Titre Pillow Talk
Auteur Karyn Adler
Editeur Kyrro Editions
Date de sortie 13 septembre 2024
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Après Dusk till dawn et Fire meet Gasoline, êtes-vous prêts à passer les portes de l’Aphrodite pour la troisième et dernière fois ?
L’Aphrodite, ou plutôt le Vénus, la petite sœur de la première, nouveau terrain de jeu pour Madame M aka Moira, la mystérieuse hôtesse de ce lieu particulier de plaisir, de luxure et de découverte de soi.
En effet, Moira a quitté l’Aphrodite pour se créer une nouvelle vie, loin de ses amis, loin de sa sœur de cœur, loin des trois drôles de gars qui formaient son trio de choc, Riley, Denton et Marlow.
Loin des yeux, loin du cœur ? Pas vraiment. Même si Moira, toujours autant éprise de contrôle et toujours aussi inaccessible, semble avoir tourné définitivement la page de sa vie passée.
Seule Jodie, sa sœur de cœur, reste en contact étroit avec elle.
Un coup dur ? Moïra veut gérer seule. Comme toujours. Mais cette fois, elle tombe sur plut têtu qu’elle.
Marlow. L’insaisissable troisième membre du trio sex et choc de l’Aphrodite. Le plus irrévérencieux, le plus insolent, le plus amusant. Le plus insaisissable aussi. En effet, à part ses œillades, ses fanfaronnades et sa capacité hors norme à faire dégoupiller Denton, on en sait assez peu sur son compte.
Moïra, Marlow. Deux énigmes, deux cœurs insaisissables, deux solitudes écorchées.
Vous imaginez bien que Karyn Adler ne pouvait pas laisser passer cet improbable duo pour ce dernier opus de l’Aphrodite. Alors bien sûr, on mentirait si on prétendait qu’on n’a pas senti, dans les romans précédents, la fascination que la mystérieuse exerce sur le boute en train.
Mais le principe des inaccessibles … c’est qu’on ne peut les toucher ni des doigts ni du cœur. Des yeux, et encore.
Ce dernier roman de la série aussi émotionnelle que sensuelle de Karyn Adler ne s’attaque pas au couple le plus probable. Et pourtant, il touche le binôme le plus évident.
Contrairement à ses prédécesseurs, il est un peu moins centré sur l’Aphrodite qui reste une ancre lointaine plus que le théâtre principal. Celui-ci se réduit souvent à une sorte de huis-clos entre les murs de l’appartement de Marlow. Là, à l’abri des regards et des intrus, du moins quand la fine équipe des filles de l’Aphrodite ne force pas les portes du refuge, quitte à en virer le propriétaire légitime, les deux âmes fêlées apprennent à faire confiance, à lâcher prise, à se donner à l’autre et à se donner à la vie, tout court.
Il y a, dans ce roman, une tension palpable et qui m’a tenue en haleine.
Elle vient, d’une part, d’un incroyable slowburn. Entre deux spécialistes du plaisir et de la luxure, avouez que c’est un comble. C’est surtout extrêmement cohérent avec l’histoire et tellement bien mené qu’on ne peut qu’adhérer au choix de l’auteur.
Mais la tension la plus forte vient également du rythme de l’improbable duo qui alterne un pas en avant, dans une harmonie brûlante et parfaite, avec une fuite en arrière glaciale et silencieuse.
Un ballet parfaitement chorégraphié par la plume toujours aussi précise et sensitive de Karyn Adler qui confirme ce que je sais depuis ma première lecture de ses romans, à savoir son indéniable talent pour dépeindre les cœurs humains, en particulier ceux qui sont ébréchés par la vie, scotchés pour les besoins de faire face et de garder la façade intacte, malgré les lézardes qui fissurent l’âme.
Ce roman est un condensé de tout ce que j’ai aimé à l’Aphrodite. Il est bouillant de désir, crispant de frustrations, rythmé de cœurs qui réapprennent à battre en cadence.
Et on le referme, rassasié d’une histoire qui n’est pas parfaite, mais montre que chaque imparfait peut trouver sa parfaite imperfection. Et puis un peu frustré, aussi, de lire déjà le mot fin d’une histoire si intense qu’on en aurait bien repris une tranche.
Comme la vie, quoi.