Titre Eldrid
Tome 1: Jusqu’à ce que le monde s’effondre.
Auteur Camille Endell
Éditeur Hachette LAB
Date de sortie 13 novembre 2019
À commander ici Eldrid tome 1
Un titre découvert grâce à NetGalley et à l’éditeur.
Parmi les périodes qui offrent un beau décor aux romans épiques, le Moyen Age est sans conteste en bonne position. L’actuelle Angleterre un décor idéal. Entre les Nordiens et les Saxons, les affrontements sont toujours d’actualité.
Les premiers mènent des raids, pillent, brûlent, réduisent en esclavage et repartent vers le lointain Danemark ou vers les régions de la Northumbie qui leur ont été allouées pour négocier une paix, ou plutôt une trêve.
Mais les seconds ne sont pas tous décidés à laisser la situation en l’état. Ainsi en est-il de Godwin, jeune chef de guerre dont l’action guerrière est grandement motivé par un esprit de vengeance. Enfant, il a vu les Barbares brûler son village, tuer les siens et il a juré de se venger tant que Dieu lui prêtera des forces.
À l’opposé, la jeune Eldrid a vécu une trajectoire presque similaire. Elle aussi vient du Sud. Elle aussi a tout perdu lors d’un raid mené par le chef Bjarni. Mais elle a, pour sa part, été emmenée en esclavage. Elle en porte le collier et la charge. Mais à la différence de Godwin, elle a trouvé dans cette nouvelle vie une stabilité. FIlle adoptive de Sigrun, amhatt du Jarl Erling Bjarnalsson, elle n’a plus de souvenirs de sa vie saxonne. Elle sacrifie aux dieux nordiques, ne parle plus le Saxon.
Surtout, lorsque le danger de son peuple d’origine se présente aux pores de sa vie, son choix est fait. Elle appartient au jarl, corps et âme. Mue par un amour unilatéral et une dévotion infinie, elle devient, aux mains de son jarl, un objet de stratégie.
Commence alors un jeu de dupes servi par une écriture très plaisante et des descriptions où l’historique se mêle habilement à la narration. Sauvée, ou captive, c’est selon, de Godwin qui espère bien la ramener à son sang Saxon, Eldrid ne peut se résoudre à abandonner son peuple d’adoption et encore moins ce chef qui n’hésite pas à la manipuler, à la sacrifier, pour servir ses desseins.
À l’opposé, Godwin a toutes les raisons de l’exécuter. Elle a montré a maintes reprises, parfois même au péril de sa vie, vers qui allait son allégeance et rien, ni le temps, ni la captivité, ni l’abandon de son jarl, ni la perspective de mener une nouvelle vie, n’entame sa loyauté totale et désespérée.
Dans ce roman, je suis restée en admiration devant la force de caractère et la foi inébranlable d’Eldrid. Je l’aurais aimée plus malléable, plus apte à ouvrir les yeux sur sa situation et celui qui est présent pour elle. Mais je crois que j’aurais moins apprécié qu’elle cède à des arguments comme le temps ou la distance.
À l’opposé, j’ai peu d’affection, dans ce volume en tous cas, pour le Jarl. Ni pour les conditions de sa survie, ni pour la façon dont il manipule sans vergogne Eldrid, confirmant à plusieurs reprises qu’elle n’est qu’un pion dans son propre échiquier.
Ce roman est une grande réussite. Les descriptions sont particulièrement soignées, les scènes de combat très bien rendues. On sent l’affrontement et la dureté de l’époque, mais aussi les changements qui s’opèrent dans un monde en pleine mutation où même les rois scandinaves ne visent plus le Valallah et où la croix remplace peu à peu l’éclair d’Odin.
L’histoire prend le temps d’une narration soignée et annonce un deuxième volume que j’espère lire très prochainement.