Titre Les MacCoy 2/6 L’ours et le taureau
Auteur Alexiane Thill
Éditeur Hugo poche
Date de sortie 4 juillet 2019
Un titre à commencer ici. https://amzn.to/3OGgH3i
Vous avez cru que je vous avais oubliés, que j’avais pu reléguer dans un coin très éloigné de mon esprit Phèdre et Caleb?
Que nenni! Vu le final terrible du tome 1, impossible de laisser passer trop de temps avant de dévorer le second.
À ce sujet d’ailleurs, attention avant de plonger cette chronique, si vous n’avez pas lu le tome 1, je risque de vous en dire bien trop.
************************************************************************
ATTENTION RISQUE DE SPOILS SUR LE TOME 1
************************************************************************
Quelques semaines se sont écoulées depuis le final terrible du tome 1 (voir la chronique ici ).
Phèdre, entourée de sa mère et de quelques fidèles parmi lesquels les Bain, a rejoint son domaine de Dunvegan. Maintenant que la vérité a éclaté, la dame MacLeod a pu reprendre son titre et tente de prendre une place à laquelle rien ne l’a préparée.
Les obstacles sont nombreux. Son clan a été décimé, ses hommes dispersés entre les différentes familles. Ceux qui sont restés sur place ne voient pas d’un très bon œil l’arrivée de cette fille, sans expérience, au cœur trop brisé pour s’investir vraiment dans les affaires de la famille.
Le souhaitent-ils, d’ailleurs ? Certainement pas Connor qui a pris ses aises depuis bien longtemps et ne compte pas faciliter la tâche à “la putain de Mac Coy”.
Ajouté à cela que le père de Phèdre a abandonné son clan un soir de massacre, après avoir préféré l’amour à son devoir et que le qualificatif de “traître” est bien souvent associé à son nom et vous aurez un aperçu des difficultés que Phèdre trouve face à elle pour reprendre en main son domaine.
Et s’il fallait en rejouter une, ce serait Ed elle-même. Blessée au cœur des révélations de Victor Campbell lors du bal, laminée par les aveux de Caleb, elle hait son amant au point de vouloir sa mort, mais sans parvenir tout à fait à le faire sortir de sa tête, de son cœur et de toutes ces parties d’elle qui ne rêvent que de lui.
Pourtant, il va falloir relever la tête sous peine d’être écrasée. Campbell ne renoncera à rien pour parachever sa conquête de l’Ecosse.
Survivre, se soumettre, se battre, les choix sont tous aussi risqués pour la jeune femme en manque cruel d’alliés fiables dans un système clanique où les alliances sont fragiles, les trahisons fréquentes et les unes comme les autres parfaitement versatiles en fonction des nécessités.
À plus forte raison lorsqu’on se rappelle un tout petit détail qui a son importance. Dame MacLeod reste la pupille Mac Coy. À ce titre, elle lui doit obéissance, sous peine d’être désavouée et sanctionnée par les autres clans.
La situation est d’autant plus difficile à négocier que Caleb, pour sa part, coincé par son alliance contre-nature avec Campbell, est néanmoins incapable de renoncer à son chardon.
Ce deuxième volume m’a encore plus embarquée que le précédent, c’est dire !
Tout d’abord, comme pour le premier tome, peut-être même davantage, il y a le cadre. Dunvegan est l’un des lieux qui m’a le plus marqués dans mon séjour écossais, en particulier ses jardins, sa cascade. Autant vous dire que j’étais dans mon élément, à plus forte raison lors de la petite visite chez certains autres clans. Je n’en dis pas plus mais si vous perdez de mes nouvelles bientôt, c’est sûrement que je serai repartie en Ecosse, superbement décrite par l’auteure.
Mais ce roman est bien plus qu’un appel au voyage !
J’ai aimé la profondeur que l’histoire a prise. Maintenant que le décor est planté, les clans présentés, les règles de base posées, il est temps d’entrer dans le vif du sujet des machinations politiques. Les alliances, les mariages de raison, les attaques conjointes et les complots s’enchaînent, s’entrelacent, se confrontent et forment un tissu presque irrespirable de tension où personne n’est entièrement digne de confiance, que ce soit dans son clan ou parmi les potentiels alliés.
