Titre L’insoumise des Highlands (le clan McLeod tome 1)
Auteur Ava Krol
Editeur Cherry Publishing
Date de sortie 4 juin 2021
Un titre à commander ici L’insoumise des highlands
Ah, les Highlands, les hommes virils en kilt, les femmes fières et farouches, les paysages de landes et de bruyères, les lochs glacés mais vivifiants et les châteaux de pierre qui trouent le paysage!
Le décor idéal pour une romance historique selon les critères de Melimelo de Gwen.
Ça tombe bien, c’est aussi un terrain de jeu habituel pour Ava Krol lorsqu’elle livre ses romances historiques prenantes et bouillonnantes. Cette fois ne fait pas exception, puisqu’elle y place le décor de l’Insoumise des Highlands, premier volet d’une série consacrée au clan McLeod. Oui, car il y a un clan dont Alexander est le laird, depuis la mort brutale de son père Malcolm. Il dirige son domaine, constamment menacé par son ennemi Georg McDonald, avec l’aide de son oncle Angus et de ses cadets Craig et Ewen. Ils sont des hommes d’honneur, qui font la guerre par obligation, tout en respectant des règles de chevalerie et les âmes des vaincus.
Tout le contraire de McDonald et surtout de son comparse Dougal Campbell, un homme détestable qui pense avoir des droits sur tout ce qu’il convoite, qu’il s’agisse du trône d’Ecosse ou de la plus belle fille des Highlands, Elizabeth McDonald, la nièce et unique héritière de son acolyte Georg.
Cette jeune fille a été élevée dans une atmosphère particulière, sans amour mis à part l’attention bourrue et largement orientée de Jeanie. Elle a toujours préféré les exercices de l’épée aux travaux de couture et si elle est vertueuse et consciente des faibles possibilités qui s’offrent à une femme de son rang, ce n’est pas pour autant qu’elle est prête à tout accepter.
Et certainement pas une union qu’elle abhorre et qu’on lui impose pour des raisons purement politiques. Plutôt fuir ou mourir! À choisir d’ailleurs, Elizabeth opterait pour la première solution.
Pétrie de valeurs, Elizabeth ne saurait s’enfuir seule, préférant sauver un inconnu, victime comme elle de décisions sur lesquelles il n’a pas de prises.
Le jeune prisonnier lui promet sa protection, mais lorsqu’on est un simple cadet et que l’on tient entre ses mains une telle arme politique, peut-on vraiment se comporter comme les règles de chevalerie l’exigeraient?
En effet, entre les mains des McLeod, Lizzie est une otage de choix. Elle peut tout à la fois, forcer McDonald à négocier une paix, à payer une rançon ou tout au contraire déclencher une guerre.
Est-ce à cela que pense le ténébreux et torturé Alexander McLeod lorsqu’on lui présente la jeune fille?
Oui, bien sûr, mais pas seulement. Lui dont le cœur et le désir ont cessé de battre depuis plusieurs années se retrouve à la croisée de dilemmes trop lourds à porter pour un seul homme. La protection de son clan ou la satisfaction de ses désirs? La fidélité à sa parole ou les pulsions bouillonnantes qui dévalent dans ses veines.
Dans une écriture toujours impeccable, Ava Krol nous livre ici un récit qui se lit avec gourmandise, vite -trop vite et c’est mon petit bémol parce que j’aurais aimé en dévorer encore plus- avec des personnages bien marqués, une intrigue à rebondissements et une réflexion moderne sur la place des femmes.
En effet, quoi que les garçons du Clan McLeod aient tout pour faire tourner les têtes -ils ne s’en privent pas, d’ailleurs- ce sont les personnages féminins que j’ai le plus appréciés.
Jeanie, la nourrice bourrue, méfiante des hommes qu’elle voit comme autant d’ennemis. Il faut dire à sa décharge que l’époque n’est pas tendre pour les femmes, à plus forte raison dans la domesticité.
Térésa occupe une fonction sensiblement identique, mais elle est à l’opposé de la précédente. Maternante, pleine de bonté et d’attentions dans des circonstances très particulières, elle aime voir le bonheur autour d’elle, pour cette nouvelle arrivée ou pour sa petite fille Katel.
J’ai beaucoup aimé ce personnage de Katel qui illustre un autre aspect de la vie des femmes à l’époque. Leur « valeur » sur le marché du mariage qui dépend bien plus de leur naissance que de leurs qualités, qu’il s’agisse de la beauté, de la bonté ou de qualités « professionnelles ».
À la croisée de ces chemins se trouve Elizabeth. Issue de la noblesse, elle a -un peu- plus de droits. Elle a pu apprendre à se battre. Elle est éduquée. Pourtant, elle aussi n’a comme fonction désignée que celle d’obéir et de devenir une monnaie d’échanges avec avantages dans un monde d’hommes.
Sa force de caractère n’en est que plus appréciable, d’autant qu’elle n’a pas beaucoup d’armes pour se faire entendre. J’ai aussi apprécié sa façon de comprendre les positions des uns et des autres, ce qui montre que, plus encore que son cas personnel, elle se préoccupe de ses gens, d’un côté et de l’autre de la frontière.
J’ai également, bien sûr, apprécié l’histoire, sur ses deux plans principaux, la guerre et l’amour. Les rivalités d’hommes concernent les clans, du plus petit paysan aux lairds, liés et déliés par des alliances voire des complots dans des affrontements si anciens qu’il est difficile de les resituer. Les scènes relatant les assauts sont efficacement menées et entretiennent une belle tension dans l’histoire.
Quant à la romance, elle est finement menée. D’aucuns la trouveront un peu rapide, mais n’est-ce pas le propre du coup de foudre, de frapper en un regard ses cibles, même celles qu’on pensait les moins à mêmes d’y céder. Dans ce roman de 200 pages environ, l’intrigue amoureuse se développe rapidement, effectivement, mais elle suit une belle logique et n’oublie rien de l’essentiel, de la simple tentation physique et charnelle -et Dieu sait qu’elle est forte et bien rendue! à toutes les autres raisons qui guident les cœurs.
Une nouvelle fois, Ava Krol réussit un roman fort et prenant, équilibré et bien mené, qui m’a conquise et m’a donné envie de plus. C’est plutôt une bonne nouvelle car le deuxième volet, consacré à Craig, est déjà annoncé. À très bientôt pour parler du cœur indomptable des McLeod!