Titre Lunisia (version intégrale)
Auteur Loïs Smes
Éditeur Éditions Elixyria
Date de sortie 2 Décembre 2020
Un titre à commander ici Lunisia Intégrale
J’ai découvert la plume de Loïs Smes il y a quelques mois, dans son quatre mains coup de poing Lennie/Lenny, avec Karyn Adler. Comment ça vous ne l’avez pas lu ? Allez voir les chroniques ( https://melimelodegwen.fr/lennie-1-comprendre-de-karyn-adler-et-lois-smes/ et https://melimelodegwen.fr/lenny-apprendre-de-karyn-adler-et-lois-smes/) écoutez les podcasts et plongez vite.
Aujourd’hui, c’est de sa plume solo que je voudrais vous parler avec un roman très puissant qui m’a gardée sous son charme jusqu’à la dernière page, Lunisia.
Préparez-vous à aimer Lois pour sa façon de faire partager l’amour sous toutes ses formes, l’amour passion, l’amour souffrance, l’amour délivrance, l’amour pur, celui qui fait grandir et sublime tout, tout autant que celui qui abîme et corrompt l’âme.
Attendez-vous à la détester quand elle vous privera de tout oxygène en un claquement de doigts -ou en un clic de souris-
Préparez-vous même à l’insulter -si si, j’avoue j’ai craqué- quand elle vous fera monter au firmament pour vous crasher au sol dans des retournements inattendus.
Il y a tout cela dans ce roman. Il y a une histoire d’amours, ou plutôt des histoires d’amour, singulières et universelles, impatientes et égoïstes, des histoires d’amour qui enflamment le cœur et, avouons-le, dézinguent les petites culottes aussi.
Il y a du tonnerre et des nuages, de l’orage, du tonnerre et des éclaircies.
Il y a tout ce qui compose la vie de ses espoirs les plus fous à ses risques les plus insensés, de ses joies simples à ses peines insurmontables.
Ça ne vous en apprend pas beaucoup sur l’histoire? C’est vrai. Le pire, c’est que c’est fait exprès. En effet, chroniquer Lunisia, c’est signer pour une épreuve de haut vol, celle de rendre le ressenti que m’a inspiré ce roman sans en éventer les mystères.
Mais pour que vous vous fassiez votre propre idée, je vais tout de même vous en dire un peu plus.
Il y a des milliers d’années, les Atlantes, un peuple alien, ont visité la Terre. Ils y ont apporté la Lunisia Atlis, une plante aux capacités extraordinaires, parmi lesquelles celle de faire des gens ce dont ils rêvent le plus pendant dix lunes.
Dix lunes, deux cent quatre-vingt-dix jours, ça peut paraître très long, ça permet peut-être de vivre dix vies au moins. Mais c’est en même temps très court et fait naître un sentiment d’urgence.
De toutes façons, tout ceci est hypothétique : il n’y a plus d’Atlantes -ne sont-ils pas seulement un mythe d’ailleurs ? et la Lunisia n’est jamais réapparue.
Ce n’est pas faute de l’avoir cherchée. Arnold Wesner, le fondateur d’Antica International y a consacré sa vie. Sa fille Viviana a suivi son exemple. C’est aussi le cas de Haze, l’unique héritière de l’empire Antica après son père Richard.
Cette jeune femme, à la beauté hypnotique et à l’âme fracassée, est l’héroïne de ce roman qui, contrairement à ce que je pensais au départ, ne fait qu’une incursion du côté du fantastique.
Non, Lunisia c’est avant tout et surtout un roman d’amour, de quête, d’acceptation, un roman qui prend au cœur.
Pourquoi ?
Laissez-moi vous planter le décor.
Haze, on l’a dit, est une héritière. C’est une jeune femme un peu brute de décoffrage, qui a un sens des convenances très relatifs, un côté un peu nympho, un autre très protecteur envers Chloé, sa meilleure amie et chercheuse de génie, encore un plus déluré avec Benjamin son meilleur ami et un peu plan cul sur les bords. C’est une femme sûre d’elle malgré des failles qui apparaissent par moments et des excès en tous genres.
