Titre Fucking King
Auteur Ella Lores
Éditeur Éditions Addictives
Date de sortie 16 juin 2021
Un titre à commander ici Funcking King
Fans de têtes couronnées et de potins en tous genres bonjour!
Bienvenue en direct de Letaspok, la capitale du royaume de Karanie où sa majesté le roi Darian va recevoir pour une semaine son frère Mark, brillant étudiant à Oxford et sa bande d’amis parmi lesquels ce que l’Europe compte de plus reluisant, Raffaëlla de Lubon, Erling de Harsem ou Marie de Umbroia ainsi que deux jeunes Écossaises méritantes (comprenez filles sans le sou mais au cerveau bien fait) Milly Watson et Elsie McNee.
Si les deux dernières, respectivement étudiante dans le même cursus que Marc en gestion de la prévention des maladies et en Histoire dans la prestigieuse université, sont invitées également, c’est que la première a un gros crush pour le jeune prince Mark et que la seconde est sa meilleure amie.
En route donc pour une semaine de rêve dans l’archipel méditerranéen. Enfin, rêve, rêve, tout dépend du point de vue. Si Milly y voit l’occasion de, peut-être, passer le pas avec son prince, malgré les doutes de son amie, pour Elsie, cette semaine s’annonce comme l’antichambre du purgatoire. Pensez plutôt! Obligation de laisser tout système de communication hors de l’île, protocole de sécurité ultra soigné qui interdit même de crier sur les membres de la famille royale, étiquette ultra-guindée et pour couronner le tout, un roi glacial et sacrément intimidant.
Intimidant pour tous mais carrément stimulant pour Elsie. Parce qu’elle vient d’une famille profondément antimonarchiste, parce qu’elle n’aime pas du tout du tout qu’on lui donne des ordres sans lui dire pourquoi, parce que l’étiquette et elle …
Mais Darian von Karan, roi de Karanie depuis 17 ans n’est pas qu’un tyran paranoïaque au sens de l’humour proche du zéro absolu et qui glace son univers d’un seul de ses regards bleu acier. Il est aussi un homme qui est prêt à tout pour sa famille, y compris à des compromis qui lui pèsent. Il est aussi passionné d’histoire, en particulier d’histoire de son pays et dans ce cas, il est capable de faire preuve d’un intérêt communicatif. Il est aussi un incroyable incendiaire pour les petites culottes, en particulier celle d’une certaine étudiante qui tombe aussitôt sous le charme du monarque à la même vitesse que ce qu’elle a envie de l’étrangler, service d’ordre ou pas.
Et nous voilà embarqués dans une romance royale et bien plus.
J’ai énormément aimé ce roman.
D’abord, il fait le pont entre des parties du monde que j’adore: ma Méditerranée, parfaitement décrite de la beauté de ses étés à ses tempêtes d’automne. Le cadre où l’autrice place la Karanie, entre tourisme et développement durable donne envie de visites. Mais l’histoire part aussi bien plus au Nord, sous des latitudes de fog entre Oxford, mon cœur culturel par excellence et l’Ecosse, des Highlands familiers à la bibliothèque Nationale d’Edimbourg où je ferais bien un stage.
Tous les romans écossais ne sont pas des coups de cœur, mais quand en plus un coup de cœur traverse la lande d’Inverness avec un petit détour virtuel par Culloden, on ne va pas bouder notre plaisir.
Ensuite, je suis fan de l’écriture d’Ella Lores. Elle a une façon de raconter les histoires qui m’embarque, jusqu’à des heures très très matinales et cette fois ne fait pas exception. J’aime sa façon de décrire les paysages, les personnages, les situations. J’aime son univers et son imagination. C’est la raison pour laquelle j’ai embarqué dans son histoire, et même pour une virée en hélicoptère, un de mes cauchemars, même littéraires.
Mais c’est aussi son histoire que j’ai aimée et la façon dont elle l’a construite.
Même si les sens sont très vite sollicités, j’aime l’équilibre délicat des sentiments qui, eux, prennent bien plus de temps et s’attachent à suivre les doutes logiques et les hésitations de chacun. Il y a tant de différences entre les différents protagonistes, tant de paramètres à prendre en compte que j’ai apprécié de les voir exposés.
Ce qui se prolonge dans le choix des personnages. Si Elsie m’a fait sourire par son sens de la répartie, sa façon de dire ce qu’elle pense avant de réfléchir, j’ai aussi aimé qu’elle soit réfléchie et capable d’empathie, qu’elle cherche à comprendre au lieu de juste se rebeller pour le plaisir. De la même façon, j’ai adoré suivre, dans ce roman à deux voix, la façon dont Darian vacille entre sa raison d’état, ses raisons d’agir et la plus folle de toutes les déraisons, celle à laquelle il ne peut résister, quelles que soient ses intentions. Son côté glacial m’a donné des envies de rébellion, tout comme son côté très très autoritaire et je me suis retrouvée dans les révoltes d’Elsie, qui n’est ni éblouie par le titre, ni décidée à être belle et silencieuse. Mais il est aussi autre et alors, à l’instar de l’héroïne du roman, j’ai eu envie d’en savoir plus, de le comprendre, de lui donner les moyens de s’ouvrir. Ses failles m’ont touchée, sa façon d’y faire face, entre désespoir et déni m’ont parfois donné envie de le secouer, plus souvent de le couver d’empathie. La confrontation de ces deux personnages décide de la gestion d’une romance des plus réussies et rebondissantes.
Les phases « raisonnables » sont délicieusement frustrantes, les phases spontanées sont terriblement addictives et le périlleux déséquilibre entre les deux entretient à la fois un état d’urgence et une insécurité sentimentale des plus délectables.
Les personnages secondaires passent un peu -justement- au second plan. J’ai un moment imaginé un scénario qui ne s’est pas du tout réalisé, j’ai vu plein d’indices qui m’ont au final menée à une impasse. Le pire? Je suis certaine que c’est totalement volontaire et je n’ai pu m’empêcher d’en tirer la langue à l’autrice sadique qui m’obligeait à faire rebrousser chemin à mes délires.
Mais, je vous l’ai annoncé, ce roman n’est pas qu’une romance royale. Elle tire aussi vers un angle plus sombre, peuplé de secrets et de cachotteries, de fausses idées et de vrais dangers. Évidemment, ne comptez pas sur moi pour vous en révéler quoi que ce soit. Sachez juste que, au moment où les pièces du puzzle se mettent en place avec talent -et toutes ne sont pas celles que j’attendais- l’ensemble de l’histoire, de son équilibre et des interactions entre les personnages prend tout son sens.
Cet aspect de l’histoire la rend plus profonde, plus mystérieuse, mais également plus touchante. Bref, elle ajoute à ce roman un petit plus encore. Et je dois vous avouer qu’à force des les cumuler, j’ai perdu le compte des bons points que j’attribue à l’étudiante en Histoire et à son roi.
De quoi attribuer à Ella Lores les félicitations du jury et l’inviter à m’inviter encore dans un voyage que je ferai avec plaisir, quelle qu’en soit la destination!