Over limits 2/2 de Laura Black

Titre Over Limits 2/2 Fight for heaven

Auteur Laura Black

Éditeur Éditions Addictives

Date de sortie 21 septembre 2022

Un titre à commander ici over limits 2/2

J’avais prévu d’intercaler quelques lectures entre les deux tomes d’Over limits de Laura Black pour me remettre du grand choc du volume 1 ( https://melimelodegwen.fr/over-limits-1-2-de-laura-black/) mais je suis faible face à un roman aussi remuant et me voici déjà de retour à Falcon Creek.

Avertissement, si cette chronique ne contient pas de spoil sur le volume 2, elle s’appuie sur des éléments du volume 1 et risque donc d’en dire un peu trop à ceux qui ne l’auraient pas lu.

Résumé de la partie 1

Six ans après son départ pour s’engager en Aghanistan, le retour de Grace Mabron a des accents douloureux. À la perte de son meilleur ami s’ajoutent une situation personnelle dramatique entre l’amputation qu’elle a dû subir et les retrouvailles calamiteuses avec sa vie d’avant. L’ancienne demeure familiale tombe en ruines, sa sœur a disparu, abandonnant derrière elle Cassidy, sa fille de douze ans que Grace a en partie élevée et Emmy, jeune bébé issue d’une relation furtive.

Prise entre les difficultés de la vie et un syndrome post traumatique très violent, Grace va heureusement pouvoir compter sur sa meilleure amie Didi mais aussi sur la force complémentaire et contradictoire de deux hommes.

Le premier, le solaire Jay Calloway, est le frère d’Emett, le meilleure ami de Grace. Il est sherif de la ville et apporte joie et lumière dans la vie de la jeune femme, ainsi que la certitude d’être aimée et choyée.

Le second, Hunter Lucas, chef des pompiers, est comme elle, un vétéran. Il comprend ses côtés sombres. Mieux, il en partage une partie. À son contact, Grace apprend à apprivoiser sa douleur et à y exercer un certain contrôle.

L’évidence, quoi qu’elle en pense, saute bientôt aux yeux de Grace. Quoi qu’en pensent les autres, son bonheur et son équilibre passent par la présence complémentaire de l’ombre et de la lumière, de Jay et d’Hunter, dans sa vie et jusque dans son lit.

L’histoire pourrait s’arrêter là, sur quelques regards en coin et ragots chuchotés. Mais l’ennemi qui se dresse face à Grace n’est pas de ceux qu’on néglige. Theodora Calloway, la mère de Jay et d’Emett, bien résolue à lui pourrir la vie et à menacer ce que la jeune femme a de plus précieux, sa famille.

Aussi, pour être sûre de ne pas hypothéquer toutes ses chances, Grace fait le choix de la raison, épouse Jay et repousse dans l’ombre Hunter, qu’elle aime tout aussi fort.

Fin du résumé ….

Le volume 2 commence comme une lune de miel. Je vous vois venir de là. Une lune de miel avec le beau shérif passionné et plutôt très doué à l’horizontale, ça promet de belles pages d’une passion bouillante. Il y a de ça. Mais le ciel n’est pas tout bleu au pays de Grace.

Les cauchemars et le cortège des démons du SPT lui laissent peu de répit. Il faut dire qu’entre la procédure engagée par Théodora pour la garde d’Emmy, l’expertise psychiatrique ordonnée par la cour et le sacrifice auquel la jeune femme a consenti par raison, il y a de quoi mal vivre. Les seuls moments de répit, Grace les trouve avec les filles qu’elle aime, presque malgré elle, avec une intensité admirable et désespérée, ou avec les chiens dont elle s’occupe, retrouvant par réflexe sa vocation de maître chien. En dehors de ces moments et des interventions bienveillantes de Didi, les ombres attendent leur heure. Elles sont terribles et Laura Black les dépeint avec une intensité qui serre l’estomac du lecteur. De Jay? N’en parlons pas. En dépit de tous ses efforts, il ne parvient pas à dresser de remparts assez solides pour y protéger la femme qu’il aime.

Alors, en désespoir de cause, il ne lui reste qu’une solution, faire appel à celui qui, par amour, a renoncé. Il le fait pour Grace, assurément. Pour lui? Là, les choses sont plus confuses et ce conflit interne est l’un des points de force de ce deuxième volet. Dans le premier, Grace luttait contre les préjugés extérieurs et sa propre représentation de ce qui se fait ou ne se fait pas, à plus forte raison lorsqu’on doit devenir le modèle de deux filles. Là, le conflit atteint les hommes.

