Sea crush & sun d’Erin Graham

Titre Sea Crush & sun

Auteur Erin Graham

Date de sortie 11 août 2021

Un titre à retrouver ici Sea, crush & sun

Ouvrir un livre d’Erin Graham, c’est prendre le risque de s’attendre à une romance légère d’été et de se faire souffleter par l’élan fou et passionné d’un amour improbable et irrépressible. C’est accepter la tentation d’être déstabilisée et un peu perdue, comme quand on pense aller voir une inoffensive vieille dame dans une maison de retraite et qu’on tombe sur un club du 3° âge avec soirées clandestines et ragots croustillants.

C’est partir regarder les étoiles un soir et revenir le cœur au firmament avec galaxies d’amour et comètes de passion à la clef.

Bref, ouvrir un livre d’Erin Graham, c’est l’assurance d’une lecture qui touche au cœur. Et vous voulez un scoop ? Ce Sea Crush & Sun est un excellent Erin Graham !

Et si je commençais par le commencement, l’histoire!

Bienvenu à Sanas les Bains, une île charmante, tranquille l’hiver, prise d’assaut l’été où l’espace se partage entre les insulaires et les touristes. Ceux-là, on peut les classer en deux catégories, les touristes des campings et les habitués, ceux qui ont une maison et reviennent à intervalles réguliers, comme les Valois, châtelains des temps modernes, où les Rullier, la mère, architecte de talent et les enfants, Tony et sa petite sœur Hanna. Mme Rullier a construit une villa de rêve pour un riche Ukrainien. L’Ukrainien est parti, elle a gardé la maison où ses enfants et elle viennent passer tous leurs étés.

Pour Hanna, quatorze ans au début du roman, c’est une période de liberté avec Jessica, la petite fille d’Huguette, radio-potin de Sanas. Comme une meilleure amie de vacances. Pendant tout l’été elles sont inséparables. Pendant l’année elles s’oublient. Au premier jour des vacances elles se retrouvent comme la veille pour faire les quatre-cents coups, s’initier à la planche à voile, lorgner sur une Méhari rose ou rêver des beaux garçons.

Oui, en rêve seulement car Tony, homme de la maison par la force des choses, veille sur sa cadette avec un soin jaloux qui le classe pile à mi-chemin entre Terminator et Vito Corleone. Malheur à qui s’approche de trop près de sa petite sœur. Surtout s’il s’agit de Stoyan, le nouvel arrivé, placé sous les bons soins de Samuel.

Inconnu au bataillon, passé sombre, yeux verts à se damner et réputation sulfureuse, pas le meilleur parti dont on rêve pour sa petite sœur, forcémetn naïve et immature.

Une soirée, une discussion, un cours d’astronomie, une bulle volée au temps et aux préjugés. C’est rien et tellement pour Hanna qui ne parvient pas à chasser Stoyan ni de son cœur ni de son esprit. De son fantasme? Joker!

Mais les fantasmes ont le terrible défaut de rarement résister à la réalité.

Le temps passe, sublime les souvenirs, les patine du vernis des regrets ou de la lasure d’un monde idéalisé.

Mais lorsque Hanna revient à Sanas, tout a changé mais rien n’est vraiment différent. À quelques détails près. Elle n’a plus quatorze mais vingt-deux ans et ses rêves d’adolescente un peu perdue, un peu insignifiante sont au point mort. Sa vie est en pause, ses études idem, sa vie sentimentale itou.

De saisonnier, Tony est devenu insulaire, sous-officier chez les pompiers de l’île. Il a investi la maison avec Rachel, sa femme et leur fils Ethan. Et sous ses ordres, revenu d’un exil volontaire, Stoyan. Toujours aussi beau, toujours aussi mystérieux, toujours aussi sulfureux. Toujours pas le gars qu’il aimerait voir graviter autour de sa sœur. D’ailleurs, aussi bien, il ne se souvient même plus d’elle!

Stoyan a fait du chemin, même si parfois il lui semble qu’il tourne en rond. Il est de retour à Sanas. La maison de Samuel, son premier vrai foyer, est désormais à lui, depuis que son père de cœur a préféré partir au Crépuscule où il règne sur son harem de sémillantes octogénaires, un condensé des grand-mères rêvées, plus adeptes de romances que de broderies, de potins que de la gazette des seniors. Dans une ambiance qui donne presque envie de passer à l’âge d’après, Samuel veille sur son fils d’adoption, regrette de n’avoir pu l’aider à surmonter ses failles.

