Tearon de Matthieu Biasotto

Titre Tearon

Auteur Matthieu Biasotto

Date de sortie 19 mars 2021

Un titre à commander ici Tearon

ou sur le site de l’auteur https://matthieubiasotto.com/produit/tearon/

Une chose est sûre, les romans de Matthieu Biasotto incitent au voyage. Après l’Australie, la Grèce, la Norvège, nous voici dans mon paradis personnel, l’Ecosse.

Enfin « paradis » est une notion toute relative pour décrire l’Ecosse made in Matthieu Biasotto.

Oubliez tout de suite les beaux mâles en kilt, les donzelles en jupes plissées et chaussettes montantes se défiant dans une gigue endiablée, avec Tearon, ce sera plutôt chevauchée infernale, vendetta et mélodie des moteurs hurlants.

Dans un roman mêlant à la perfection une romance déchirante et passionnée età une intrigue à rebondissements, c’est sans temps mort que vous allez arpenter les routes tortueuses des Highlands et affronter les vicissitudes du climat et du cœur.

Tearon Mac Murphy est le major des  Saighdear Fala, un club de bikers de Stonehaven.

Il assume ce rôle avec des difficultés aux causes multiples. Il ne se sent pas légitime dans ce rôle qu’occupait son frère de cœur, Niklas Mac O’Neill jusqu’à sa mort prématurée. Il a pris sa place par devoir, mais il a du mal à se positionner. Il aime son clan, lui est totalement dévoué et veut le meilleur pour lui. Mais où est-il, ce « meilleur »? Dans la poursuite d’activités obscures qui pourront les mener au mieux en prison, au pire au cimetière? Dans l’immobilisme qui les prive de leurs moyens d’existence et en font des cibles pour les clubs rivaux des Mac Lennox et des Culligan Mob Boys? Dans la reconversion de la distillerie que Niklas a pensé comme un rêve de lendemains plus sûrs?

Et encore, ça, ce n’est qu’une partie du problème.

Parce que, si côté business, c’est pas la joie, côté cœur, c’est carrément le marasme.

Depuis trois ans, Tearon n’accorde plus sa confiance à personne. Depuis qu’une certaine nana aux anglaises brunes a mis les voiles avec un simple mot, lapidaire et sans appel.

Mais lorsque la tornade refait son apparition, c’est toute la vie de Tearon qui bascule. Son cœur en miettes, son avenir en volutes et son présent dans un tourbillon infernal.

Lorsque le danger est autant pour la vie que pour l’âme, lorsque les périls se multiplient à la même vitesse que les secondes chances, lorsque chaque tentative pour arranger les choses se solde par une menace plus létale, il n’y a plus qu’une chose à faire, mettre plein gaz et passer de 0 à 100 pour croquer la vie en essayant de ne pas bouffer l’asphalte.

Sans surprise, c’est de nouveau un coup de coeur que m’a offert Matthieu Biasotto.

Évidemment, placer ce nouveau roman dans l’un de mes lieux favoris au monde lui donne un certain avantage, d’autant qu’il n’en fait pas un simple décor. Non, l’Ecosse est partie intégrante de l’histoire, en particulier son climat et l’ambiance oppressante ou apaisante qu’il procure, selon les cas.

Mais ce n’est pas pour la ballade, ni même pour le profil de l’île de Skye sur la couverture que j’ai fondu.

À la lecture de ce roman, on sent que rien n’est laissé au hasard. Si Matthieu Biasotto a posé son clavier du côté de la romance, pour mon plus grand bonheur, il n’en conserve pas moins des habitudes d’auteur de polar, et ça se sent. Que ce soit dans l’atmosphère de ce Tearon, avec ses menaces, ses coups de sang, ses rebondissements et son intrigue ou dans une certaine façon de semer les indices et les fausses pistes, on ne peut passer à côté de la petite touche de suspens qui enrichit le récit.

Et autant vous le dire tout de suite, les coups de théâtre et les coups au cœur, vous pouvez vous préparer à en croiser suffisamment pour comprendre le sens de l’expression « lecture en apnée ».

Mais s’il y a quelque chose que, selon moi, Matthieu Biasotto a encore mieux réussi que ce suspense, c’est sa galerie de personnages. Aucun ne vous laissera indifférent. Le calme glacial de Connall Grannd, la fausse assurrance de Demil Lothair sont parfaitement rendus. Mais que dire alors de la loyauté sans faille d’Elyas, le capitaine de Tearon? du caractère mystérieux et insondable d’Oskar ou de la bienveillance de Leitis.

Et ceci, bien sûr, c’est sans vous parler des deux protagonistes principaux. J’ai eu un coup de cœur pour Ceanna, cette tête brûlée, un peu trop franche, un peu trop forte, un peu trop fragile, cette ancienne SF qui revient dans le décor sans qu’on sache vraiment si elle vient réparer les choses ou achever le saccage. D’elle, j’aime sa grande bouche et ses immenses failles. J’adore ses faiblesses et je fonds pour la force qu’elle déploie, subitement, pour préserver ceux qu’elle aime et s’accrocher, coûte que coûte, à ce qui vaut la peine.

Mais ce n’est rien en comparaison de Tearon. Un personnage cabossé physiquement, écorché moralement. Un homme à deux doigts de la dérive qui va devoir trouver en lui des ressources insoupçonnées pour ne pas plonger et devenir -ou redevenir- ce qu’on attend de lui et surtout ce que la situation exige. J’ai craqué pour cet anti-héros par excellence, pétri de doutes et de manque de confiance en soi, capable de tout pour préserver les siens, même si ce « tout » veut dire « trop ».

Et pour finir ce portrait plus que flatteur, je vous dirai deux mots de la romance. Elle est brûlante, écorchée, passionnée. Elle a fait vibrer mon cœur de tous les obstacles à surmonter, de toutes les incertitudes qui la minent, de tous les dangers qui la menacent. Et malgré cela, tel un chardon, piquant et sublime, dressé contre vents et tempêtes, il résiste, s’accroche, déchiquette les âmes et remplit le cœur et l’esprit de sa beauté sauvage.

À l’exemple de ce roman qui mérite, sans conteste, sa place dans ma très très shortlist de mes préférés de Matthieu Biasotto … en tout cas jusqu’à la prochaine tant, depuis que j’ai retrouvé mon rythme, un coup de cœur en chasse un autre. Mais qu’on se le dise, avant de détrôner Tearon, Ceanna et leur Ecosse, il va falloir sortir le grand jeu.

Un défi à la hauteur de Monsieur Biasotto, à n’en pas douter!

 

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