Titre Priam l’Odyssée
Auteur Lois Smes
Editeur Kyrro Editions
Date de sortie 9 septembre 2022
Un titre à commander ici Priam l’odyssée
Priam a beau porter le nom d’un roi légendaire, modèle de droiture, le drôle de héros du roman de Lois Smes est à peu près tout sauf le portrait craché de son célèbre homonyme.
Le Priam antique a dû gérer une guerre. Notre Priam non … quoique!
C’est le portrait d’un personnage lunaire, décalé, d’un clown tantôt triste tantôt exubérant, souvent amusant, parfois agaçant et si souvent touchant, que Lois Smes nous dresse dans un roman incroyable où les rires fusent autant que les frissons de bonheur, où les cœurs sont souvent malmenés par des émotions fortes et terribles, bref, un roman à l’image de la vie !
Je vous pose le décor. À New York, Priam et son meilleur ami, son frère de cœur, son âme frère, son tout, Gonzague vivent de leurs rêves de réussite et d’une bonne dose de débrouille. Ils vivent au jour le jour, de combines qui fonctionnent rarement sur le long terme, en comptant sur le sort, le hasard et leur talent naturel.
Le monde est un programme. Et si on le piratait?
propose souvent Gonzague. C’est un mode de vie qui ne réussit pas trop mal à nos deux terribles, du moins si on n’est pas trop attaché à la sûreté, aux plans d’avenir sur dix ans et à toutes les certitudes.
Tout ce qui, au contraire, guide la vie d’Abigail, jeune femme hyper organisée qui travaille pour l’agence Gueules, chargée de détecter et de manager des personnages à la personnalité qu’on n’oublie pas.
Son challenge du moment, celui qui, si tout se passe bien, fera d’elle une associée?
Trouver un personnage marquant et décalé, irrévérencieux et charmeur pour présenter une nouvelle télé-réalité, As Stupid as you can be. Tout un programme, n’est-ce pas?
Surtout quand le présentateur pressenti, Glen, mériterait de figurer lui-même au casting.
Mais c’est compter sans une bonne dose de chance et un incident optique.
Et si le hasard se mêlait de la partie?
Priam entre dans la vie d’Abigail comme un boulet de canon. Il y bouleverse tout, risque de provoquer trois crises cardiaques au quart d’heure. Et pourtant …
Face à l’imprévisible, la maniaque du contrôle s’apaise. Pourtant, elle a de bonnes raisons de préférer le calme rassurant de l’habitude à la fiévreuse incertitude de l’imprévu. Avec Jamie, sa meilleure amie, son inséparable, une actrice qui lutte pour trouver la clé du succès, Gail va être bousculée par Priam, capable de prendre pied dans votre vie sans même que vous vous en rendiez compte, d’y semer un incroyable bazar et paradoxalement, de tout remettre à sa place.
J’ai fondu d’amour pour ce roman pour de multiples raisons.
D’abord, je suis fan de la folie douce de Lois. Dans sa façon d’écrire, dans les délires qui animent ses personnages, dans des trouvailles imprévues, elle est capable de me faire glousser de rire en un claquement de doigts. Je ne sais pas à quoi carbure son cerveau ultra-créatif, mais je veux la recette.
Pourtant, on aurait tort de ne voir dans ce Priam qu’une comédie légère et parfois loufoque. Ne dit-on pas que les plus grands comiques sont souvent les gens les plus tristes?
Il y a chez Priam une élégance dans la tristesse, une armure de joie de vivre et de je m’en-foutisme qui camoufle au mieux des failles profondes comme les plus sincères chagrins. « Souris puisque c’est grave »
C’est la bande-son que j’aurais aimé fredonner à plusieurs moments de cette histoire qui m’a fait verser des larmes avec la même facilité que j’ai ri de bon cœur. Inutile de le demander, je ne vous dirai rien. Rien de rien. Même pas pour un tour de taureau électrique.
Pourtant, Lois a prévenu dès le démarrage. C’est un roman de vie, un roman sur la vie. Et parfois, la vie ça craint!
Soyez donc prêts à tout, vous qui allez ouvrir ce livre, vous ne serez jamais déçus du voyage.
Ensuite, j’ai eu un coup de cœur pour les personnages. Ils se dévoilent au fur et à mesure, prennent parfois tout le monde de court quand on pense avoir tout compris. C’est le cas d’Avery, par exemple, la meilleure ennemie de Priam, qui va se révéler être un pivot que je n’attendais pas.
Mais j’ai surtout aimé découvrir une toute autre réalité derrière le présent d’Abigail. J’ai adoré que Jamie ne soit pas une actrice prête à tout pour le succès, quitte à utiliser le carnet d’adresses de sa meilleure amie.
J’ai aimé que Gonzague ait des petits airs de Gab, philosophe et décalé.
J’ai été touchée que Priam, ce petit garçon sui continue d’essayer la vie pour voir ce qu’il aime et ce qu’il n’aime pas, soit si fragile, si friable, si farouche, si frais et finalement si touchant dans ses doutes et ses combats et dans ses premiers doutes et combats d’amour.
Un personnage inclassable dont Gonzague tente tout de même d’établir une définition.
Pi est l’une des constantes les plus importantes en mathématiques. C’est un nombre irrationnel, ni fini, ni périodique. C’est aussi un nombre transcendant. Tu es comme ça. Tu transcendes l’irrationnel de façon constante et non périodique. Et tu n’es pas fini
Très belle vision de P!
Enfin, j’ai aimé que cette histoire soit inclassable. Une romance, un roman d’initiation? Une comédie? un drame? Un roman de vie? une tranche de vie?
Les thèmes qui y sont abordés relèvent de l’universel et c’est bien ce qui rend ce roman si attachant.
Priam de Troie était le roi d’une des plus belles cités du monde, il a vu déferler sur lui la guerre. Priam Petersen régnait sur son monde en ruines. Au prix d’une incroyable guerre contre la vie et contre lui-même, il pourrait bien devenir roi!
C’est bien possible. Mais une chose est d’ores et déjà certaine. Dans le domaine des personnages déjantés qui méritent qu’on y creuse, des histoires loufoques en apparence mais aux profondeurs si évidentes et bien traitées, Miss Lois Smes se rapproche hardiment d’un trône des plus mérités et avec elle son acolyte Karyn Adler et leur maison Kyrro Editions.
La preuve en est le succès massif et totalement justifié de leur stand à Dreamsbooks 2022.
Alors, longue vie de plume à Lois et God save Kyrro (paraît que c’est de circonstances!) (zut, il manquerait plus que je me Priamise!)