilleures opposées qu’une humaine, une vampire et une succube. Pourtant, elles sont unies par un indéfectible lien qui pousse chacune à sortir de sa zone de confort, à lutter contre sa nature, contre les siens parfois. J’ai aimé cette amitié, comme j’ai été sensible à la solidarité. Elle n’est pas évidente. Elle peut sembler contre-nature. Finalement, elle est la clef pour tous.
J’ai aimé ce message, à plus forte raison dans notre contexte actuel. Sans vampires ni goules ni sorciers -quoique- chacun est tenté de se replier sur soi, de se sentir non concerné par le sort des autres, de refuser les différences, alors qu’elles sont une richesse indéniable.
Les plus faibles peuvent être les plus précieux. Les plus méprisables les plus utiles. J’ai aimé cette vision humaniste des événements telle qu’on pourrait la transposer à chacun.
Ce roman n’est pas qu’une fable morale. C’est aussi une Urban fantasy de très belle facture. J’ai un faible pour les vampires, bien plus que pour les garous. Coup de chance, le clan de Lachlann occupe une part très importante dans le récit. On y retrouve tous les éléments du genre, agencés avec talent.
Le récit est bien rythmé, sans temps mort. La magie et les créatures surnaturelles se rencontrent et s’affrontent. On croise quelques femmes visionnaires et même une sacrée bestiole des plus effrayantes, sans compter une gargouille au final presque rassurante.
Depuis la prophétie des sept voir la chronique ici https://melimelodegwen.fr/la-prophetie-des-sept-de-christelle-da-cruz/ la maîtrise de Christelle da Cruz dans ce domaine n’est plus un secret. Elle le démontre ici encore pour mon plus grand plaisir.
Mais ce roman est également une romance parfaitement prenante. Elle se démarque par son rythme lent et inéluctable. Ne comptez pas sur moi pour vous en révéler les protagonistes -après tout, les possibilités sont multiples. Par contre je vous dirais que, une fois encore, Christelle da Cruz se joue des codes, des attentes pour offrir son interprétation des amours improbables et décrire la lutte du cœur et de la raison dans un slowburn aussi frustrant qu’addictif. Qu’ils luttent donc, pour tout un tas de raisons aussi bonnes qu’impuissantes! Quoi qu’on puisse en penser, quoi que les principaux intéressés puissent en penser, il y a une destinée qui concerne chacun. La mort de chacun est écrite, sa vie également, ses amours idem?
C’est en tout cas ce que laisse penser ce roman complet et particulièrement réussi qui confirme, une fois de plus, que les Editions Plumes du Web et leure auteure Christelle da Cruz sont pafaites dans leur rôle de championnes des « littératures de l’imaginaire ».
En attendant le prochain voyage!
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