Titre Monsieur
Auteur E. L. James
Éditeur JCLattès
Date de sortie 29 mai 2019
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Un roman découvert grâce à Netgalley et à l’éditeur.
Comme beaucoup d’entre nous, j’ai lu il y a des années la trilogie de Cinquante Nuances de Grey. À l’époque, je me rappelle avoir été prise par l’histoire, déçue par l’écriture et agacée par le placement de marques permanent qui m’a souvent donné l’impression d’être chez un concessionnaire de luxe.
Mais malgré tout, j’avais dévoré la trilogie. Autant dire que je ne pouvais pas passer à côté de Monsieur, le nouvel opus d’E.L. James.
Il m’a inspiré les sentiments presque contraires aux livres précédents. Je l’ai trouvé mieux écrit, malgré un élément qui m’a beaucoup gênée et sur lequel je reviendrai plus tard. Malgré quelques références aux pianos les plus réputés et autres, j’ai moins eu l’impression de me trouver dans un catalogue pour personnes fortunées.
Et puis il y a l’histoire, … Et là, mon avis est malheureusement mitigé.
Bien sûr, ça n’engage que moi. Mais, … je vous explique.
Monsieur, c’est Maxim. Un joker. Entendez par là le cadet de la fratrie d’une famille noble. En principe, il a le beau rôle. Il peut profiter d’un nom, d’une richesse plus que confortable qui lui permet d’être DJ ou compositeur sans se soucier des factures et de vivre dans une résidence toujours parfaitement entretenue malgré son pathétique sens du désordre. En contrepartie? Il y en a peu, à part d’être « l’enfant de plus » d’une mère intéressée, celui des frères qui n’a pas été choisi par la jolie Caroline, et d’être là pour pallier une éventuelle défection de son aîné.
C’est là que s’ouvre le roman. Kit, le comte, est mort, laissant une veuve éplorée qui ne demande qu’à consoler son incommensurable chagrin dans les bras du survivant. Il abandonne surtout un frère qui pleure à la fois son frère chéri et celui qui a été formé pour être l’homme responsable qu’il n’est pas.
Malgré sa peine, Maxim doit prendre en charge ce titre dont il n’a jamais voulu et chercher un sens à une vie qui lui paraît totalement vide. Seule la musique lui donne un semblant de sens. Les coups d’un soir, il y a longtemps qu’ils ne sont que des dérivatifs temporaires, comme une drogue à laquelle on s’habitue tant qu’elle ne donne plus que des effets brefs et décevants.
Jusqu’au jour où, ….
Où l’univers de Maxim est bouleversé par une jeune femme dont il ne sait rien. Sa femme de ménage. Alessia. Alessia est timide, pétrifiée par la présence de cet homme charismatique. Alessia est toujours sur le qui-vive dans une situation à la précarité extrême. Alessia est une virtuose qui guette chaque seconde où elle peut exercer son talent sur un des pianos de Monsieur. Alessia vibre comme jamais pour celui qu’elle ne peut atteindre.
À moins que, …
À moins que l’esprit créatif de l’auteure ne mette en place une intrigue qui a de bons côtés mais se révèle souvent trop caricaturale et improbable.
Je ne veux pas en spoiler les bonnes pages, mais il y a, dans ce « Cendrillon » des temps modernes, trop de moments où j’ai eu envie de sourire de raccourcis un peu simplistes, des ficelles trop grosses, des rebondissements tirés par les cheveux qui donnent trop souvent une impression d’incohérence.
Pourtant, j’ai eu envie de me sentir pleine d’empathie pour Maxim qui traîne sa douleur dans des costumes de marques et ne retrouve vie qu’avec celle qu’il passe longtemps à désigner sous des termes péjoratifs, comme s’ils allaient lui éviter l’inévitable.
J’ai tenté de ressentir de la compassion pour Alessia, sa détermination et sa fraîcheur charmante. Mais il y a des éléments qui ne collent pas, en tous cas pour moi. J’ai trop souvent eu l’impression que ce qui ravivait Maxim, c’était de façonner, d’initier, celle qui ne connaît rien ou presque, n’a rien ou presque.
En ce sens, la scène de la partie de chasse reste une énigme à mes yeux.
Et ce « déséquilibre social » m’a gênée dès la narration. Maxim, le personnage central du livre, parle à la première personne. Alessia, elle, narre tout à la 3° personne -qui ne me dérange absolument pas en principe-, ce qui ponctue trop fréquemment ses phrases de « Monsieur » qui ont marqué ma lecture d’un malaise d’inégalité.
Qu’on ne s’y trompe pas. Rien à voir avec le Monsieur de soumission d’Anastasia pour Christian.
L’initiation sexuelle d’Alessia est un moment important du roman. Elle arrive relativement tard, mais une fois mis en place, cet aspect très érotique est très présent, comme pour rattraper le temps perdu.
Mais revenons au « Monsieur » d’Alessia. J’ai cru un moment qu’il concernait le titre de Maxim. Mais il est, plus simplement, la terme déférent qu’on réserve à celui qui est socialement supérieur, comme les domestiques des temps passés. Question de traditions pour Alessia, peut-être. Caricature ou image archaïque ? Un des points qui ont gêné ma lecture.
Le dernier élément qui m’a empêchée d’apprécier ce livre comme je l’escomptais repose dans l’impression d’inachevé. Peut-être y aura-t-il une suite. Je l’espère pour celles qui ont adoré l’histoire. Pour ma part, il y manque trop de choses, des intrigues esquissées qui disparaissent soudain, alors que mon cerveau avait échafaudé ses stratégies, des problèmes -et pas des moindres- qu’on oublie en un battement de cils, des personnages dont on règle le cas d’une pirouette.
Je reverrai peut-être mon jugement si un deuxième tome paraît un jour. Je pense que, malgré les réserves que j’ai émises, ma curiosité me pousserait dans ce cas à le lire. En espérant en retirer un avis bien plus positif.