Titre Blackstone
Auteur Guillaume Richez
Date de sortie 18 mai 2017
Editeur Fleur sauvage
Titre à retrouver ici Blackstone
d’occasion pour le moment en espérant de nouvelles aventures !
Pékin, avril 2016. Parmi les milliers d’avions de ligne qui traversent le ciel chinois chaque jour, un d’entre eux manque à l’appel. Ou plutôt, il achève sa course folle en pleine ville, semant la mort sur son passage, y compris sur l’ambassade des Etats-Unis.
La piste de l’accident est écartée. Si l’attentat est une certitude, vers qui tourner ses regards ? Et surtout, dans quel but ?
L’enquête est lancée. Elle va réunir les services américains et leurs homologues chinois avec tout ce que la méfiance réciproque et l’opacité de l’Etat comporte d’écueils.
Elle serpente dans les couloirs de la CIA et jusqu’au bureau ovale. Elle implique des hommes et des femmes qui n’ont même jamais mis les pieds à Pékin mais risquent leur vie pour défendre la vérité ou leur patrie.
La galerie de personnages est riche, fouillée, avec des authentiques salauds et des héros de l’ombre, mis en avant par le star system façon Beyoncé ou offrant à un Donald Trump en grande forme l’occasion de déchaîner ses ambitions.
Dans un roman dense et parfaitement documenté, Guillaume Richez, que je découvre ici, nous entraîne dans un roman d’espionnage où les destins se mêlent sur fond de menace géopolitique majeure. Et c’est sacrément réussi.
L’intrigue est complexe, divisée entre la Chine et les USA. La première, le lecteur l’explore sur les pas de John Malone, agent de la CIA en poste ou de Nina Rodriguez, profileuse du FBI à la dérive dont la présence dans l’Empire du Milieu ouvre tout un autre pan du récit. Des seconds, on voit surtout les arcanes de l’Etat dans un jeu de pouvoir passionnant.
Pas de candeur dans les couloirs des Agences gouvernementales où petites magouilles et grands secrets se règlent au prix de l’ambition de chacun. Et le fait que l’auteur s’appuie sur des personnages réels donne à son récit un aspect plus prenant encore.
J’ai retrouvé dans ma lecture un petit goût des meilleures pages de Tom Clancy, que ce soit dans la rigueur des descriptions du monde de « l’espionnage » ou dans certains morceaux de bravoure qui ont confirmé que ma place n’est décidément pas dans un sous-marin !
Mais Blackstone est bien plus qu’un « simple » roman d’espionnage. Dans ses remerciements, l’auteur confie les sources qui ont inspiré tel ou tel aspect de son intrigue. J’en partage un grand nombre avec lui, ce qui m’a sans doute permis d’entrer pleinement dans l’histoire, même aux moments où il m’a décontenancée en filant dans une direction que je n’attendais pas.
À un moment de ma lecture, je me suis un peu inquiétée. En partant ainsi dans tant de directions, de l’US AirForce à la table d’examen d’un médecin légiste, du fin fond du Sud suprémaciste des Etats-Unis aux quartiers huppés de Hong-Kong, de l’enquête terroriste à l’opération de sauvetage, j’ai eu peur que l’histoire se perde et me perde, d’autant que l’auteur n’est pas du genre avare en informations et en descriptions.
Il n’en est rien. Les actions s’entrecroisent dans un rythme soutenu, mais le talent de l’auteur permet de ne rien perdre en route. Mieux, il apporte non seulement des informations qui montrent le sérieux du travail de préparation, mais il donne aussi l’impression que je maîtrise -un peu- les manœuvres de vol en formation de l’US Air Force ou les techniques d’interrogatoire de l’armée chinoise.
Petite confidence, la prochaine fois que j’aborderai un des livres de Guillaume Richez, je m’abstiendrai de l’autopsie après le café du matin, sensations garanties. Pourtant, ce chapitre illustre parfaitement la minutie de l’auteur et son talent pour rendre les sensations et distiller les informations qui font avancer l’histoire.
En finissant ma lecture, je me suis rendue compte que, parmi les points très forts de ce roman, il y a son casting et, plus fort encore, qu’à une ou deux exceptions près -en bref le major Bennett- aucun des personnages n’est vraiment attachant. En temps normal, sans parler de héros, on a besoin de trouver des points d’accroche avec au moins un des personnages. Il y en a, certes, dans le tribut payé par Pam Sanders ou par Nina Rodriguez.
Mais chacun des personnages du roman se démarquent plutôt par leurs travers, leurs failles et certains très antipathiques. Si la palme revient à Gordon Wade qui cumule toutes les tares personnelles et professionnelles, personne n’est vraiment épargné, pas même les personnages réels, ce qui donne à la lecture « 2021 » de ce roman quelques sourires savoureux.
Là encore, on aurait pu tomber dans le piège d’une certaine caricature. Là encore, la diversité des personnages, le va et vient de l’histoire permet de l’éviter avec brio.
Au final, ce roman est, à l’image de son intrigue qui commence comme un triste fait d’hiver et manque de basculer dans une troisième guerre mondiale, une histoire qu’on commence avec étonnement, qu’on dévore avec inquiétude et curiosité et dont le final laisse une saveur d’achèvement satisfaisant, tout en laissant le petit soupçon de doute, celui qui susurre que tout n’est peut-être pas aussi classé qu’il y paraît.
Une demande subliminale pour une autre aventure ? À vous de juger !