Pourtant, Stoyan est bien entouré. Des amis de caserne dont il se plaint autant qu’il les aime, un chat envahissant mais dont il ne pourrait se passer, un travail au service des autres qui le passionne. S’il n’y avait le revers de la médaille… Le charme de l’uniforme, de la musculature, l’attrait de l’exotique pompier de vacances et toutes les nymphettes qui vont avec, de celles prêtes à payer pour un dîner avec l’un des hommes du feu. Si elles savaient à quel point Stoyan est un homme de glace.

Regarder vers le passé? Stoyan le fait bien trop, souvent malgré lui. Et il n’aime pas ça. Alors, que faire du retour d’une fille à la Mehari rose et aux cheveux fougueux? La tenir à distance comme il le fait si bien avec tous? la chasser sans ménagement? La laisser approcher, entrer dans son orbite au risque d’y bousculer tout ce qu’il a tant de mal à garder en ordre?

Vous l’aurez compris, ce roman, une nouvelle fois, emprunte des thèmes complexes. J’en ai évoqué certains, j’en garde d’autres pour ne pas tout vous dévoiler. Par contre, je veux bien vous dire pourquoi j’ai, une nouvelle fois, fondu pour la plume enchantée d’Erin Graham.

D’abord parce que son histoire est sacrément bien pensée. Une nouvelle fois, on sent que tout est calculé, millimétré pour que chaque élément qui compose le passé, les blessures et les craintes de chacun s’imbrique parfaitement dans son pendant. On parle d’amour, dans ce roman, bien sûr. D’amour filial, d’amour fraternel, aussi. On parle rendez-vous ratés et secondes chances. On parle choix de vie et directions à donner à son avenir. On y parle parenthèses dans sa vie et résilience. On y parle rumeurs et préjugés. On y parle pompier, planche à voile, architecture, horticulture et astronomie avec la même légèreté profonde. Et on parle d’amour … Il y a des pages, dans ce roman, qui m’ont parlé avec une profondeur désarmante … Évidemment… D’ailleurs, sans rien vous dévoiler, j’ai adoré l’idée  qui sous-tend l’intrigue hyper originale. Une très belle idée qui change de l’ordinaire (mais parle-t-on vraiment « d’ordinaire » quand on pense à Erin? la réponse est dans la question).

Ensuite parce que l’alchimie entre les personnages fonctionne très bien.  Il y a un va et vient très finement mené. Tantôt, c’est Stoyan qui est sur la défensive et dresse des barrières. Tantôt, c’est Hanna qui fait volte-face avec bien plus de répondant qu’on n’aurait pu le croire au départ. Rien n’est acquis et les renforts -ou les barrières- extérieurs ont fort à faire avec de telles têtes de mules.

En parlant de personnages, Mon Dieu, où Erin a-t-elle été créée le gang du Crépuscule? Là encore, c’est une composante inhabituelle et très réussie du roman. Parfois voix de la raison et de la sagesse, souvent symbole de dernières folies, les drôles de dames de Samuel montrent qu’elles sont très très loin de la fin et qu’il n’y a pas d’âge pour profiter de la vie. Et que penser de leur façon d’écouter aux buissons ou de filmer le sauvetage de la sauveteuse de chatons!! Une superbe trouvaille.

Mais il y a aussi dans ce roman une tension qui oscille de la frustration à la jubilation, de l’espoir au crash en plein vol. Oui oui, c’est une histoire d’été, mais vu comme ce roman m’a donné chaud, on peut aussi le lire pour se passer d’un plaid quand arrive le froid de l’hiver.

Bref, vous l’aurez compris, il y a tout, dans ce roman, pour avoir envie de partir en vacances, pas aux antipodes, mais tout près, pour avoir envie de revivre ses amours de vacances et de revoir ses anciens. Mais surtout, il y a tout pour donner envie de rêver de monter jusqu’aux étoiles et d’y cueillir le plus beau des rêves. Surtout si ce rêve s’appelle Stoyan …

 

 

 

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