Titre The boy on fire 2/3
Auteur Emma Green
Éditeur Éditions Addictives
Date de sortie 15 décembre 2021
Un titre à découvrir ici The boy on fire 2/3
Il est toujours complexe de chroniquer le volet central d’une série sans trop spoiler le premier, ni trop dévoiler ses espoirs pour le dernier.
Aussi, cette chronique se divisera en deux temps, une « tous publics » et une pour les initiés du Cercle, ceux qui ont déjà lu le premier volume. (Qu’attendent les autres ? ça, c’est la question à mille Skitters).
Nell est une toute jeune femme de dix-huit ans qui, après avoir pu lui échapper un moment, se retrouve prise dans l’étau du Cercle une secte dirigée par un homme qui n’a de Saint que le nom qu’il se donne.
Animée par un esprit de vengeance et un besoin de justice, Nell se voit contrainte de rentrer dans le rang, d’accepter les règles du Cercle, à commencer par la première, celle de prendre le mari qu’on lui donne pour donner de beaux enfants bienheureux à la communauté.
Côté mari, elle aurait pu plus mal tomber. Jagger Farrow, le troisième frère de la fratrie découverte dans Boy next room. Le plus turbulent aussi. Que vient-il faire dans cette galère ? Démontrer, l’air de rien, un trait de caractère qu’on avait presque oublié. Comme les autres Farrow, le bouillant, séduisant et remuant Jag est prêt à tout pour ceux qu’il aime. Tout ? Oui, tout, même entrer dans une secte pour veiller sur son benjamin Kasper, éviter qu’il ne souffre trop et lui permettre, lorsqu’il aura repris ses esprits, de sortir de là.
Animé par une confiance en lui impressionnante et épaulé à distance par son frère River, Jagger est prêt à tout. Tout ? comme se marier ? Oui, s’il le faut.
Jagger est un mec bien. Il exècre le caractère machiste, sexiste et rétrograde du cercle et il y est bien décidé, il ne touchera jamais son épouse sans son accord. Pourtant cette fée badass aux yeux bicolores et aux cheveux d’un blond d’argent pourrait bien lui faire perdre la tête. Alliée ? Meilleure ennemie ? Amie ? Plus si affinités ? Entre l’indomptable et la rebelle, les choses ne peuvent qu’être incandescentes alors que le danger guette et que les moments de bonheur grapillés et les petites entorses à la règle, comme la présence de Monkey, le beagle impossible à dresser de Jag ne sont que des respirations volées sur la réalité.
****ATTENTION, POUR LES NON INITIEES, LIRE AU-DELÀ DE CETTE LIMITE SE FAIT À VOS RISQUES ET PÉRILS ****
Ce deuxième volet commence par une apnée vertigineuse. Qui a entendu Nell et Jagger confesser leurs secrets ?
Tout au long de cet épisode, le suspens autour des secrets camouflés et du risque d’être découverts monte crescendo. Le Cercle ne transige pas avec les règles, encore moins avec leurs violations.
Aucune raison n’est acceptable pour déroger. Les téméraires qui l’oublieraient le paient au prix fort. Et il est diablement fort.
Diablement, un adverbe qui qualifie de mieux en mieux les têtes « pensantes » du Cercle pour qui on semble avoir inventé l’adage « faites ce que je dis, pas ce que je fais ». Alors que les bienheureux sont privés du superflu et même du nécessaire, que la notion de santé, de suivi et de bien-être sont des mots étrangers voire des insultes à bannir, eux ne se privent pas, au grand dam de ceux qui ouvrent peu à peu les yeux.
Ceux-là m’ont à la fois serré le cœur à plusieurs reprises. Ils sont aussi des lueurs d’espoir.
En effet alors que la majorité ferme les yeux, se tait et accepte, quelques têtes se relèvent. Timidement, secrètement, peut-être pas de façon fiable ou durable, mais le frémissement est là.
Pour autant, difficile d’en vouloir aux autres quand on voit la réaction de Lisbeth devant l’indicible. Si elle peine à mettre des mots et à se révolter, c’est parce qu’elle ne connaît rien en dehors de la communauté, ni aucune règle autre que celle du Saint.
Par-delà la résistance, quelle que soit l’issue de la quête de Nell et de Jagger, les lendemains ne seront sans doute pas exempts de souffrances et de difficultés.
Mais n’anticipons pas.
Si on connaît déjà l’essentiel, ce volume s’attache pourtant à aller dans la profondeur. À première vue, la quête des deux époux est la même. Elle devrait les aider à se faire confiance et à agir de concert.
La réalité est plus nuancée. Au premier abord, les deux complices par la force des choses peinaient à se faire confiance. Nell, notamment, pétrie de doutes et habituée à se battre seule, rechigne à voir un allié dans celui qu’elle regarde un peu trop, de plus en plus, avec des yeux qui brillent.
Pourtant, Jagger multiplie les preuves de dévouement, d’attention. Il est purement craquant dans sa façon de toujours voir le positif dans les situations, de trouver le moyen d’éclairer une nuit sombre. Son rôle est central. Il est la pierre angulaire de tout projet et c’est, paradoxalement, quand il faillit qu’on le voit le mieux.
Mais ce deuxième volet apporte une touche qui a parlé à mon cœur greenie-chamallow. Si chacun refuse d’impliquer l’autre, c’est aussi par crainte des risques qu’il lui ferait courir.
Opposés et pourtant si semblables, Nell et Jagger savent les risques qu’ils prennent pour eux. Ils sont prêts à les assumer parce qu’ils ont pesé, tous deux, les tenants et les aboutissants de leurs décisions. En revanche, lorsque l’ombre s’étend sur l’autre, la donne est différente et l’enjeu change de niveau.
En effet, on mesure mieux encore la signification du mariage pour le Cercle. On réussit ensemble, on échoue ensemble et l’échec de l’un retombe sur les épaules de l’autre. Cette dimension, les deux jeunes gens ne l’avaient pas forcément prévue ou du moins ne pensaient-ils pas qu’elle aurait autant d’impact sur eux, à plus forte raison quand chacun génère son propre ennemi.
À plus forte raison quand cet ennemi dispose d’une force de nuisance qui suspend avec un fil élimé une épée de Damoclès au-dessus de leurs têtes.
Un volet plus sombre ?
Certainement, mais pas seulement.
Il y a des instants de grâce dans ce volet. Des moments volés au quotidien. Des sentiments qui naissent comme la plus belle rose au milieu d’un champ d’épines. Ils font battre le cœur plus vite, de plaisir tout autant que de crainte.
Car on n’est jamais aussi vulnérables que lorsqu’on a quelque chose à perdre.
Nell et Jagger l’ont appris à leurs dépens.
Mon petit doigt me dit que ce n’est pas fini, avant l’heure du grand final.