Titre Liz
Tome 1.5 Dangereux désirs
Auteur G.H.David
Éditeur Éditions Elixyria
Date de sortie 26 juin 2019
Un titre à commander ici Liz 1.5 Dangereux désirs
Il y a toujours une prise de risque dans un tome .5. Soit il s’agit d’un bonus, soit d’un point de vue différent.
La question se pose alors souvent de « l’intérêt » d’un supplément en forme de roman. Et concernant ce tome 1.5, il est de belle facture (près de 350 pages de bonheur en plus). Oui oui, 350 pages de bonheur en plus!
Et quand je dis « bonheur en plus », je ne rends pas totalement justice à ce volume à part. Le bonheur en plus, ce serait juste de savourer encore la plume puissante et délicate de l’auteure. De se délecter de la façon dont elle décrit un tableau avec tant de précision qu’on a l’impression de l’avoir sous les yeux. De sentir un parfum particulier à travers ses mots. De vibrer d’une sensualité qui explose, au détour d’un rêve. Ça, ce serait du « bonheur en plus ».
Or ce volume va bien plus loin que le simple plaisir de la lecture.
Il offre un regard éclairant sur Max. Le solaire Massimiliano Ricci. L’ami serviable, le beau gosse aux manières irréprochables, l’épaule solide sur laquelle s’appuyer lorsque la panique gagne, lorsque l’amant déconne à pleins tubes ou disparaît dans la nature. L’homme fort capable de faire face aux situations critiques. Mais aussi celui vers qui, quoi qu’on veuille en penser, le trouble se tend.
Vous pensiez tout savoir du beau Max, malgré le petit poil à gratter de l’Excipit du tome 1?
Alors attendez-vous à être diablement secouées !
Et si ce que l’on prend pour un tempérament solaire n’était qu’une façade, une mécanique bien huilée, une barrière de protection?
On interroge parfois celui qui porte sa douleur ou ses soucis sur son visage, rarement celui qui se drape d’un sourire.
Et cette mise en scène, Max la maîtrise parfaitement.
Son éducation l’y a formé, sans aucun doute. Sa propre reconstruction l’y a obligé. Mais depuis, c’est avant tout une armure qui le préserve des autres. Un rôle de composition dont peu connaissent les dessous.
À travers Max, c’est aussi Ludo qu’on découvre. Et j’avoue que j’en suis ravie parce que ce personnage n’a cessé de piquer ma curiosité. Elle est en partie satisfaite dans cet opus.
Mais revenons en à Max. Dans le tome 1, à travers les yeux de Liz, et plus encore d’Alex, qui a des raisons de le connaître, je pensais en avoir une vision assez claire.
Erreur sur toute la ligne. J’ai pensé, dans ma lecture initiale, qu’il était l’exact absolu d’Alex, voire de Liz. Il est bien plus.
Il est le 3° angle du sommet, une sorte de somme des deux autres, ce qui confirme la fonction de pierre angulaire que je pressentais.
Mais surtout, cet opus, en donnant exclusivement la parole à Max, remplit deux fonctions essentielles.
Il permet d’entrer en toute impudeur, dans l’intimité de son esprit, avec ce qu’il a de plus sombre. Max y voit des faces troubles, presque glauques. J’y ai trouvé les causes d’une empathie profonde qui confirme que l’argent et le confort ne font pas le bonheur et qu’ils font également peser un niveau d’exigences supplémentaires et bloquent une certaine spontanéité.
En ouvrant cette porte sans fard, même dans les attitudes peu glorieuses, les manœuvres pas très réglos et les moments où une folie inattendue guette, l’auteure a brossé un autre portrait de Max qui m’a émue et a conforté mon coup de cœur pour le bel Italien.
J’y ai surtout acquis la certitude qu’il faudrait relire Liz dans sa globalité, une fois, deux fois, ou plus, pour bien cerner l’ambiguïté de tous les personnages, en particulier de ceux qui semblaient les plus évidents.
De son passé familial, de son père et de son grand-père, Max a aussi tissé des connaissances qui lui permettent, et à nous aussi par la même occasion, de mieux connaître Liz, et même Alex.
