Titre Hot Blue
Auteur Danielle Guisiano
Date de sortie 7 mai 2021
Un titre à commander ici Hot blue
En lisant le nouveau roman de Danielle Guisiano, je me suis dit que la vie est comme une randonnée.
Certains suivent les sentiers balisés, en respectant toutes les normes. D’autres bifurquent par des chemins escarpés, cherchent leur voie, tâtonnent, se trompent, ce qui ne rend leur arrivée que plus méritoire.
Ainsi pourrait on résumer la vie d’Elsa Vauclerc, l’héroïne de Hot Blue.
Cette jeune femme rangée, mène une vie conforme aux souhaits de son entourage. Des études de droit comme papa, comme Nathaniel aussi, son fiancé, qui suit lui-même le cursus de son père. Son avenir semble bien tracé, sans surprise ni accroc.
Mais Elsa plaque tout ce qui faisait sa vie et les espoirs de ses proches pour suivre son rêve.
Son rêve, c’est la Provence, plus précisément Lourmanrin où vit sa grand-mère Nina. Elle y retrouve son amie d’enfance, Charlie, et l’atelier de couture de sa grand-mère où elle compte bien faire ses gammes.
Car si elle ne veut plus entendre parler du droit, Elsa a une idée de carrière, ou plutôt un axe. La couture, le design, le wedding planning peut-être. Un métier créatif en tout cas, qui mette en valeur sa tendance à vivre avec un carnet de croquis à la main. Une vocation pour elle, une lubie pour ses parents qui guettent impatiemment la fin de son caprice.
Et que dire de Nath qui ne comprend pas les revirements de sa fiancée -même si, pour sa part, il y a une bonne dose d’aveuglement mais passons.
Sur le plan sentimental aussi, Elsa veut une révolution. Sortie d’une relation tiède et insipide, elle veut vivre, connaître la passion, le trouble, l’irrépressible montée du désir et du plaisir.
Mais comme souvent, à vouloir rattraper le temps perdu, on brûle les étapes et on risque aussi de se brûler les ailes et de s’engager dans une voie trop périlleuse. C’est le cas lorsqu’on oublie qu’alcool et séduction font mauvais ménage. C’est le cas lorsque son regard s’attarde un peu trop sur le mauvais garçon.
Il n’est pas pour elle, à plus d’un titre. Elle ne correspond à rien de ce qu’il attend. Tout les oppose et pourtant, il est si difficile de rester éloignés l’un de l’autre!
Commence alors une irrépressible attraction d’été. Une de celles qui brûlent, crépitent et dévorent et s’éteignent aux premiers frimas, surtout quand le destin et la distance s’en mêlent.
Sauf qu’en dépit de toutes les résolutions, de toutes les évidences, il est parfois difficile de faire entendre raison à un cœur qui n’en a pas, de raison.
Ce roman joue sur les deux facettes de la randonnée d’Elsa. D’un côté, on suit la métamorphose de l’ex-future avocate qui suit son rêve, malgré les embuches, qui puise en elle d’insoupçonnables ressources pour surmonter ses difficultés et bâtir une carrière tout aussi ambitieuse que celle qu’on prévoyait pour elle, mais dans le domaine qu’elle a choisi, elle.
J’avoue que j’ai été un peu déstabilisée de voir la métamorphose de la jeune femme qui aspirait à vivre sereinement sa passion en profitant d’une des ancres de sa vie à l’ambitieuse aspirée par la recherche du succès.
C’est un parti pris que l’autrice mène par petits sauts dans le temps et qui va nous faire voyager dans une sphère professionnelle et géographique des plus alléchantes.
L’autre cheminement d’Elsa suit la carte de ses sentiments. Et autant le dire tout de suite, en course d’orientation, le petit chat aux griffes à peine sorties a du mal à suivre un cap. Si elle découvre son pouvoir de séduction, j’ai eu par moment l’impression qu’elle retombait dans ses anciens travers en ouvrant une place dans sa vie -à défaut de son cœur- non pas par choix volontaire mais en réaction de l’affection qu’elle suscite.
À sa décharge, son couple avec Nath et la manière dont il a explosé a peut-être laissé plus de séquelles qu’on pourrait le croire. Mais c’est surtout son cœur qui fait obstacle.
Il faut dire que malgré tous les arguments raisonnables et les observations objectives, malgré les mises en garde et les bonnes résolutions, en dépit d’un engagement à ne pas s’attacher, son cœur, pour sa part, a décidé de suivre cet homme au regard Hot Blue qui donne son titre au roman.
Il est séducteur? Infidèle? Incapable de lui parler d’engagement? De gérer une relation à distance?
C’est vrai.
Mais il est aussi celui qui l’hypnotise, qui affole son rythme cardiaque, qui décuple sa libido.
Une simple histoire de sexe pensez-vous?
Oui, et non. Pour différentes raisons, chacun a un parfum d’inédit et d’interdit pour l’autre. Les retrouvailles sont brûlantes de sensualité, les corps à corps olympiques.
Mais il y a tout le reste, cette alchimie, cette capacité à mettre l’autre en confiance, cette forme de compréhension innée, le rêve que, peut-être …
Un rêve qui évolue, se développe, est fait de fausses pistes, de culs de sac et d’embûches. Un rêve qui rappelle aussi que rien n’est figé dans la vie et qu’on a toujours une part de responsabilité dans sa façon de la faire évoluer.
Cette lecture m’a décontenancée parfois.
J’ai eu souvent du mal à suivre les choix d’Elsa. Alors j’ai pris le parti-pris de me laisser porter par l’histoire en laissant de côté jugements et a priori. Hot blue est très différent du précédent titre que j’avais lu de l’autrice et je dois avouer que je ne m’attendais pas à cette lecture.
Si j’ai été un peu perdue, par moment, des réactions d’Elsa et de son imprévisible, il y a une chose que Danielle Guisiano nous rappelle, c’est que si la destination est belle, le chemin ne l’est pas moins.
Et le moins qu’on puisse dire c’est qu’Elsa a fait un sacré chemin depuis le jour où elle pose ses bagages à Lourmarin.
À vous de prendre votre sac de voyage et de plonger au cœur de la Provence en gardant le cœur et l’esprit ouvert à toutes les opportunités de la vie.