Si Hunter semble avoir une longueur d’avance dans les relations en trio, il découvre pourtant une inconnue, celle des sentiments qui l’unissent, presque malgré lui, à Jay. Les deux hommes sont en concurrence, dans le cœur de Grace, dans le domaine de la bravoure également. Ils sont tellement plus semblables qu’ils ne font mine de le croire. Pour Jay, le chemin à parcourir est plus ardu encore. Accepter que sa femme ait aussi besoin d’un autre pour être sécurisée, c’est déjà difficile, mais il est arrivé à le concevoir parce que le bien-être de sa femme est le but absolu de sa vie. Que lui-même se soit senti étrangement attiré par Hunter lors de leurs rapprochements, en dépit de ces constructions sur les relations avec des hommes, c’est déjà plus difficile. Mais reconnaître que, par-delà la curiosité sexuelle ou une certaine forme d’attirance, des sentiments plus forts se tissent entre eux, c’est un pas de géant, trop périlleux pour l’intrépide Jay.

Ce roman est donc, bien plus qu’une romance sulfureuse qui vous donnera très chaud -mais ne vous leurrez pas, elle fera aussi tout ça- un roman d’amour. L’amour supporte tout, espère tout, endure tout. Ces paroles pourraient presque être écrites pour ce roman. À tour de rôle, par amour et pour offrir à l’être aimé ce qui lui tient le plus à cœur, l’un des protagonistes fait le choix du sacrifice, se met en retrait, quoi qu’il lui en coutât, parce que, plus qu’une possession égoïste, l’amour exige que l’on fasse tout pour mener l’être aimé au bonheur.

C’est une très belle leçon de vie qui m’a beaucoup touchée.

Mais ce roman a plus d’une émotion en réserve. On y parle aussi de l’amour familial, des miracles ou des désastres que peut créer une famille en fonction de son degré d’empathie ou d’indifférence. Dans ce registre également, Laura Black a tissé des pages plus que poignantes qui rappellent que le sang ne donne pas le privilège absolu de l’amour familial et qu’il est des liens plus forts que le théorique instinct parental et que certaines familles sont plus belles encore de la lutte qui les a construites.

Ce livre aborde aussi, avec force et délicatesse, la question de la reconstruction et du retour à la vie civile. Le Syndrome Post Traumatique a trop longtemps été ignoré. Aujourd’hui encore, il ne mérite pas toujours le soin qu’il faudrait aux vétérans de toutes les guerres et de tous les théâtres de bataille. Dans son long parcours, Grace va croiser des hommes qui, comme elle, ont payé un lourd tribut à leur engagement et n’en tirent pas forcément médailles et respect, bien au contraire. Ils sont pourtant des héros, peu importe le nombre de breloques qui parent leur revers.

La question de l’héroïsme tient d’ailleurs une place importante dans ce second tome et plus largement dans cette duologie.

Qu’est-ce que c’est qu’un héros? Un soldat au front? Même celui qui, parce qu’il a agi sous le coup de l’instinct ou parce qu’il n’a pas pu sauver tous ses compagnons, est rongé de culpabilité? Un pompier qui se jette, en dépit du danger et de la prudence, dans un bus au bord d’un précipice? N’importe quel individu lambda qui, à un moment donné, sort de sa zone de confort pour réaliser quelque chose d’instinctif, de viscéral, d’objectivement délirant, pour se mettre au service des autres, quel qu’en soit le prix à payer?

Alors cette duologie est pleine de héros, bien plus que les musées n’en contiendront jamais.

Il y a dans Over limits un dernier thème qui m’a bouleversée et dont j’aimerais vous parler plus en détail. Je ne l’attendais pas, dans un roman dont on pourrait oublier que l’un des personnages est un shérif qui mène des enquêtes. En cours de lecture, je l’ai senti se dessiner, sans vouloir y croire, trop hypnotisée par la lutte pour les filles et celle pour le bonheur.

Et quand il a éclaté! Je crois pouvoir dire que je n’étais pas prête à cette déferlante. Qu’est-ce qu’elle sonne juste! Vous l’aurez compris, impossible de vous en parler, mais je ne pouvais refermer cette chronique sans dire à Laura Black à quel point elle manie bien les événements dramatiques, les émotions fortes et tout ce qui serre le cœur et ratatine les tripes, ni à quel point elle m’a embarquée.

Cette duologie, assurément, est une réussite. Elle bouscule des codes, rappelle que la vie est brève et jamais avare en fugaces moments de bonheur et en vacheries aussi subites que dévastatrices.

Elle rappelle que peu importent la raison, les règles établies, le regard des autres et toutes les craintes, l’amour est la seule jauge qui doive mesurer le cours de nos vies et déterminer ce qui est bon ou non pour chacun.

Et l’amour, lui, est clairement « over limits ».

 

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