Ces failles et ces excès ouvrent la porte sur le côté face. Le côté sombre de la vie de Haze qui fait apparaître un passé traumatique, entre disparition et traitements à fendre le cœur entre apparences trompeuses et une réalité que nul ne veut admettre.
Dans la quête du Lunisia pour Haze, il y a une question très personnelle de survie. Et si la Lunisia était LA solution à tous les problèmes ?
Comme sa famille avant elle, Haze est déterminée à trouver la plante fabuleuse.
Comble de chance, ses deux meilleurs amis sont aptes, dans ce cas, à tirer le meilleur de la plante, à comprendre son processus et qui sait, à l’exploiter pour celui ou celle qui en voudra. Objectif mercantiliste? Non, Haze laisse ça à son père, lui qui a passé l’ensemble de sa vie à traquer le profit, sans considération pour les autres, ni pour les objectifs de sa belle-famille.
Je ne vous en dis pas davantage pour l’histoire. Tout au plus, je vous parlerais de quête, de conflit moral entre ce qu’on peut et ce qu’on doit faire, de prix à payer , de l’amour et de ses limites, celles qu’on respecte et celles qu’on est prêts à transgresser.
Par contre, je vous dirais sans peine, -et sans spoil- pourquoi j’ai aimé ce livre.
D’abord parce que le résumé me promettait une histoire, mais ce que j’ai lu m’a emportée bien plus loin que je ne l’imaginais. J’aime être surprise et là, on a été très loin dans l’effet de surprise. Autant dire « préparez vous à tout. Il y a des chances que Lois vous emmène encore plus loin! »
Ensuite j’ai aimé, parmi les surprises, l’enquête qui se met en place. il y a un eu de thriller, un peu d’espionnage, un peu de mercenaires dans ce roman et ça fonctionne à merveille! L’intrigue monte crescendo pour parvenir à des révélations qui m’ont coupé le souffle.
J’ai aussi été séduite par le casting cinq étoiles de ce roman. J’ai aimé la personnalité complexe de Haze, le dévouement sans faille de Chloé, ses délires verbaux et sa rationalité, sa sensibilité et son entêtement. J’ai eu des yeux de midinette pour Benjamin mi-plan cul mi-confident, véritable trait d’union de l’équipe. J’ai aimé l’équilibre qu’il apporte dans le trio principal, la façon dont il fait évoluer l’histoire. Mais j’ai aussi été séduite par la séduction primitive et sensitive de Thunder, capable de faire fondre n’importe qui d’un simple regard lumineux, par la sensualité affirmée de Cloud, par l’amour pur d’Henri ou de Marie et par tout ce que chacun des personnages apporte comme pierre à l’édifice de ce roman.
J’ai aussi adoré le déséquilibre audacieux et parfaitement dosé de l’histoire. Tout se passe dans une urgence qui ne fait qu’amplifier les sensations et les sentiments. Chaque instant se gagne sur la fatalité. Chaque délai devient bien plus qu’une contrariété. Ce choix dans l’histoire imprime une dynamique nerveuse et addictive que Lois Smes mène avec brio.
Mais ce qui fait surtout la force de ce roman, je l’ai dit à plusieurs reprises, c’est que c’est une histoire d’amour fabuleuse et parfaitement menée. Une de celles qui rappelle que l’amour, c’est être prêt à tout pour l’être qu’on aime, c’est envisager l’inenvisageable parce qu’il devient évidence. C’est tout donner pour vivre une vie, cent vies, en dix lunes ou en mille.
C’est rappeler que l’amour, c’est accepter les autres autant que s’accepter soi-même. C’est vivre du bonheur de l’autre au point d’avoir du mal à envisager la vie en solo.
C’est une phrase qui résonne comme une illustration parfaite.
Quand le sien se sera tu, sur quel cœur se calqueront les battements du mien?
C’est une lecture dont je ressors remuée, conquise.
C’est une autrice que je ne vais pas perdre de vue, parce que mon petit doigt me dit que je ne suis pas au bout de mes -très bonnes- surprises!
Au fait, je vous ai dit que ça parle d’amour?