Titre Aeternus Tome 1 De crocs et de sang
Auteure Anna Wendell
Editeur Dreams Editions
Date de sortie 12 avril 2024
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Si vous aimez les histoires fantastiques sans mièvrerie, où l’auteure marie histoire ancestrale et drame contemporain, où les secrets s’enchaînent et s’accumulent jusqu’à vous donner le tournis, si vous ne craignez pas une certaine noirceur des caractères et quelques scènes dures, alors vous trouverez votre bonheur dans la nouvelle série d’Anna Wendell, Aeternus.
Aeternus, élu d’éternité, chevalier d’un certain équilibre, intégré dans une communauté aussi secrète qu’inquiétante. Quand on a devant soi l’éternité et une mission sacrée, on n’a guère de temps pour les distractions, d’autant que chaque Commanderie suit des règles strictes et que les frères d’armes veillent scrupuleusement à ce que chacun les respecte. Chacun ? Oui, même Jasper Snell, électron libre dans cette confrérie. Est-ce parce qu’il était encore très jeune lorsqu’on lui a laissé le choix entre une vie éternelle et la mort qui lui tendait les deux bras ? Est-ce parce que ses premiers pas dans la vie l’ont formaté dans la noirceur ? Toujours est-il que celui qui se fait appeler Scorpio peine à suivre les consignes qu’on lui donne, même celles de Venom ou de Draco, les autorités morales de son groupe.
La seule qu’il se prépare à accomplir sans état d’âme -en possède-t-il seulement une ?- concerne la fratrie Weber, Sherine et Joran.
Ils sont frère et sœur. Elle est l’aînée et, depuis leur départ forcé du Zimbabwe, elle a toujours mis un point d’honneur à protéger son petit frère, quel qu’en soit le prix.
Il a été diablement élevé par le passé. Aujourd’hui encore, alors qu’ils ont quitté leurs parents adoptifs pour tenter l’aventure parisienne, S essaie de préserver son petit frère tout en cherchant un emploi de journaliste à la hauteur de son talent et de ses ambitions. Tout pour que son frère soit à l’abri et puisse rester le rayon de soleil de sa vie.
L’ombre au tableau ? S’il n’y en avait qu’une ! De refus en cascades aux rédacteurs libidineux, racistes et machistes, il faut bien du cran à la jeune femme pour ne pas laisser voir à ses parents que la vie parisienne est loin d’être rose. Ajouté à cela la métamorphose inexplicable de Joran, de plus en plus sombre et lointain, de plus en plus fuyant et secret, il n’en faudrait pas beaucoup pour que l’aînée craque.
Heureusement qu’elle peut compter sur son meilleur ami, Eiji. Entre eux, c’est à la vie, à la mort. C’est précieux et rare comme le sont les amitiés qui survivent à tout.
Ici commence la nouvelle série d’Anna Wendell. Je vous en ai posé suffisamment d’éléments pour que vous puissiez vous repérer. Bien sûr, j’aurais pu vous parler de Wolf et d’Aquilae, de Squale et d’Urssa. J’aurais pu ….
Mais je vais laisser l’auteure vous les présenter dans des flashbacks qui vont vous offrir un voyage dans le temps. En effet, l’éternité, c’est très long. Mais dans le cas des Aeternus, si on n’en connaît pas la fin, elle a un début. L’une des très bonnes surprises de ce premier volet, c’est de nous entraîner au jour où tout a commencé. Des lieux, des époques, des circonstances uniques, mais toujours cette question cruciale et obsédante, ce choix de la mort ou de la vie, mais une vie marquée de conditions et de contraintes que la plupart des membres de chaque commanderie accepte sans broncher.
Mais, comme je l’ai précisé plus tôt, il y a Scorpio. Lui, il aime jouer avec les limites, chercher la ligne rouge. Il ne le fait pas forcément par plaisir, quoique, mais parce qu’il ne sait pas faire autrement. Ce n’est pas vraiment sa faute. Tous les aeternus oscillent entre l’ombre et la lumière. Tous disposent d’une lueur qui leur permet de garder l’équilibre pour ne pas basculer vers les ténèbres. Tous ? Ou presque.
Vous l’aurez compris, Scorpio, lui, ne dispose pas de cette lueur. Ce manque le maintient toujours sur la brèche de ce qui est admis et de ce qui ne l’est pas. Si certains de ses congénères ont pour lui une forme d’affection et de complaisance, on ne traverse pas les siècles sans se faire des ennemis, même parmi ses proches, surtout parmi eux.
Scorpio, son caractère à part et son manque d’obéissance ne peuvent échapper à ce genre d’inimitiés, à plus forte raison lorsque, pour des raisons qui échappent à tous, à commencer par lui, il prend des libertés avec sa mission.
J’ai beaucoup aimé ce premier volet, plus sombre que ce que j’ai l’habitude de lire chez Anna Wendell. Certaines scènes sont particulièrement sombres, soyez-en avertis. Ce n’est jamais gratuit, ça sert une meilleure compréhension de l’intrigue et des protagonistes, mais c’est ainsi et le contexte de certaines de ces scènes les rend plus dures encore.
Comme toujours, je me suis laissée emporter par l’écriture d’Anna Wendell qui allie scènes d’actons et d’introspections, dialogues acérés et moment d’une complicité que je n’aurais pas attendus.
J’ai été séduite par les personnages et leur complexité. Pour tous, Aeternus comme humains, replonger dans le passé permet d’ébaucher un portrait de ce qu’ils ont été et de ce que le destin a fait d’eux. Et on n’est pas au bout de nos surprises, notamment parce que tous n’ont pas encore enlevé leur masque.
J’ai aussi, ce qui n’étonnera personne, pris beaucoup de plaisir à retrouver des événements, des lieux et des dates qui font partie de ma mémoire d’histoire. Je n’en dirai pas plus pour ne pas divulguer d’éléments fondateurs mais j’ai apprécié ces clins d’œil.
J’ai aussi retrouvé avec plaisir la plume sensuelle d’Anna dans une intrigue qui fait monter la température et échauffe les esprits, avec le talent qu’on lui connaît.
Enfin, j’ai beaucoup aimé la Commanderie, ses codes et ses desseins au long terme.
Et que dire de ce final ? À vous, rien, je vous laisse le découvrir. À Anna, qu’elle m’a laissée sans voix et pleine d’impatience de découvrir le second volet, de crocs et de cendres. Mais pour celui-ci, il faudra un peu attendre. Pas grave, on a l’éternité devant nous, non ?