Auteur Emma Green
Editeur Editions Addictives
Date de sortie 20 juin 2018
A retrouver sur Amazon en suivant ce lien Une toute dernière fois
Il est parfois plus difficile de sortir de certaines histoires que d’autres. Depuis que je suis la bibliographie d’Emma Green, j’ai eu la chance de vivre ce moment à deux reprises. La première fois en abordant la fin de la saga corps/coeurs/âmes, … et en ce début de mois de juin.
Depuis les dernières lignes des jeux imprudents, j’étais, comme nous toutes, je crois, dans un état d’impatience tel que l’enfant le plus excité le 24 décembre au soir devait paraître calme en comparaison.
Et enfin, je l’ai eu entre les mains. ce tome qui pourrait s’appeler jeux infinis, que j’ai surnommé jeux désirés, mais qui annonce la couleur: une toute dernière fois, ….
Dernière incursion dans les Keys, dernière visite aux Quinn-Sawyer-Lombardi-Flores, dernières heures de lecture traversée par des déferlantes d’émotions intenses. Ou comment être kidnappée par une histoire au point de connaître de drôles d’expérience: se forcer à fermer la liseuse pour manger, mais revenir très vite dessus pour satisfaire l’oppressante curiosité quitte à renoncer à toute vie sociale, … arriver en retard à une réunion le visage suffisamment marqué d’émotions pour provoquer l’inquiétude de ses collègues, juste pour arriver à la fin, …. relire le même livre, le même soir, pour savourer cette fois les mots, les émotions, et se retrouver happée de nouveau.
Assez parlé de moi, mais je serai curieuse de savoir quelles seront vos réactions. N’hésitez pas à me les faire connaître.
Mais revenons à l’essentiel, à l’histoire. Attention, à partir de maintenant, ça peut spoiler!!!
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Vous êtes toujours là? Alors on y va.
Cette ultime histoire commence trois ans après que June a quitté le bateau, Harry, et le bonheur qu’ils touchaient enfin du doigt.
Harry avait été très clair: il ne voulait pas d’enfant, …. mais ce n’est pas ce que disait ce fichu test de grossesse.
Alors, déchirée entre son amour pour Harry et pour ce bébé innocent, incapable de trahir l’un ou l’autre, June avait pris le parti qu’elle maîtrisait le mieux, celui de la fuite. A l’époque, elle pensait que c’était la meilleure solution, quitte à se sacrifier.
Pour ne rien imposer à Harry, pour ne rien enlever à ce petit être, pour devenir la mère qu’elle n’avait jamais eue. Une mère courageuse, travailleuse, honnête aussi. Qui s’est toujours jurée de ne pas mentir au fruit de ses amours sur sa vie d’avant et notamment son père. Et c’est pour cette raison que, trois ans plus tard, June reprend contact. Avec Liv d’abord. Puis avec Lui. Son premier amour, le seul, l’unique, celui que personne n’a remplacé.
Celui qui a souffert à en crever, qui l’a crue morte et qui la redécouvre, vivante, et plus étroitement liée à lui que personne ne pourrait l’être.
Les retrouvailles étaient difficiles à prévoir; elles sont encore plus réussies que je ne les avais imaginées, car tout y est: stupeur, incompréhension, colère, intransigeance, … et ce petit quelque chose qui sonne comme une lueur d’espoir.
Mais si June n’a pu donner son coeur de nouveau, Harry, lui, a avancé. Pour ne pas sombrer, pour se reconstruire. Mais il a avancé. Au bras d’une blonde aussi parfaite que bien installée dans sa posture de fiancée. Dès le départ, elle m’a inspiré, comme à la tribu, un sentiment ambivalent. Difficile de l’aimer, avant même de la connaître. Non pour ce qu’elle fait ou ce qu’elle dit, mais parce qu’elle est Là. Là où on aimerait tellement en voir une autre.
Entre le passé qui revient avec fracas, un présent apaisé et un futur déjà tracé, quel choix peut faire Harry, le rebelle droit dans sa morale?