Il règne dans l’histoire une forme de paranoïa nécessaire à chaque dirigeant qui ne sait jamais au détour de quel chemin, au cours de quelle attaque, de quel guet-apens sa vie peut prendre fin.
Il en résulte une tension parfaitement rendue qui tient le lecteur en haleine de la première à la dernière page.
Ensuite, il y a l’apprentissage de la vie du clan.
Chez les Mac Coy, Phèdre a d’abord été une invitée un peu encombrante puis une pupille à tous les sens du terme puisque Caleb a tenté de l’initier aux devoirs d’un laird. Mais l’apprentissage est tronqué. De plus, l’état émotionnel et l’hostilité ambiante aident peu la jeune femme à prendre son rôle dans les affaires de son clan. J’ai donc aimé la façon dont elle va apprendre, parfois dans le dur, souvent sur le tas, à l’aide de conseils judicieux, à se faire craindre, respecter, ou même aimer de ces gens qui sont ses obligés mais surtout ses protégés. Cet aspect de ce volume m’a séduite et éclaire encore le personnage de Caleb.
De plus, les mystères s’éclairent peu à peu. Évidemment, j’en dirai assez peu dans cette rubrique pour ne pas vous priver du plaisir de la découverte et des révélations. Je peux juste vous dire que l’auteure ne ménage ni ses personnages ni, par ricochet, ses lectrices. Et c’est tant mieux parce que pour deux d’entre eux, au moins, mon cœur et mon cerveau oscillaient entre l’incrédulité et la recherche d’une cause plausible. Là encore, Alexiane Thill s’en sort avec brio. L’usage des flashbacks de façon très judicieuse, la confrontation à la réalité pour éliminer les fausses pistes, tout permet au lecteur de lever peu à peu le voile. Et c’est intense !
Cette impression est renforcée par la narration à deux voix. Dans l’esprit de Caleb, on a forcément un peu plus d’informations -quoique, le bougre, ou plutôt sa créatrice aiment ménager le suspens.
On ressent surtout le conflit interne de l’impétueux chef de clan aux prises avec le danger le plus aigu, la plus grande faiblesse, l’attachement à une autre. Pour Phèdre, les choses, sont en principe plus claires. Là où, dans le premier volume, elle s’était laissée guider par ses impressions puis ses sentiments, elle mûrit, raisonne en femme blessée, en chef de clan et plus seulement en femme amoureuse même si, là aussi, l’équilibre est ténu et très bien rendu par l’auteure.
On ne gouverne pas avec son cœur, mais avec sa raison, tenté-je de me répéter.
Mais peut-être le cœur est-il nécessaire… pour raisonner la raison elle-même.
Cette maxime résume la ligne de conduite des deux amants maudits et donne au roman un vrai plus.
Comme dans la première partie, j’ai aimé le casting créé par Alexiane Thill. Plus encore que Caleb et Phèdre, ce sont trois femmes qui m’ont touchée ici.
La relation de Phèdre et sa mère s’approfondit comme peuvent s’apaiser les tensions quand l’âge adulte crée une sorte d’égalité entre les générations. Cette évolution m’a souvent touchée.
J’ai aussi beaucoup aimé l’attention presque maternelle d’Elia, sa façon de s’investir pour le bien de Dunvegan et du clan. Si j’ai pu, pendant ma lecture, me poser des questions sur d’autre membres de sa famille, elle est un roc infaillible que j’ai beaucoup aimé.
Mon coup de cœur, comme dans le premier volet, va à Mary, Màthair mo chridhe, « mère de mon cœur » selon les termes de Caleb. Par sa vision de la vie, un recul et une sagesse appréciables, elle est une vigie rigoureuse, un phare lorsque les sentiments sont trop confus, un rempart inébranlable pour Mac mo chridhe et Nighean mo chridhe, ces enfants de cœur que le sort lui a confiés.
Du fait de rebondissements haletants et des décisions extrêmes qui en découlent, ce volume s’achève sur un entre-deux, un temps pour reprendre son souffle avant de replonger en pleine tempête avec des protagonistes supplémentaires. Nul doute que le troisième tome nous réserve le cocktail détonnant d’une romance passionnée, de dangers et de rebondissements intenses, servis par une écriture efficace dans ce cadre unique.
Et vous savez quoi ? On se retrouve très bientôt pour en parler !