Ils noircissent un peu un profil, éclairent vaguement un autre d’une forme de compréhension. En tous cas, par ses discussions avec un personnage que j’avais, de prime abord, pris pour un caractère tertiaire, il procure au lecteur des éclairages précieux.
Et que dire de ce chapitre, parmi mes préférés du volume, qui nous permet de mieux faire connaissance avec l’absent à la présence écrasante. Avec ce rival bien plus menaçant qu’Alex -dont les instincts destructeurs m’ont d’autant plus sauté aux yeux que le rival les met en avant et dont l’aveuglement m’a d’autant plus étonnée. Avec Stéphane que, je crois, je n’avais pas encore vu aussi clairement que dans ce regard à la fois extérieur et soucieux de comprendre.
Et les confidences que Liz livre à son étrange ami plus facilement qu’à son amant confirment sa capacité à s’intéresser, à analyser, à comprendre pour mieux appréhender Liz et pour la rejoindre, dans ses faces sombres et au plus profond de ses cauchemars.
Car ce volume du point de vue exclusif de Max vaut aussi, et peut-être surtout pour ce qu’il nous révèle de Liz. De la puissance de ses sentiments à lui à sa personnalité complexe à elle.
Et si son amour déraisonnable saute aux yeux, il n’est qu’un aspect de leur relation. Mais quel aspect! Jugez plutôt de la vénération qui filtre dans cette ode au regard changeant de Liz
Un jour, Dieu créa Élie, et pour lui donner substance, il concentra dans l’espace restreint de ses prunelles tous les flots de la terre, la violence des torrents, la splendeur des océans, la fragilité des sources, la quiétude des rivières
Comment résister à une telle dévotion, à une telle passion, à un amour qui tient du désir pur autant que de l’adoration mystique!
Pourtant, il y a plus encore. En effet, plus que dans les paroles et les pensées, c’est dans ses actes que Max m’a subjuguée de son implication pour Élie.
J’ai eu l’occasion de le dire en cours de lecture, il y a des chapitres que j’avais trouvés d’une puissance incroyable.
Je les avais découverts, forts, haletants, oppressants, suffocants en les vivant dans la peau de Liz.
Ils ont encore gagné en intensité en sortant du subjectif pour se retrouver dans le regard de Max qui note, observe, analyse et ressent avec une folle acuité tout ce qui concerne celle qu’il devrait fuir à plus d’un titre, mais que son cœur a reconnu comme sienne.
Que ce soit lors de sa crise de panique ou dans les heures qui suivent l’opération commando qui lie les tomes 1 et 2 ensemble, j’ai ressenti le lien inexorable face auquel Alex, quelle que soit sa dangerosité, semble d’un bien faible poids.
Nous sommes plus encore l’un pour l’autre. Chacun de nous est devenu l’ultime bouée de sauvetage, le radeau dans la tempête.
Et si le déroulement de l’histoire force pour l’heure Max à vivre, de loin, dans l’ombre, sa passion dévorante et secrète tout en souffrant des affres de la jalousie, j’ai hâte de découvrir ce que l’auteure lui réserve. Le meilleur j’espère, quoi que je ne puisse m’empêcher de trembler d’avance.
Pour ma part, et parce que je ne suis pas toujours logique, j’ai lu ce tome 1.5 non pas entre le 1 et le 2, mais entre le 2 et le 3. Et j’adore cette « erreur ».
D’une part parce qu’elle m’a permis de prendre un peu de distance avec mes souvenirs du tome 1 pour le redécouvrir pleinement dans les yeux de Max.
Mais aussi parce que j’ai ainsi pu répondre à quelques doutes que la lecture du volume 2 ont éveillés en moi. Et finalement, c’est aussi grisant.
Et puis surtout parce que j’ai pu ressentir l’évolution de Liz à l’égard des deux hommes, peut-être pas aussi différents que je ne le croyais de prime abord. Et si Max est presque absent de la fin du tome 2, sa présence, en filigrane, m’en rappelle une autre.
Et je me prends à rêver qu’une ombre solaire, latine, complète et supplante une ombre éthérée aux accents slaves, que la guitare remplace la basse et que la Geisha bleue chasse Mona Lisa….
Mais ça, il faudra encore attendre, et défier les ténèbres… Tous les ténèbres.