Noan de Matthieu Biasotto

Titre Noan

Auteur Matthieu Biasotto

Date de sortie 16 octobre 2020

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ou ici pour une version brochée dédicacée par l’auteur https://matthieubiasotto.com/produit/noan-exemplaire-broche-et-dedicace/

Presque trois mois après m’être desséchée d’amour pour Deaken (chronique en ligne ici https://melimelodegwen.fr/deaken-de-matthieu-biasotto/, podcast ici Podcast Deaken), c’est sous le soleil brûlant de Grèce que Matthieur Biasotto a entrepris de faire flamber le cœur sous mes écailles dans un roman puissant et haletant, flirtant entre glace et brasier, entre un polar de très bonne facture et une romance aux accents déchirants.

Posons plutôt le décor.

Noan, aka Python, est le chef de la Horde, un groupe de cyber malfaiteurs qui amassent des fortunes colossales en faisant chanter des personnages à la conscience lourde.

Le roman commence sur un moment délicat. Le précédent numéro 1, Shift, est en prison suite à un couac de l’organisation, accroc qu’il reproche à son second et successeur, Python et à son éventuelle perméabilité aux sentiments et à tout ce qui peut le détourner de ses objectifs.

Pour être le digne chef de la Horde, Python devra être le clone de ses amis à sang froid. Indéchiffrable, capable d’avancer, tapi, pour jaillir et terrasser sa proie tel un vipère, ou plutôt, comme son reptile fétiche, capable de mettre en place ses jalons pour étrangler, lentement mais sûrement, ses adversaires peu à peu affaiblis.

En apparence homme d’affaires prospère et mécène généreux, Python se révèle un chef dévoué à son équipe. Autour de lui, une horde qui est comme une tribu ou une famille de cœur. Le passé les lie, le futur les motive, leur solidarité est absolue. Il y a Echo, le presque frère totalement fan de Star Wars, Perl, la métisse shootée aux bonbons et au Fanta Citron, une pile de tempérament aux inimitables teeshirts à messages, Java, la tête dure du commando, un personnage surprenant -mais on y viendra plus tard- mais aussi Hash, Cloud, ControlX et SSL et même Unix, l’ultime recours.

Des noms qui vous parlent? Pas étonnant, ce sont des références à l’univers cyber, comme un clin d’œil à toute la technologie développée par cette fine équipe pour parvenir à ses fins.

Un polar de geeks pensez-vous? Oui, mais pas seulement. Car les adversaires de la Horde, les sbires du redoutable et insaisissable V, ne sont pas des enfants de chœur non plus. Ils disposent eux aussi de leurs armes et de leurs moyens et ils sont loin d’être insignifiants, ce qui oriente ce polar dans tout un jeu d’échecs et de faux semblants qui m’a tenue en haleine jusqu’à la dernière page.

Mais je vous ai parlé d’un polar mêlé de romance, et vous ne voyez rien venir?

Patience, ….

C’est exactement ce qu’exige cette lecture où tout monte dans un crescendo délicieusement crispant, un de ces petits bijoux qui saturent les pages d’une tension de suspens et de sensualité à emballer le rythme cardiaque.

Mais je ne vais pas attiser le brasier du suspens. Matthieu Biasotto le fait bien mieux que moi !

Alors je vais vous dire deux mots sur elle. Ellyn Papastravou, une jeune femme surprenante qui, au contact de Python et des autres va connaître une mue impressionnante.

Ce jeune médecin de la campagne grecque mène une vie tout ce qu’il y a de plus banale, et même éteinte dans une routine qui lui convient de moins en moins. Au début du roman, elle est décidée à reprendre son existence en main, à tout quitter et à changer radicalement de vie.

Il ne faut pas dire ça au destin, il est capable de vous prendre au mot de la façon la plus surprenante!

Ellyn va l’apprendre à ses dépens.

Elle va nous servir de guide pour mieux découvrir la horde, pour connaître les bons côtés cachés sous les noirceurs, mais aussi les monstres tapis dans les placards de la bonne volonté.

Car c’est l’un des points très forts de ce roman. Il n’est pas figé, ni caricatural. Les « bons » ont souvent des méthodes qui n’en sont pas. Pire, ils cachent parfois de telles blessures que, pour combattre les ténèbres, ils sont capables d’y plonger à pieds joints.

Ce roman m’a percutée à chaque page.

J’ai été émue par la personnalité multifaces de Noan, que j’ai aimé détester autant que le contraire. Ce personnage est, pour moi, une très grande réussite de combats intérieurs entre le congélateur dans lequel il devrait enfermer ses émotions et les relents du petit garçon prêt à tout pour qu’on l’aime. Un chef, surtout, bousculé dans ses certitudes et ses buts par les coups de butoir successif dont l’un, et pas des moindres, qui prend pour cible directe son cœur en apparence glacial.

Dans le même ordre d’idées, je l’ai déjà dit, j’ai adoré assister à la mue de la surprenante Ellyn. Dès la première partie du roman, on soupçonne un tempérament fort. Mais quand elle déploie toute sa personnalité, pour tenir tête à la horde ou à une « salope » un peu entreprenante, quand elle étend ses ailes de bienveillance, sur Côme ou pour protéger ceux qu’elle aime, quitte à se brûler aux flammes de l’enfer, quand elle oublie toutes les raisons pour lesquelles elle ne doit pas s’attacher pour plonger cœur et corps dans l’affection la plus brute, quelle femme!

Tantôt Banshee, tantôt ange gardien, voix de la raison ou de la vengeance, elle est une incroyable pierre d’angle parfaitement placée.

Et que dire des personnages de la horde. J’ai souri des réparties yodesques d’Echo, je me suis prise d’une grande affection pour Perl -et je ne dis pas ça pour un bonbon banane ou pour connaître le fournisseur de ses teeshirts incroyables, capable de me faire glousser aux moments les plus tendus.

Mais mon chouchou de la bande, aussi surprenant que ça puisse paraître en repensant à mes premières pages avec lui, c’est Java. Tête dure, mauvaise tête, homme de main, homme de cœur, il est à la fois un sacré poil à gratter dans les bottes de son chef, mais en même temps, quand la situation l’exige, quel pilier, quel soutien, quel roc! Bref un personnage plus qu’attachant.

Au final, on sent dans ce roman tout le talent de Matthieu Biasotto, une nouvelle fois. Son aisance dans le domaine du polar est indéniable. Dans ce jeu d’échecs aux enjeux infernaux, il m’a baladée d’un point à l’autre sans répit.

Mais, un an après sa « bascule » dans la romance, il montre aussi, une nouvelle fois, qu’il en maîtrise parfaitement la symphonie, des ses envolées lyriques à ses dégringolades abyssales, de la tension sensuelle qui monte crescendo pour mettre ses héros au diapason jusqu’à une harmonie sublime parce que tellement délicate, tellement évidente.

Le type d’instant de grâce qu’on savoure intensément parce qu’on est totalement conscients qu’il est comme un miracle, en équilibre précaire sur le fil des événements et des tempéraments.

Alors si vous voulez perdre le souffle dans un polar qui vous prendra progressivement dans ses boucles, haleter dans une romance brûlante et fragile en savourant, ce qui ne gâche rien, le paysage somptueux des Cyclades et de l’Attique, n’hésitez plus. Un python vous attend déjà. Et il n’est pas des plus commodes au premier abord!

 

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