Titre Par deux fois tu mourras
Auteur Eric Fouassier
Éditeur JCLattès
Date de sortie 27 Février 2019
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Une découverte rendue possible grâce à Netgalley et aux Éditions JCLattès
Mêler l’Histoire à un récit est toujours un défi complexe à relever. Et c’est ce défi qu’Eric Fouassier a relevé avec brio dans ce roman complexe et passionnant où se mêlent la politique et la mort, où les trahisons côtoient l’amour et le désir.
Il faut dire que le cadre s’y prête. La dynastie mérovingienne est réputée pour ses règlements de compte sanglants, trahisons fratricides et autres meurtres en famille. Mais lorsque le jeu des alliances marie deux frères à deux soeurs, tout se mêle, la vengeance et le calcul politique, l’amour d’une soeur autant que la haine d’un frère.
Voyons plutôt. Pour des raisons politiques, Chilperic, petit-fils de Clovis, a épousé Galswinthe. Mais il est toujours envoûté par la sulfureuse Frédégonde, ancienne suivante d’Audevère, première épouse de Chilpéric. Ce qui, si l’on compte bien, fait trois femmes pour un roi. Situation complexe et propice aux conflits, d’autant que la soeur de Galswinthe, Brunehilde (que l’histoire connaît aussi sous le nom de Brunehaut) a épousé Siegebert, l’un des frères -et rival- de Chilpéric.
La situation est à la hauteur de n’importe quel soap opera pensez-vous?
Vous n’avez encore rien vu. Lorsque la reine Galswinthe est assassinée dans son lit, les soupçons se portent naturellement sur l’époux adultère qui en paie d’ailleurs le prix du sang.
Seulement voilà, le meurtrier de la reine, un esclave thuringien qui espérait gagner ainsi sa liberté et celle de sa soeur Wintrude, est également assassiné et son cadavre remonte à la surface quatre ans plus tard.
Ce rebondissement incite la reine Brunehilde à partir en quête de la vérité, quel qu’en soit le prix. Elle charge alors Arsenius, un jeune Gaulois lettré, filleul de l’évêque Grégoire de Tours d’enquêter.
La trame peut paraître complexe? Le talent de l’auteur permet de rapidement se retrouver entre les personnages (un guide ouvre d’ailleurs le roman, présentant les personnages réels et les fictifs pour une meilleure visibilité).
Le livre offre dès lors une lecture passionnante, entre enquête quasi-policière et complots politiques.
La première fait traverser les royaumes Mérovingiens et plonger dans ces temps complexes où l’Eglise apparaît comme une force d’équilibre, sans être pour autant garantie d’une protection. Les indices et les fausses pistes se succèdent et donnent un récit riche, marqué par les liens d’amour et de désir qui unissent certains personnages.
Les déchirements haineux sont au moins aussi puissants. Ils influencent d’ailleurs largement le deuxième aspect du récit. À tous ceux qui pensent que la famille est le refuge ultime de chacun, les Mérovingiens risquent de donner des sueurs froides. Deux frères se détestent absolument et cherchent à s’abattre. Le troisième Guntram cherche à préserver l’équilibre qui lui assure une sécurité relative.
Entre la passion et la haine, la mort et l’espoir, ce récit est une formidable plongée dans ce Moyen-Âge cruel et plein de vivacité.
Pour autant, ce roman réussit, à mon sens, à contenter les amoureux d’histoire et d’histoires prenantes.
Si la trame historique est correctement traitée, elle est enrichie de personnages fictifs qui donnent de l’épaisseur au récit. Les entorses à la réalité -ou du moins le choix de certaines thèses parallèles- renforce encore le suspens et l’intrigue.
Le récit est riche et puissant. La politique y apparaît comme une histoire d’hommes, et de femmes, tour à tour impulsives et réfléchies, guidées par l’intérêt de leur famille et de leurs hommes.
En ce sens, le roman rend parfaitement compte de l’affrontement à distance des deux reines, Frédégonde et Brunehilde dont la guerre à mort reste l’un des points très forts de la période.
Vous l’aurez compris, Par deux fois tu mourras est un roman passionnant, servi par un style précis et efficace. Il ravira certainement les amateurs du genre historique et de la période. Mais que les non spécialistes soient rassurés. Le récit ne prend pas le tour d’un cours d’histoire médiévale, poussiéreux et lénifiant.
Au contraire, il fait rayonner cette période pour ce qu’elle est, un temps rude et passionné, où les jeux de l’amour et du pouvoir guident les hommes et les nations.