Titre Les MacCoy 3/6 La Louve et le Glaive
Auteur Alexiane Thill
Éditeur Hugo Poche
Date de sortie 9 juillet 2020
Un titre à commander ici https://amzn.to/44bqYJ0
Attention, cette chronique peut contenir des spoils pour ceux qui n’auraient pas lu les tomes 1 et 2
Troisième expédition livresque du côté d’Alexiane Thill et de sa saga toujours aussi envoutante, les MacCoy.
Après les découvertes du volume 1 (voir chronique ici https://melimelodegwen.fr/les-mac-coy-1-6-d-alexiane-thill/ ) et les révélations du tome 2 (pour rappel https://melimelodegwen.fr/les-mac-coy-2-6-d-alexiane-thill/ ), nous revoici en Ecosse, au sein du clan Mac Coy. Suite aux dernières décisions de Phèdre, les deux clans, unis contre les périls communs et par leur loyauté à leur laird respectif cohabitent sur un territoire exigu mais finalement accueillant pour les deux clans unis en dépit du passé.
Le passé, justement, revient en force en la personne d’Elizabeth, la petite dernière du clan Mac Coy, celle que ses parents ont exilé avant que les choses ne s’enveniment, celle que son frère a incité à partir faire le tour du monde.
Celle qui a éprouvé le plus la loyauté d’un membre central du clan.
Elizabeth a été la tentation de Duncan, une obsession qui s’est progressivement insinuée dans son cœur de déraciné, contraint de s’adapter à des règles qui n’étaient pas les siennes.
Duncan n’est pas natif du clan. Ce n’était pas son rêve de devenir le Glaive, le dernier rempart de Caleb, son plus proche ami, celui à qui on confie la sécurité de tous. Ce n’était pas son rêve d’être le souffre douleur du fils, le confident de la fille aînée, le compagnon de jeu de la cadette des Mac Coy. Lui, son rêve, c’était les voyages, l’évasion, la lecture, tout sauf la terre étriquée d’Inchkeith et l’obéissance aveugle aux règles d’un clan.
Mais le destin en décide parfois autrement.
Il le lie au fils, lui permet d’adoucir la lourde charge qui pèse sur les épaules de la fille aînée, et de devenir l’objet de la vénération de la benjamine.
Lorsque les choses s’enveniment, il lui ordonne aussi de devenir le protecteur, le bras armé, le Glaive.
Lorsque l’autorité s’en mêle, il devient aussi l’homme du sacrifice, celui qu’on hait pour sa faiblesse ou sa lâcheté. Celui qui porte au plus profond de lui le poids des regrets et celui de la résolution à toute épreuve.
Et lorsque le destin, décidément bien farceur, donne une seconde chance ou une façon de creuser plus profond encore le puits de ce qui aurait pu être, on accède à ce troisième volet haletant de par son intrigue, prenant de par sa romance.
L’intrigue est plus dense que jamais. Pris en tenaille entre les Campbell et les MacKenzie dont la haine a encore décuplé suite au final du tome 2, Phèdre et Caleb sont en danger comme jamais, convalescents du précédent assaut, repliés sur Inchkeith, pris entre la nécessité de consolider leur position et celle de montrer qu’ils ne sont pas de faibles clans terrés dans l’attente de leur sort.
Plus que tout, ils ont une vengeance à mener contre le traître, celui qui a grandi, s’est construit auprès d’eux, celui qui a partagé leur pain et leurs tourments, celui qui, l’air de rien, les trahissait dans l’ombre.
La sagesse dirait de laisser filer ce renégat pour se concentrer sur l’essentiel. Le cœur dit qu’on ne laisse pas le sang versé injustement sans revanche, qu’on ne laisse pas les siens sans protection.
Les deux clans, hier ennemis, se mêlent donc dans ce qui unit le plus des guerriers, l’action !
Une fois de plus, Alexiane Thill nous offre des scènes épiques, passées ou présentes, qui tiennent le lecteur en haleine et permettent à tous de montrer leurs qualités et leur courage.
Le passé retrouve un étrange miroir dans le présent, renvoie tous les protagonistes à ce qui aurait pu être et à ce qui peut advenir.
Les dangers n’ont jamais été si proches alors que le clan n’a jamais semblé plus vulnérable. C’est le cœur serré que j’ai suivi certaines scènes, dans l’attente fébrile du sort que l’auteure réservait à chacun.
Mais ce roman, de nouveau, n’est pas qu’une affaire politique où chacun place ses pions, où certains protagonistes changent de positionnement sans que l’on comprenne tout à fait pourquoi.
Pourtant, on continue notre plongée au royaume des plans machiavéliques et des luttes à mort.
Mais ce volet est aussi une très belle romance et une histoire de clans.
Dans cette dernière, les deux clans apprennent à se connaître, à s’estimer, à collaborer. La même dynamique se met en place entre les deux belles-sœurs. Longtemps coupée des histoires de famille, Elizabeth peine à comprendre les motivations de Phèdre.
La globe-trotteuse a beau être un électron libre, la protection de son frère et de tous les membres de son clan qu’elle connaît depuis toujours, prime sur tout le reste, qu’il s’agisse de la diplomatie ou de la prudence notamment. Servie par de très belles capacités en combat rapproché, la revenante n’est pas du genre à attendre dans son coin que les choses se passent sans elle. Tant pis pour la priorité absolue de son frère, la protection des deux femmes qu’il aime.
Tant pis pour Duncan, pris entre le feu croisé de sa loyauté.
Ce tome est plus qu’un ennemies-to-lovers comme les deux précédents. Il y a eu entre la louve et le glaive des liens très forts. Les conditions dans lesquelles ils ont été rompus entraînent une défiance et une rancœur de même intensité, alimentée par la certitude de chacun d’avoir agi comme il le devait.
Dans ce contexte, les choses devraient être claires. Mais ce serait trop simple et ce serait surtout oublier le talent de l’auteure à décrypter ce que les raisons ignorent mais que les cœurs et les corps ne peuvent taire.
Toutes ces tensions donnent à ce volume une tonalité particulière, prise entre un passé traumatisant, un futur incertain et un présent qui ne demande qu’à s’échapper.
Une parenthèse de l’histoire où chacun doit agir en fonction du rôle qui lui a été assigné, pour participer à la survie du clan mais en gardant dans un coin du cœur et de l’esprit que la vie risque d’être courte et que mieux vaut emporter dans la tombe des remords que des regrets. À condition d’en avoir le courage d’un glaive, et la hardiesse d’une louve.