Il a dû oublier June, parce qu’elle ne lui a pas donné le choix. Il veut la haïr de toutes ses forces, parce qu’il n’a pas d’autres solutions pour son équilibre. Il ne peut s’empêcher de veiller sur elle, de la provoquer, de la stimuler tout en tentant de la fuir, …. parce que c’est Elle.
Le binôme qui s’impose à eux est une merveille de sadisme de la part des auteures qui ont pris un vilain plaisir à torturer les deux âmes blessées. Et petite confidence, je les ai adorées pour ça, pour ne rien rendre évident, entre June et Harry, mais aussi entre leur histoire et moi.
Ce conflit entre des sentiments aussi forts que paradoxaux est LA pierre d’angle de cette dernière fois qui rappelle que, en série comme en « one shot », le talent d’Emma Green est immense.
Ce tome en guise d’aurevoir m’a émue pour tout ce qu’il implique. Pour le dilemme entre Harry et June dont on ne sait comment il pourra se résoudre, pour les retrouvailles avec la tribu qui s’est étoffée tout au long de la saga. Et cette immersion a une saveur particulière parce qu’on sait que ce sera la dernière, alors qu’il reste un frère Quinn et toute une autre génération (je dis ça, je dis rien, mais un peu quand même). Parce que les filles de Tristan et de Liv, … c’est quelque chose tout de même! Cette romance a aussi un goût d’incertitude, parce qu’à force de voir le temps passer, on se rappelle que Betty-Sue n’est plus toute jeune et que, malgré son amour immodéré des animaux, elle n’est pas une tortue, et n’a donc pas la même espérance de vie.
Sera-t-elle là? Peut-on envisager des « jeux » sans la sémillante nonagénaire? Je me suis surprise à guetter de ses nouvelles avec presque autant d’impatience que j’en avais à retrouver le ténébreux Tristan, l’autoritaire Sienna, la bienveillante Liv. La preuve que les Emma Green ont su tissé la trame d’une famille de coeur, aussi attachante que ces tribus qu’on forme au gré de la vie.
Mais cette toute dernière fois n’est pas un livre nostalgique. Au contraire! On vit chez les Quinn et rapportés! On crie, on aime, on se pique, on se soutient, on se rapproche, on se déchire.
Et la relation entre Harry et June est un savant mélange de tout ça. Leurs sentiments sont absolus, leurs blessures profondes, l’attraction volcanique, mais le sens du devoir d’une droiture exemplaire. Et toujours ce numéro d’équilibriste pour que le tout s’harmonise, sans excès, sans verser dans le farfelu.
Dans ce roman, on retrouve la maîtrise des auteures pour dépeindre les sentiments, amoureux mais pas seulement, le petit grain de folie qui fait sourire, le tempérament piquant qui garde en éveil constant et de l’amour, beaucoup d’amour, tout plein d’amour. Un pur shoot qui fait du bien même quand ça fait mal.
Bien sûr, vous n’attendiez pas de moi que je vous donne des réponses? C’est pas le genre de la maison, et puis franchement, ça gâcherait tout le plaisir, non?
Je ne vous fais qu’une promesse. A l’issue de ce livre, votre petit coeur sera scindé en deux, une partie (la raisonnable) qui admettra que la boucle est bouclée, bien bouclée, admirablement bouclée et qu’il est temps de laisser tout ce petit monde poursuivre sa vie au pays de l’imaginaire et l’autre (celle qui a toujours tendance à prendre un petit gâteau de plus alors que le paquet est déjà bien entamé) qui aurait aimé en avoir encore une dose, une toute dernière fois, … ou pas.
Avant de conclure cette chronique, je voudrais remercier une nouvelle fois les Emma Green pour leur plume et leur gentillesse, et Carole des Editions Addictives, pour tout un tas de raison, mais cette fois, pour m’avoir offert en avant-première cette parenthèse en Floride. Une toute dernière fois.